Une chance sur deux d'avoir une chance pour deux
Au-delà des élections libres, de la transparence, de l'indépendance de la justice et des médias ou du contrôle de l’action gouvernementale par un Parlement élu, il y a une modalité démocratique que les pays avancés ont introduit pour plus de communication, la conférence de presse. Ainsi, régulièrement, le Président ou le Premier ministre rencontrent les journalistes pour répondre à leurs questions, celles que se posent naturellement les citoyen(ne)s sur la conduite des affaires du pays dans lequel ils vivent. Le Président ou le Premier ministre y répond, et par cette saine pratique, les choses avancent en intégrant une dose de confiance. Hélas, on peut voir ici que Gaïd Salah fait des discours à sens unique, ou Bensalah, qui lui aussi s’adonne à des prêches plus ou moins régulièrement, n’invitent jamais les journalistes à poser de questions. Ces monologues, qui sont le contraire exact du dialogue, induisent une logique qui paraît simpliste mais représente un problème réel, si on ne peut pas poser de
questions, on n’aura pas les réponses. Engendrant un flou communicationnel qui entraîne des déperditions, entre autres la démission de membres du panel du dialogue et l’extension du domaine de la lutte avec l’appel à la désobéissance civile lancé vendredi dernier par la foule des manifestants qui commencent à perdre patience. Le côté pacifique, vanté, y compris par Gaïd Salah, tend ainsi à se perdre, et s’il devait y avoir un affrontement, ce serait la faute des gouvernants qui refusent encore de mettre en place les réelles avancées démocratiques demandées. Au chapitre désir, on pourrait rêver d’une conférence de presse avec les vrais décideurs et salihine, Bensalah et Gaïd Salah, qui répondraient aux questions de l’heure, même s’il y a peu de chances pour que cela arrive. Dans «conférence de presse», il y a un mot qu’ils aiment, «conférence», et un autre qu’ils n’aiment pas, «presse». On en est donc aujourd’hui et mathématiquement à 50% de chances de réussite de cette révolution.