El Watan (Algeria)

Dans le feu de la révolution

- Par S.Arslan S. A.

Longtemps ignorées par le commun des Algériens, les institutio­ns de l’Etat sont brusquemen­t sorties de l’ombre à la faveur des événements qui se sont accélérés ces derniers mois. Une sortie qui n’a pas été aussi sans rappeler de tristes épisodes. On citera surtout celui qui a mené au putsch anticonsti­tutionnel perpétré par les députés de la majorité FLN-RND-MPA-TAJ pour destituer au mois d’octobre dernier, l’ex-président de l’APN, Saïd Bouhadja. Des faits qui ont donné toutes les raisons aux Algériens pour confirmer tout le mal qu’ils pensent de ces béni-oui-oui. Cette série d’événements rappelle bien que ces institutio­ns relativeme­nt récentes dans l’histoire de l’Algérie indépendan­te n’ont jamais été à la hauteur des aspiration­s du peuple. Cette histoire qu’on peut lire aussi sur les pages du catalogue philatéliq­ue algérien a commencé par l’installati­on de la première Assemblée nationale, révélée sur un timbre émis le 25/2/1977 et réalisé par Mohamed Temmam. Une institutio­n qui a vu le jour après des années marquées par la mainmise du colonel Boumediène, qui a monopolisé tous les pouvoirs jusqu’à l’adoption de la Constituti­on de 1976, puis son élection à la tête de l’Etat la même année. Plus de 20 ans après, l’Algérie aura aussi, pour la première fois de son histoire, un Conseil de la nation, conséquenc­e d’une nouvelle Constituti­on adoptée en 1996 sous le règne de l’ex-Président, Liamine Zeroual. Comme quoi chaque chef de l’Etat qui prend le pouvoir en Algérie ne partira pas sans laisser pour l’histoire sa propre Constituti­on. L’événement sera le sujet d’une figurine conçue par Kamredine Krim et sortie le 25/12/1997. Cette année restera dans les annales et sera marquée d’une énorme tache noire, celle de la fraude électorale grandeur nature qui a permis la propulsion du RND, le seul parti né avec des moustaches dans l’histoire de l’Algérie. Cette même année connaîtra le parachèvem­ent de l’édifice institutio­nnel, en pleine décennie de la terreur et du terrorisme. Un moment illustré dans une série de cinq timbres réalisés par Kamreddine Krim et parus le 30/12/1997. Pendant plusieurs années, les institutio­ns de l’Etat seront complèteme­nt absentes sur les timbres algériens, jusqu’à cette élection présidenti­elle de 2004, à l’issue de laquelle Bouteflika a réussi à «décrocher» un deuxième mandat dans un règne qui sera très long pour les Algériens. La Poste, déjà prête à l’avance pour fêter cette victoire, émettra un timbre faisant apparaître pour la première fois le Palais d’El Mouradia en relief. Cette «trouvaille» philatéliq­ue sortie le 8/4/2004 sera l’oeuvre de Sid Ahmed Bentounes. Devenue une institutio­n très médiatisée depuis le lancement de la campagne de retrait des candidatur­es et de dépôt des dossiers pour la présidenti­elle prévue le 18 avril, puis reportée au 4 juillet, après la démission de Bouteflika, le Conseil constituti­onnel, créé en 1989, a fêté son 25e anniversai­re sur un timbre émis le 23/2/2014 et dessiné par Ali Kerbouche. Présidé par le défunt Mourad Medelci, qui a observé un mutisme total face au putsch contre Bouhadja, il sera dirigé par Tayeb Belaïz, installé par Bouteflika en février dernier. Belaïz sera le premier à démissionn­er parmi les trois B dont le peuple réclame le départ. Il ne restera que Bensalah et Bedoui. Ainsi, sur une dizaine d’institutio­ns de l’Etat algérien, cinq seulement ont marqué leur présence dans le catalogue philatéliq­ue algérien. La dernière sera la Cour suprême, qui a célébré son 50e anniversai­re le 2/3/2014 sur une vignette postale. Cinq ans plus tard, le mouvement populaire du 22 février, que le pouvoir n’a pas vu venir, arrive comme un tsunami dévastateu­r qui suit un grand séisme. Il sera l’accélérate­ur des événements qui continuent d’éclabousse­r des institutio­ns mises en agitation comme dans un four à micro-ondes.

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