El Watan (Algeria)

Le cheval, un symbole spirituel et artistique

Mounia Ziane, quadragéna­ire, est une femme aux multiples ressources Directrice d’une agence de voyages à Annaba pendant la journée et artiste-plasticien­ne invétérée la nuit, elle allie vie de famille et travail et réalise des oeuvres époustoufl­antes Ce qu

- Amina Semmar

Depuis sa plus tendre enfance, Mounia a toujours été passionnée par toutes les formes d’art. Elle a d’abord fait du chant andalou pendant sept ans et aimait tout particuliè­rement la littératur­e, d’ailleurs elle écrivait beaucoup de poèmes. Pour ce qui de la peinture, elle dessinait lorsqu’un crayon pouvait lui tomber sous la main. «J’étais très à l’aise avec la peinture, mais je faisais uniquement de la reproducti­on et pas encore de la création», explique Mounia Ziane, artistepla­sticienne. Pour apprendre, elle se documentai­t beaucoup

pour connaître les ombres et les couleurs, mais aussi sur la manière de faire. Au lycée, elle exposait déjà ses oeuvres au Palais de la culture. Après l’obtention de son baccalauré­at en littératur­e, c’est une formation de technicien supérieur en tourisme qu’elle a complétée. A cette époque, Mounia s’inspirait des grands artistes, notamment Leonard de Vinci. «J’aimais beaucoup tout ce qui était dans le réalisme et peint académique­ment. D’ailleurs une toile, a tout particuliè­rement marqué mon enfance, c’est celle de Géricault, intitulé ‘‘Le radeau de la méduse’’. Elle me donne même encore la chair de poule», atteste l’artiste. N’ayant pas pu intégrer l’Ecole des beaux-arts, Mounia n’a pas perdu espoir.

Elle a décidé d’apprendre toutes les techniques d’arts plastiques par elle-même, en parallèle de son travail à l’agence de voyages. «Je suis passée par le crayon, les aquarelles, la peinture à l’huile, la peinture sur soie et sur tout type de support. J’ai tout essayé et j’aimais ça, c’était instinctif», ajoute-t-elle.

Depuis la découverte de son asthme, Mounia a mis de côté toutes les peintures fortes pour ne peindre qu’avec de la peinture acrylique. Il faut savoir que chaque oeuvre qu’elle réalise inclut un cheval. En observant ses toiles de très près, on comprend assez vite qu’il y a une histoire ou un message dissimulé. «J’ai trouvé ma voie à travers le cheval et je ne me vois pas faire autre chose. Je dessine l’animal dans tous ses états. On peut associer mon art à un style naïf, proche du réalisme magique, c’est une manière de peindre», précise l’artiste. Dans sa dernière exposition au Bastion 23, il y avait plus d’une quarantain­e de toiles déclinant le cheval dans toute sa splendeur. Il a traversé le temps et l’espace, il est le symbole du véhicule aussi bien dans l’imaginaire que dans le réel. «J’étais toujours été impression­née par cet animal, par sa beauté, sa force et sa forme. Il représente toujours la situation dans laquelle il est. Même dans les tableaux de

guerre, il est représenté comme étant un guerrier et non comme une monture. Et, dans la mythologie grecque, l’homme a toujours voulu faire corps avec

l’animal», explique Mounia. On le voit orgueilleu­x dans l’un des tableaux de l’artiste, fougueux dans un autre, sérieux, et même maternel. Mounia Ziane s’est même inspirée du hirak, avec sa peinture aquarelle, montrant des chevaux marchant l’un à côté de l’autre. De plus, elle a majoritair­ement introduit dans toutes ses toiles ses origines berbères. Même en étant dans le contempora­in, c’est le mariage des cultures qui fait son originalit­é. Les signes en tifinar ne sont d’ailleurs pas mis au hasard, des poèmes y sont dissimulés.

«Il y a aussi des toiles que j’ai cousues avec le fil pour faire rappeler les tapisserie­s berbères. C’est une compositio­n faite par moi et non des symboles que j’ai repris», déclare Mounia. Par ailleurs, elle a également introduit le feuillage et le floral dans ses oeuvres, chose qu’elle ne faisait pas au début. Une chose est sûre, le cheval est toujours choyé dans chacune de ses peintures. Et, pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’admirer le talent de Mounia Ziane dans sa dernière exposition, rien n’est encore perdu. Elle reviendra pour une nouvelle juste après l’Aïd, au niveau de l’hôtel Sofitel, à Alger, pour encore plus de nouvelles surprises.

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Mounia Ziane présente un style «équestre» élégant
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