LES SECRETS DE LA RÉUSSITE
D’année en année, la tomate industrielle a fini par s’adapter aux terres de la région est de la wilaya de Skikda, devenue depuis un véritable pôle de la filière. En 1999, la tomate produite sur les terres de Ben Azouz, Azzaba et Aïn Charchar s’était déjà nettement distinguée, non seulement par sa forte production, mais surtout par la qualité du fruit, en remportant la médaille d’or à l’exposition de Bruxelles, en Belgique. «La tomate produite à Skikda convient parfaitement à la transformation. En plus d’un taux de brix (matière sèche) très important, elle se caractérise surtout par un taux de lycopène des plus élevés (un pigment naturel connu pour être un important antioxydant)», explique M. Bourekouk, président de la CAWS. D’autres facteurs sont venus accompagner ces qualités intrinsèques. Pour cette saison, peut-être l’une des meilleures, on commence déjà à entrevoir les résultats des efforts consentis par les agriculteurs, les services agricoles, la Chambre et les conserveries. Les insuffisances relevées lors des
précédentes saisons ont été ciblées et nettement atténuées grâce à des actions et à des décisions qui ont permis, aux uns et aux autres, d’assurer de meilleurs résultats, en termes de qualité et de quantité. «Cette saison, on a décidé d’échelonner la campagne de semence, ce qui nous permet de poursuivre la campane de récolte jusqu’au mois de septembre et de doter aussi le marché de frais (tomate destinée à la consommation) de plus d’un million de tonnes», explique M. Bourekouk.
UNE FILIÈRE EN OR
Un autre facteur favorisant et non des moindres reste le nombre d’agriculteurs qui s’adonnent à cette culture. «Sur les 2000 agriculteurs versés dans cette production, 60% sont des jeunes, qui assurent plus de la moitié de la production de la wilaya. Ces jeunes, qui exploitaient des parcelles dans l’indivision, on est allé les sensibiliser et les aider à intégrer la filière afin de disposer de la carte d’agriculteur pour bénéficier des avantages accordés par l’Etat. Les résultats de cette démarche sont là : on a réussi à doper la filière tout en limitant le rôle néfaste des intermédiaires», explique M. Bourekouk. Cette année, les méthodes d’irrigation, ainsi que le choix des plants ont été pour beaucoup dans l’embellie de la filière, comme le note Saïd Tamen, directeur des services agricoles de la wilaya (DSA). «Le recours au système économiseur d’eau, à savoir le goutte-à-goutte et l’utilisation des variétés de tomate hybride et l’usage de plants en motte ont constitué des facteurs favorisants. En effet, le goutte-à-goutte a concerné cette saison près de 70 % des terres cultivées, en plus des apports de l’irrigation par aspersion (25% terres). Le problème d’eau ne s’est pas posé cette année, ce qui explique en partie la réussite de la campagne actuelle», ajoute le président de la CAWS. Le recours à l’utilisation des plants en motte, beaucoup plus productifs a, lui aussi, connu sa mue. Des campagnes de sensibilisation ont été menées permettant de couvrir déjà une superficie de plus de 2 500 ha. Les parcelles concernées par le goutte-à-goutte et les plants en motte ont déjà laissé entrevoir de belles perspectives en offrant des rendements dépassant les 1000 q/ha, alors que la moyenne du rendement sur l’ensemble des 8500 ha cultivés cette saison est de 500 q/ha. «Ces résultats nous serviront d’appoint pour encourager les producteurs à recourir à ces plants dans les saisons à venir», estime M. Bourekouk. L’accroissement des capacités de transformation de la wilaya a, lui aussi, contribué au développement de la filière. Il est vrai qu’en moins de cinq années, la wilaya est passée des 3500 tonnes transformées par jour, à 6300 t/j, grâce notamment à l’ouverture de la conserverie Boukraïne, à Bekkouche Lakhdar, avec ses 1000 t/j, ainsi qu’à l’extension de l’unité de Benamor, en mesure aujourd’hui d’assurer la transformation de 5000 t/j. «Ces capacités vont encore s’élever en 2020 pour passer à 8800 t/j grâce au extensions des capacités des conserveries Izdihar ( + 1500 t/j ) et Boukraïne ( + 1 000 t/j)», conclut le DSA.