«L’échec de la prévention est la cause des incendies et des dégâts humains et matériels»
Quel est le dernier bilan des feux de forêt ?
Depuis le 1er juin jusqu’au 2 août, nous avons comptabilisé 1073 incendies. La superficie brûlée est assez importante. Nous avons perdu 9119 ha, dont 2553 ha de forêts, 2346 ha de maquis et 4220 de broussailles. Ceci sans compter les arbres fruitiers, dont le total des pertes est estimé à 49 000 arbres et les palmeraies 2702 brûlées contre 2484 sauvées. Les feux de récoltes sont également très conséquents. 7694 ha de récoltes entre blé et orge sont réduits en cendres. Au-delà de ce bilan, nous avons enregistré le décès d’une petite fille de deux ans à Aïn Romana, à Blida. Le feu a commencé par la broussaille qui entourait la maison pour arriver jusqu’aux bottes de foin que la famille possède et qui étaient tassées non loin de l'habitation. Le feu a commencé vers 2h et la famille s’est retrouvée encerclée par les flammes. En plus de ce décès, deux membres souffrent de brûlures au 2e degré et deux autres ont été incommodés par la fumée. Nous avons également déploré 4 personnes incommodées dans la wilaya de Mila et 2 autres à Constantine. Les mesures préventives et de sécurité, notamment pour les éleveurs et les agriculteurs, sont encore une fois plus que recommandées.
Nous avons entendu dire que la Protection civile n’a pas assez de moyens pour maîtriser rapidement les feux de forêt. Qu’en dites-vous ?
Absolument pas. Par rapport à la nature des feux constatés dans notre pays et la superficie concernée, je peux attester que nous avons assez de moyens pour maîtriser n’importe quel incendie. Toutefois, nous sommes le dernier maillon de la chaîne de lutte contre les feux de forêt. Finalement, nous affrontons le résultat de l’échec de la prévention. Si nous n’avons pas de pistes pour accéder à la forêt avec nos moyens mécaniques et des points d’eau proches, notre mission devient difficile. Pour revenir aux moyens, dans ces derniers incendies, nous avons mobilisé les 37 colonnes mobiles réparties sur 36 wilayas. Leur nombre a connu une forte augmentation durant cette année, passant de 22 à 37 colonnes. Les 45 pompiers qu’emploie chacune d'elles font l’objet de formation quotidienne. Tout cela, sans compter les moyens aériens, à savoir les hélicoptères bombardiers d’eau (HBE) qui participent grandement à l’extinction des feux.
Vous organisez depuis plusieurs années des campagnes de sensibilisation. Avez-vous constaté une prise de conscience ?
En effet, les agriculteurs sont nettement plus conscients par rapport aux années précédentes. Cela n’exclut pas qu’un long chemin reste à faire pour atteindre le zéro risque dans les exploitations agricoles. Le chemin est encore long et rude avec les adeptes de la forêt qui laissent beaucoup d’objets qui sont source d’incendies. Je cite les canettes, les bouteilles et autres objets en verre, les détritus en papier ou plastique et aussi les cendres encore fumantes des feux de barbecue.