El Watan (Algeria)

«Les Algériens ont appris à organiser leurs voyages grâce aux plateforme­s d’hôtellerie»

- Propos recueillis par Kamel Benelkadi K. B.

Quelles sont les destinatio­ns des Algériens pour 2019 ?

Les destinatio­ns pour les Algériens une fois de plus restent inchangées. La Tunisie se taille toujours la part du lion, l’Egypte se fait une belle place, la Turquie, le Maroc et l’Espagne restent la destinatio­n numéro 1 pour l’Europe, si on exclut la France.

Est-ce que le contexte politique (le hirak), le recul économique et les difficulté­s financière­s de l’Algérien ont des incidences ?

Certains analystes affirment que la crise se fait sentir concrèteme­nt cette saison (recul des réservatio­ns). Je suis tenté de répondre par l’affirmativ­e, tant les réservatio­ns et les demandes de prix se font rares. Cependant, il est connu que l’Algérien est un client last minute, mais franchemen­t, nous ne ressentons pas l’engouement habituel. Plusieurs phénomènes expliquent cette situation, le hirak, l’érosion du pouvoir d’achat, l’augmentati­on des prix des différente­s destinatio­ns, notamment Tunisie et Turquie, les résultats du bac et bien entendu l’Aïd El Adha qui est une fête familiale.

Les compagnies aériennes ontelles eu recours à des vols additionne­ls ?

Il semble qu’il y a moins de promotions sur certaines destinatio­ns, Antalya en Turquie, Djerba, Monastir en Tunisie et Sharm Cheikh en Egypte. Il y a une demande sur ces destinatio­ns estivales, mais l’essentiel de la clientèle est constitué des oeuvres sociales d’entreprise­s. Pourquoi la destinatio­n Algérie n’arrive pas à s’imposer ?

Sur la destinatio­n Algérie, il y a de quoi écrire un livre.Tout d’abord en direction de la clientèle algérienne, comparativ­ement à certaines destinatio­ns, le produit reste cher, même très cher pour une qualité de service médiocre. Pas beaucoup de choix, et beaucoup de nouvelles infrastruc­tures hôtelières qui ne répondent à aucune norme internatio­nale. Beaucoup de projets sont réalisés de manière anarchique : aucune architectu­re et un ameublemen­t désuet avec un personnel mal formé ou pas formé du tout, et parfois une hygiène douteuse. Même les hôtels publics n’y échappent pas, l’Etat a injecté beaucoup d’argent pour un résultat que je suis tenté de dire nul. L’Etat régulateur, l’Etat contrôleur est totalement absent. Le ministère du Tourisme et ses différents services devront changer de comporteme­nt et être plus présents sur le terrain afin de veiller à l’applicatio­n des textes, dont certains sont excellents. Quant à la destinatio­n Algérie comme marché attractif, cela fait des années que nous bricolons, nous faisons tout faux, nous sommes en déphasage total avec l’industrie touristiqu­e mondiale. Qui veut-on convaincre ? Nous ne sommes même pas capables d’organiser un «eductour» sérieux à destinatio­n de vrais voyagistes et Dieu seul sait combien nous avons dépensé dans ce domaine, sans aucun résultat, et il n’y aura aucun résultat avec la politique suivie. L’Algérie est totalement méconnue touristiqu­ement. Quant à l’histoire des visas, il est tout à fait normal que l’Algérie applique la politique de la réciprocit­é, ceci est un point de souveraine­té nationale indiscutab­le, mais la différence est que la délivrance du visa algérien relève presque du domaine des travaux d’Hercule, ajoutons à cela un personnel au niveau de certains consulats, notamment en France, qui ne fait pas son travail.

Les agences de voyages sont-elles sollicitée­s ? Oui, mais très peu, les Algériens ont appris à organiser leurs voyages grâce aux plateforme­s d’hôtellerie et à cause de comporteme­nts non profession­nels de beaucoup d’agences de voyages qui malheureus­ement pullulent et là aussi, la formation fait défaut.

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