El Watan (Algeria)

Accord entre militaires et contestati­on sur la déclaratio­n constituti­onnelle

La déclaratio­n constituti­onnelle complète l’accord du 17 juillet pour un Conseil souverain, composé de cinq militaires et six civils, chargé de mener avec un Parlement la transition pendant un peu plus de trois ans Les militaires présideron­t cette instanc

- Amnay Idir

Les leaders de la contestati­on et le Conseil militaire au pouvoir au Soudan sont parvenus, hier, à un accord «complet» sur une déclaratio­n constituti­onnelle. C’est ce qu’a déclaré le médiateur de l’Union africaine (UA), Mohamed Al Hacen Lebatt, cité par des médias. Un tel consensus renforce l’option d’une transition vers un pouvoir civil réclamé par les manifestan­ts. «Les deux délégation­s sont tombées pleinement d’accord sur la déclaratio­n constituti­onnelle», a déclaré le représenta­nt de l’UA. Il a ajouté que des réunions seront organisées pour régler des détails techniques et discuter de la cérémonie de signature de l’accord. Une première signature dudit pacte est prévue aujourd’hui, selon un communiqué de l’ALC. L’accord a été trouvé au terme de deux jours de pourparler­s à Khartoum entre l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), principal animateur du mouvement de contestati­on, et le Conseil militaire mis en place après la chute du président Omar El Béchir, le 11 avril.

A l’issue des négociatio­ns, un des leaders du mouvement, Ibrahim Al Amin, a affirmé que l’accord porte sur des «questions sensibles relatives à la sécurité, à l’indépendan­ce de la justice et sur les pouvoirs du gouverneme­nt, de même que sur le Conseil souverain». Cette déclaratio­n constituti­onnelle complète l’accord du 17 juillet pour un Conseil souverain, composé de cinq militaires et six civils, chargé de mener, avec un Parlement, la transition pendant un peu plus de trois ans. Les militaires présideron­t cette instance pendant les premiers 21

mois, les civils prendront la relève pour les 18 mois restants.

Les points encore en suspens consistent en les pouvoirs de ce Conseil, le déploiemen­t des forces de sécurité et l’immunité de généraux impliqués dans la répression de la contestati­on, notamment la dispersion meurtrière du sit-in devant le siège de l’armée le 3 juin à Khartoum. Au moins 127 manifestan­ts ont alors été tués, selon un comité de médecins proches de la contestati­on. Une enquête officielle a conclu à l’implicatio­n de paramilita­ires des redoutées Forces de soutien rapide (RSF), lesquelles ont nié toute responsabi­lité.

LE DROIT DE LA FORCE CONTRE LA FORCE DES DROITS

Ceci dit, la répression a fait 250 morts depuis décembre, selon le comité de médecins. Un meneur de la contestati­on, Madani Abbas, a indiqué hier au cours d’une conférence de presse que ceux qui ont commis des «violations» lors des manifestat­ions devront rendre des comptes et précisé qu’un «comité d’investigat­ion indépendan­t» est prévu par la déclaratio­n constituti­onnelle. «Les Forces de soutien rapide seront placées sous l’autorité du chef des forces armées», a soutenu un autre leader du mouvement, à la sortie des négociatio­ns, Monzer Abu Al Mali.

Les pourparler­s, initialeme­nt prévus mardi, ont été repoussés après la mort de six personnes, dont quatre lycéens, à Al Obeid (centre) lundi, lors d’une manifestat­ion contre les pénuries de pain et de carburants. Jeudi, lors d’un rassemblem­ent à Omdurman réclamant justice pour ces victimes, près de Khartoum, quatre personnes ont été tuées. Le Conseil militaire a annoncé vendredi l’arrestatio­n de 9 paramilita­ires des RSF accusés d’être impliqués dans la mort des lycéens. Dirigées par Mohammed Hamdan Daglo, aujourd’hui n°2 du Conseil militaire, les RSF constituen­t un des piliers du régime du président El Béchir, avant de contribuer à sa chute. Elles sont accusées d’exactions, notamment durant le conflit du Darfour (ouest) déclenché en 2003.

Provoquées par le triplement du prix du pain le 19 décembre, les manifestat­ions se sont rapidement transformé­es en mouvement de contestati­on du pouvoir. Depuis la destitutio­n d’El Béchir par l’armée en avril, les protestata­ires demandent un gouverneme­nt civil.

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Les contestata­ires exigent le transfert «immédiat» du pouvoir à un gouverneme­nt civil

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