Coup dur pour le montage automobile et l’emploi
Le ministère de l’Industrie et des Mines a pris, hier, une grave décision qui ne sera pas, dans les prochains jours, sans impact sur les projets de montage de véhicules et sur l’emploi. Selon une source sûre, il a notifié hier la limitation de l’importation des kits SKD en réduisant les quotas pour l’année 2019. Du coup, les conséquences seront immédiates. Il faut s’attendre à ce que, dans les prochains jours, les prix des véhicules montés en Algérie s’envolent une nouvelle fois. Pas seulement, selon nos sources, la décision du ministère de l’Industrie mettra les usines de montage au chômage technique. Tous les projets d’investissement dans la sous-traitance seront remis en cause. La décision de limiter les quotas de l’importation des kits SKD a, indique notre source, un effet rétroactif. Le concessionnaire, qui aura épuisé le quota qui lui a été notifié pour l’année en cours, arrêtera tout simplement sa chaîne de montage. Sans oublier bien évidemment la mise au placard des projets de l’installation des équipementiers en Algérie qui, il y a quelques temps seulement, a fait de la mise en place d’une industrie de l’automobile sa priorité. Des milliards de dinars ont été mobilisés pour lancer des projets à Oran, Batna, Tiaret et Relizane. C’était, disaient les responsables du pays, pour réduire la facture d’importation qui avait atteint des sommes astronomiques. La chute des prix du pétrole depuis 2014 a plongé le pays dans une grave crise, au point que le gouvernement avait carrément décidé d’arrêter l’importation des véhicules dont le volume avait atteint
le pic de 7 milliards de dollars. Seulement, était-il censé de vouloir coûte que coûte mettre en place une industrie de l’automobile en impliquant presque l’ensemble des concessionnaires avec plusieurs marques de voitures ? Même les pays précurseurs et à la pointe de l’industrie de l’automobile n’ont pas eu la prétention et l’ambition de produire sur leurs territoires une dizaine de marques de véhicules. Le gouvernement de Abdelmalek Sellal et celui d’Ahmed Ouyahia, qui ont certainement voulu contenter des clientèles voraces, l’ont fait au détriment des règles élémentaires de l’économie et du bon sens. Des usines de montage ont été construites pour entamer la première étape vers une véritable industrie de l’automobile, qui demande des années de travail et avec des partenaires ayant sérieusement envie de s’installer dans le pays. Quelques opérateurs ont enclenché cette dynamique. Des projets sont mis en place. Mais apparemment, c’était sans compter sur la volatilité de la politique nationale et de son instabilité. Un jour on décide de faire d’un secteur économique une priorité et le lendemain le contraire. C’est le sort de la chimérique industrie de l’automobile. C’est un coup dur que le ministère de l’Industrie vient d’assener aux opérateurs qui sont dans le montage automobile, et à la crédibilité de l’Algérie vis-à-vis de ses partenaires. Nous avons essayé hier de prendre attache avec le ministère de l’Industrie, nous n’avons pas trouvé d’interlocuteur pour avoir plus d’informations sur le sujet.