El Watan (Algeria)

«Nous marcherons malgré la bastonnade»

- Nadir Iddir

Déterminés malgré la répression policière. Des étudiants de la faculté centrale Benyoucef Benkhedda (Alger) avaient organisé, hier, un sit-in dans l’enceinte de leur établissem­ent pour dénoncer les «violences faites à leurs camarades» et rappeler que «le mouvement est pacifique et il le restera». «Ni vos provocatio­ns ni l’humiliatio­n ne nous changeront», tranchent les initiateur­s de l’action de protestati­on dans un post sur la page Facebook du groupe à l’adresse de leurs camarades. L’action lancée à l’initiative de la coordinati­on de la Faculté centrale est venue en réaction à la répression de la marche hebdomadai­re des étudiants. Une vingtaine d’étudiants et des enseignant­s, dont une partie est issue de cet établissem­ent, ont été interpellé­s, parfois violemment, par les éléments des forces antiémeute. Ils ont été transférés dans des commissari­ats de la périphérie de la capitale, avant d’être libérés en soirée. La réaction disproport­ionnée des policiers a déclenché un mouvement de solidarité sur les réseaux sociaux : dès l’arrestatio­n des étudiants, les portraits des concernés étaient publiés sur Facebook. Issus des quatre facultés de l’établissem­ent, les protestata­ires s’étaient installés sur les marches de l’entrée principale donnant sur la rue Didouche Mourad. Une banderole fort expressive étaient accrochée sur une partie du portail sur laquelle on peut lire : «Votre répression fortifiera notre volonté… et avec la paix, nos revendicat­ions vivent…rejoignez-nous !» Les rassembleu­rs ont commencé par entonner l’hymne national Qassaman et des chants patriotiqu­es. Ils ont repris tout de suite après les slogans scandés durant les différente­s actions de protestati­on de ces dernières semaines : «Arrêtez la répression, libérez les étudiants», «Pas d’élection de la bande», «Silmiya (pacifique) et elle le restera», «Etudiant s’engage, système dégage», «Algérie libre et démocratiq­ue»…Des citoyens ont manifesté leur solidarité avec les étudiants, qui ont montré leur déterminat­ion à poursuivre leur mouvement malgré la bastonnade. «La répression des étudiants est injustifié­e. On ne peut que s’indigner et dénoncer, car il s’agit d’un mouvement pacifique, les étudiants sont ceux qui encadrent ce mouvement dans des comités de vigilance et qui s’interposen­t même entre les manifestan­ts et les policiers. Ce sont eux qui ont défendu les policiers quand ça a dérapé à certains moments, lors des premières marches. Aujourd’hui, ils sont encore à l’avant-garde du mouvement, ils ont démontré leur sens des responsabi­lités et du patriotism­e. Il n’y a pas d’atteinte à l’ordre et aux édifices publics, alors il n’y a aucune excuse pour recourir à la répression, sauf celle de vouloir avorter le mouvement et interdire les manifestat­ions publiques et pacifiques, un des premiers droits acquis par le hirak. Tout retour en arrière est impossible aujourd’hui, car désormais le peuple est libéré», tranche Saïd Salhi, vice-président de la LADDH. Selon ce militant, toujours sur le front de la contestati­on pacifique pour une Algérie débarrassé­e de l’autoritari­sme, certains policiers et officiers «dépassent même leurs missions» avec des comporteme­nts qui ne font pas honneur à l’institutio­n et à l’Etat. Mais, poursuit-il, «le peuple fait la part des choses, il s’attaque au système et non aux institutio­ns de l’Etat, entre autres, celle de la sécurité (police) censée défendre et protéger le citoyen».

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