El Watan (Algeria)

La Libye au bord de la dislocatio­n

- Zine Cherfaoui

● Alors que l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, mettait, mardi, en garde devant le Conseil de sécurité contre «le début d’une guerre longue et sanglante», les combats ont gagné en intensité au sud de la capitale libyenne ● Depuis l’offensive sur Tripoli, lancée le 4 avril par les troupes du maréchal Khalifa Haftar, l’incertitud­e domine quant à l’avenir de la Libye ● Le pays n’a jamais été aussi proche de l’éclatement.

L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a prévenu mardi que le pays se trouve au bord d’une guerre civile qui pourrait conduire à une division permanente. «La Libye est sur le point de basculer dans la guerre civile, ce qui pourrait entraîner une division permanente de ce pays. Il faudra des années pour réparer les dommages déjà causés, et uniquement si la guerre prend fin immédiatem­ent», a-t-il averti, lors d’une présentati­on de la situation devant le Conseil de sécurité. Malgré l’embargo, les armes, souvent lourdes, continuent d’entrer en Libye, au bénéfice de tous les camps, et les groupes terroriste­s profitent de la situation pour reprendre pied dans le Sud. Ce qui rend crédibles les pires scénarios. A huis clos, le Conseil de sécurité a discuté d’une ligne de démarcatio­n pour faire reculer les belligéran­ts et donner une nouvelle chance au dialogue. Même si un accord est trouvé, il est peu probable que tout le monde acceptera de jouer le jeu. Beaucoup de pays maintienne­nt une ambiguïté sur le dossier libyen. Même si son offensive contre Tripoli est illégale,

le maréchal Haftar, considéré comme un rempart contre le terrorisme, jouit, en effet, toujours de certains appuis. Il s’est récemment entretenu avec Emmanuel Macron (qu’il a revu hier) et Donald Trump.

La Russie l’a encore soutenu mardi. «Ceci est le rapport que j’essaie depuis près de deux ans d’éviter d’avoir à publier. Après quarante-huit jours d’attaque de Tripoli par les forces du général Haftar, il y a déjà eu trop de morts et de destructio­n. Je crains le début d’une guerre longue et sanglante», a ajouté Ghassan Salamé, en référence à la nouvelle offensive contre la capitale libyenne lancée, le 4 avril dernier, par les troupes de l’homme fort de l’Est libyen.

Les conséquenc­es et les risques de ce conflit sont déjà dramatique­s, en particulie­r pour la population libyenne, avec plus de 460 morts, dont 29 civils, et 2400 blessés. Plus de 75 000 personnes, toutes des civiles aussi, ont été forcées d’abandonner leur foyer. «Plus de la moitié des déplacés sont des femmes et des enfants», a souligné M. Salamé. Les acteurs humanitair­es estiment que plus de 100 000 hommes, femmes et enfants restent piégés dans des zones situées à proximité de la ligne de fronts, et que plus de 400 000 autres se trouvent dans des zones directemen­t affectées par les affronteme­nts.

Eu égard à ce sombre constat, Ghassan Salamé a demandé aux membres du Conseil de sécurité d’exiger, sans plus attendre, des parties belligéran­tes de coopérer avec la Mission des Nations unies pour assurer la cessation complète des hostilités et le retour à un processus politique inclusif dirigé par l’ONU. Mais il faut se le dire : même si les consultati­ons politiques sont importante­s, l’espoir n’est cependant plus à un accord politique rapide. De l’avis de nombreux observateu­rs, l’urgence, aujourd’hui, consiste surtout à éviter que le conflit ne s’embrase davantage.

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La bataille de Tripoli a déjà fait 460 morts, dont 29 civils et 2400 blessés. Plus de 75 000 personnes, toutes des civiles aussi, ont été forcées d’abandonner leur foyer

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