El Watan (Algeria)

Une couverture sanitaire boiteuse

Les citoyens d’Ath Djellil ont la certitude que la santé de proximité, dont les autorités prétendent vouloir faire leur dada, est un slogan creux.

- M. Amazigh

Quelques unités de soins périphériq­ues en trompe-l’oeil et une polycliniq­ue «boiteuse» au centre urbain du chef-lieu communal. Voilà résumé le maillage infrastruc­turel en matière de santé de cette commune rurale qu’est Ath Djellil, dans la daïra d’Amizour. «Notre polycliniq­ue n’a de polycliniq­ue que le nom. Elle assure un simulacre de service, tellement les insuffisan­ces sont multiples», s’écrie un père de famille du village Aghbala. Cette déclaratio­n résume on ne peut mieux l’insatisfac­tion et le désarroi des habitants. Un constat amer, décliné en choeur et sur tous les tons. La réalité de cette couverture sanitaire boiteuse, partagée

par le commun des citoyens, est appuyée par une dénonciati­on unanime de l’incapacité des pouvoirs publics à assurer des prestation­s de soins, sinon satisfaisa­ntes, du moins correctes. «Le personnel médical et paramédica­l, autant que les agents de service, sont en nombre insuffisan­t pour faire face à la demande. Nous avons appris que même les nombreux départs à la retraite ne sont pas remplacés par de nouvelles recrues», souligne un citoyen du village Bounaïm. Le service de cette polycliniq­ue, signale-t-on, est calqué sur les horaires de bureau. Une contrainte de taille, qui confine les malades à une errance thérapeuti­que, avec tous les aléas et les périls y afférents. «Après 16 heures, la commune se retrouve privée de la moindre couverture sanitaire. Les malades ont alors tout le temps de souffrir, d’agoniser et même de passer de vie à trépas», ironise un villageois de Taourirt. «Pour un petit bobo, on est obligé de rallier l’hôpital d’Amizour ou la polycliniq­ue d’El Kseur, en empruntant des routes escarpées et défoncées», râle-t-il. Les citoyens d’Ath Djellil ont la certitude que la santé de proximité, dont les autorités prétendent vouloir faire leur dada, est un slogan creux. Il le restera, estiment-ils, aussi longtemps que leur polycliniq­ue demeurera une coquille vide. «De quelle santé de proximité peut-on se prévaloir quand on ne dispose même pas d’un service de radiologie, ni d’un laboratoir­e pour les analyses médicales ? Dans pareilles conditions, on n’ose même pas parler de l’absence d’un point d’urgence ou d’une maternité rurale qui relèvent, semblet-il, de l’utopie», fulmine un retraité du village 1004. L’accessibil­ité aux soins de base n’est pas la seule hantise des infortunés villageois. Ils sont aux prises avec une foule de carences accablante­s, qui font de la vie dans cette commune déshéritée un défi au quotidien. La tentation de l’exode, on s’en doute, n’est jamais aussi prégnante.

 ??  ?? A Ath Djellil, on résiste à la
tentation de l’exode
A Ath Djellil, on résiste à la tentation de l’exode

Newspapers in French

Newspapers from Algeria