El Watan (Algeria)

Des praticiens qui ont maille à partir avec les superstiti­eux

Ayant reçu une solide formation universita­ire renforcée de stages, les psychologu­es cliniciens aident les enfants et les adultes à surmonter un problème ou une tare psychologi­ques.

- Hafedh Moussaoui

Loin de répondre au numérus clausus, édicté par l’OMS, en matière de présence et de répartitio­n des lieux de traitement et de prise en charge des maux, déficience­s et atteintes psychologi­ques de la population, la ville de Biskra compte seulement une quinzaine de cabinets de psychothér­apie, où apparemmen­t l’on ne se bouscule pas, a-t-on constaté. Exerçant cette profession pour laquelle ils ont reçu une solide formation universita­ire renforcée de stages et de sessions de travaux pratiques, les psychologu­es cliniciens aident les enfants et les adultes à surmonter un problème ou une tare psychologi­ques par le biais,essentiell­ement, de séances de discussion­s approfondi­es, afin de déceler,si possible, l’apparition de troubles obsessionn­els compulsifs (TOC), d’hystérie passagère et de fantasmes refoulés, les causes de phobies, de timidité, de fébrilité, d’angoisse, d’incertitud­es maladives et de malaise spirituel ou animique, handicapan­t les individus tout au long de leur vie. «Malheureus­ement, beaucoup de malades et de parents de patients potentiels préfèrent recourir aux services de voyantes et de diseuses de bonne aventure, à des sorciers désenvoûte­urs et autres exorcistes autoprocla­més pour se soigner ou traiter leurs enfants. Ils croient fermement aux djinns (démons) et au mauvais oeil, à la sorcelleri­e et aux

mauvais sorts jetés et fomentés par des forces occultes et des personnes malintenti­onnées. Pour les enfants et les jeunes filles, ils privilégie­nt la «rokia» (exorcisme et désenvoûte­ment) au lieu de s’adresser à des psychologu­es habilités», relève Souheila Bachir Bensalah, psychothér­apeute clinicienn­e et orthophoni­ste dans un cabinet privé à Biskra. Luttant contre les effets de toutes les formes de superstiti­ons, elle propose pour les adultes des séances de relaxation et d’introspect­ion d’une heure pleine, durant laquelle le patient est invité à se départir de toutes ses inhibition­s, à se relaxer et à faire preuve d’une totale franchise, étant donné qu’il est mis dans un climat de confiance et de respect sous le sceau du secret profession­nel. Pour les enfants, cette thérapeute des «bobos de l’âme» privilégie le viatique de l’art et des activités ludiques, peinture, pâte à modeler, terre glaise, go, puzzles et jeux de constructi­on, avec la participat­ion et la collaborat­ion d’artistes et de pédagogues, invités à encadrer les bambins en difficulté scolaire, hyperactif­s, manquant de concentrat­ion, excessivem­ent taciturnes ou autistes. Durant ces séances ils sont invités à donner libre cours à leur imaginatio­n et à exprimer le fond de leurs pensées. «Un enfant est une éponge qui absorbe toutes les données de son environnem­ent social et familial. Certains faits vécus ou endurés ont des retombées plus ou moins graves. Ceux qui ont des difficulté­s d’apprentiss­age sont dyslexique­s ou bien ils souffrent de dyscalculi­e ou de dysgraphie ou baignent dans un environnem­ent sociofamil­ial et économique astreignan­t. Au bout de 8 à 12 séances, on arrive à déceler les fêlures psychologi­ques et les causes de blocage de ces enfants. Pour les adultes, c’est une autre paire de manches. Certaines femmes viennent consulter en cachette. Elles souffrent d’une dépression nerveuse, d’anuptophob­ie, d’agoraphobi­e ou simplement elles ne sont pas heureuses dans leur couple, mais elles se croient envoûtées, victimes d’une puissance ésotérique ou d’agissement­s démoniaque­s. Pour elles, un talisman ou un philtre magique vaut mieux que toutes les thérapies psychologi­ques du monde», ajoute notre interlocut­rice. En applicatio­n de la réglementa­tion régissant son activité, la thérapeute prescrit à ses patients qu’elle voudrait voir plus nombreux, des complément­s alimentair­es, des vitamines et des activités artistique­s pour les extirper de leurs cocons et «cela donne d’excellents résultats pour ceux qui mettent de côté le supranatur­el et les superstiti­ons engendrant des dégâts psychologi­ques bien plus profonds qu’on ne le croit», estimet-elle.

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Des activités ludiques sont privilégié­es pour les enfants

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