Séminaire international sur la politique ottomane dans l’espace maritime et saharien au Maghreb
La rencontre a regroupé une centaine de participants, entre enseignants universitaires et chercheurs dans le domaine, nationaux et étrangers (Turquie, Maroc et Espagne).
La politique ottomane dans l’espace maritime et saharien de la région du Maghreb, à l’ère contemporaine, a constitué le thème d’un séminaire international qui s’est déroulé du 15 au 17 octobre dernier à l’Université de Laghouat, Amar Thelidji». Initiée par la Direction générale des Archives nationales, en coordination avec la Direction générale de la Recherche scientifique et du Développement technologique, et l’Université et le Centre de recherches et d’études islamiques de Laghouat, elle a regroupé une centaine de participants, entre enseignants universitaires et chercheurs dans le domaine, nationaux et étrangers (Turquie, Maroc et Espagne). Les participants ont mis la lumière sur la politique ottomane dans les pays du Maghreb durant la période de 1518 à 1918. Parmi les thèmes abordés, «L’expansion ottomane dans le Sahara algérien» ; «Les liens entre les confréries soufies et l’autorité ottomane en Algérie» ; «La place de la flotte navale algérienne dans le cadre de la coopération algéro-ottomane» ; «Les formes d’organisation ottomane dans le monde rural et saharien» et «La position politique de l’Etat ottoman vis-à-vis de l’impérialisme européen en Afrique du Nord au XIXe siècle». Aussi, des ateliers ont été programmés durant le séminaire et traitaient, entre autres, des «Liens commerciaux entre l’Algérie et les pays d’Afrique subsaharienne sous l’ère ottomane» ; «Les aspects de l’influence linguistique algéro-turque durant l’ère ottomane» et «Les communautés des régions intérieures de l’Algérie, leur rôle économique et leur lien avec le Beylik». Les participants au séminaire en question ont surtout plaidé pour l’écriture de l’histoire véritable de la présence ottomane en Algérie et au Maghreb, «qui ne soit ni falsifiée ni superficielle». Et lors de cette rencontre, des intervenants ont estimé que «l’existence ottomane au Maghreb est une période importante dans l’historiographie de la région, en dépit des tentatives de certains occidentalistes de cacher la vérité de cet état historique». Le directeur des Archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, a appelé, à ce titre, les historiens, juristes et chercheurs en histoire à oeuvrer à «faire prévaloir la primauté de l’objectivité, à choisir la terminologie exacte dans l’écriture sur la présence ottomane dans la région et de se référer au document émis par la population et les dignitaires de l’Algérie à l’Etat ottoman». «La présence ottomane au Maghreb arabe, l’Algérie en particulier, découle de la volonté du peuple algérien d’adhérer, de sa propre volonté, à l’Etat ottoman et dont les documents historiques existants en témoignent», a soutenu M. Chikhi, ajoutant que «l’Algérie n’était pas une province de l’Etat ottoman, mais un partenaire dans la politique de ce dernier».
«L’Algérie eut des traités et des conventions avec d’autres pays, ce qui témoigne que le pays entretenait des relations de partenariat avec l’Etat ottoman et n’était pas une province ottomane», a-t-il expliqué. Selon l’intervenant, cette présence ottomane en Algérie a donné lieu à «l’émergence d’un Etat algérien avec les principaux composants nécessaires à tout Etat moderne, dont l’unité nationale, l’intégrité territoriale, le pouvoir central et la souveraineté extérieure».
Pour sa part, le président du Conseil national d’évaluation de la recherche scientifique et du développement technologique, Mustapha Khiati, a indiqué que «l’Algérie était, durant l’ère ottomane, une puissance mondiale qui a assumé un grand rôle, et que le colonialisme français tendait tant bien que mal d’effacer l’archive inhérente à l’histoire de l’Algérie durant la présence ottomane». «L’Algérie s’est attelée, durant cette ère, à tracer ses frontières actuelles, à préserver son unité et ses valeurs morales, religieuses et ses composantes linguistiques, en dépit des défis rencontrés, dont les tentatives d’invasion menées par les flottes navales étrangères», a ajouté le conférencier. Pour sa part, Mustapha Kara, conseiller à l’ambassade turque en Algérie, a estimé «qu’il ne peut y avoir une écriture juste et une bonne lecture de l‘histoire de la Turquie sans une compréhension de l’histoire du Maghreb islamique, à l’instar de la présence ottomane en Algérie qui est partie intégrante de l’histoire de l’Etat turc contemporain». Pour le diplomate, le choix du thème du séminaire revêt une grande importance et devra ouvrir la voie à de nouvelles recherches académiques sérieuses et de qualité sur la question.
Le directeur du centre turc «El Farabi» pour les recherches et études à Istanbul, Abdallah Kazaldjek, a mis en avant l’importance de rechercher dans les archives d’histoire de l’ère ottomane au Maghreb, avant d’annoncer la conclusion, au terme de cette rencontre internationale, de conventions de coopération scientifique entre cette institution (El Farabi) et l’université de Laghouat, pour le développement de la recherche entre les deux parties. Enfin, en marge du séminaire, une exposition sur les documents, manuscrits et correspondances (lettres), remontant à l’ère ottomane en Algérie, y a été organisée.
PROJET D’OUVERTURE DE LA PREMIÈRE ÉCOLE TURQUE EN ALGÉRIE
Une convention algéro-turque sera signée prochainement pour l’ouverture de la première école privée turque en Algérie, a annoncé, mercredi à Laghouat, un responsable de l’administration Wakf El Maâref, relevant du gouvernement de Turquie. S’exprimant à l’APS en marge de la clôture du séminaire international intitulé «Politique ottomane dans l’espace maritime et saharien du maghreb arabe, 1518-1918», le Dr Mustapha Kuksu, responsable au sein de l’administration Wakf El Maâref, chargée de la gestion des écoles privées turques à l’étranger, a affirmé que la convention sera signée durant ce mois d’octobre à Alger pour la création de cette école turque, la première du genre en Algérie et devant ouvrir ses portes à la saison 2020/2021. Financée par le gouvernement turc, «cette structure éducative se référera dans ses programmes d’enseignement au programme national algérien appliqué par le ministère de l’Education nationale», a-t-il précisé. «L’école, qui regroupera les trois paliers de l’enseignement (primaire, moyen et secondaire), sera encadrée par des enseignants algériens et l’enseignement s’y fera en langue arabe, avec des classes au choix pour les personnes désireuses d’apprendre la langue turque avec des enseignants turques», a ajouté le même responsable. Ce projet scientifique sera suivi de l’ouverture d’autres écoles privées turques dans d’autres wilayas d’Algérie, a-t-il souligné. En plus d’offrir un enseignement de qualité dans les trois paliers éducatifs, il ouvrira des perspectives de poursuite d’un cursus universitaire dans les établissements de l’enseignement supérieur en Turquie, en fonction des bourses universitaires accordées annuellement par la Turquie aux étudiants algériens, a poursuivi M. Kuksu. Le nombre d’écoles privées turques à l’étranger, relevant de l’administration Wakf El Maâref, dépasse les 300 établissements dans 30 pays, avec un effectif de plus de 36 000 élèves, a-t-il fait savoir.
PROMOTION DE LA COOPÉRATION SCIENTIFIQUE ALGÉRO-TURQUE
Les participants au séminaire international «La politique ottomane dans l’espace maritime et saharien de la région du Maghreb, à l’ère contemporaine (1518-1918)» ont plaidé au terme de leurs travaux mercredi à Laghouat pour la promotion de la coopération et de la recherche scientifique entre l’Algérie et la Turquie. Les participants à la rencontre, de deux jours, ont mis l’accent sur le développement de la coopération scientifique entre les deux pays, notamment dans le domaine de la recherche en histoire liée à la présence ottomane pour une écriture exacte de l’histoire de cette importante période. Les présents au séminaire ont, en outre, valorisé la coopération algéro-turque qu’ils ont jugée de «fructueuse», avant de mettre l’accent sur son développement au service des deux pays qui entretiennent des relations historiques étroites à même d’ouvrir de larges perspectives dans divers domaines de coopération. Le directeur du laboratoire du patrimoine ottoman à l’université «Alger-2, Abou El Kacem Sâadallah», Chakib Benhifri, a mis en avant l’importance de l’étude et de l’enseignement de la langue turque qui, a-t-il dit, est «la clef pour la compréhension et l’étude de l’histoire de l’Algérie et de la région maghrébine durant la présence ottomane, en se référant aux ouvrages et manuscrits remontant à cette ère de l’histoire.»
«La recherche dans l’histoire commune entre l’Algérie et l’Etat ottoman, longue de trois siècles, ne peut se faire uniquement sous l’éclairage de références espagnoles, italiennes et françaises, empoisonnées et léguées par l’école coloniale française», a soutenu M. Benhifri. Selon l’intervenant, «des milliers de documents et manuscrits, appelés Registres du Beylik, des finances et des tribunaux et d’autres documents officiels, légués par l’Etat ottoman, devront servir de référents pour traiter de la présence ottomane, avec l’appui de l’apprentissage de la langue turque et la recherche dans les ressources officielles, en vue d’une compréhension exacte concernant la présence ottomane en Algérie et au Maghreb». Pour M. Benhifri, «une recherche lucide dans les référents originaux, archives ottomanes existantes en Algérie et en Turquie permettront la correction de l’histoire ottomane en Algérie et dans la région en général.»
Plus de 2500 apprenants de la langue turque ont été formés depuis 2013 par le département de langue turque à l’université Alger 2, en coordination avec le centre turc «Younes Amri», selon le même intervenant qui s’est penché aussi sur les perspectives de développement de l’enseignement de cette langue en Algérie. Les travaux du séminaire ont été sanctionnés par la signature de conventions de coopération entre la Direction générale des Archives nationales et le Centre de recherche en sciences islamiques et de civilisation de Laghouat, en vue de relancer la coopération entre les deux institutions, échanger les expériences et tirer profit des documents historiques à mettre à la disposition des groupes de recherche. Des conventions liées à la coopération scientifique seront également signées entre des universités algériennes et turques pour promouvoir les échanges scientifiques et culturels entre les deux parties.
300 000 ALGÉRIENS ONT VISITÉ LA TURQUIE EN 2018
Le nombre d’Algériens ayant visité la Turquie en 2018 a atteint les 300 000 personnes, a affirmé mardi à Laghouat le conseiller à l’ambassade turque à Alger, Mustapha Kara. Le nombre de touristes algériens a connu au cours des dernières années un accroissement notable, qui reflète l’excellence des relations liant les deux pays, sachant que 215 000 Algériens avaient visité la Turquie en 2016, a indiqué le diplomate lors de l’ouverture du séminaire international sur «La politique ottomane entre l’espace maritime et saharien au Maghreb 1518-1918». M. Kara a annoncé par ailleurs dans le cadre de la facilitation aux Algériens des procédures d’établissement de visas turques, «l’ouverture prochaine de six nouveaux centres de dépôt des dossiers de demande de visa dans différentes wilayas du pays, dont le Sud, qui viendront s’ajouter aux sept centres existants actuellement en Algérie». Sur un autre registre, le diplomate a fait état d’une hausse des investissements de son pays en Algérie, avec plus d’un millier d’entreprises turques opérant en Algérie dans des domaines divers. Le volume des échanges entre les deux pays excède les trois (3) milliards de dollars et la Turquie entend développer davantage les relations commerciales entre les deux pays dans le cadre d’une politique «gagnant-gagnant», en harmonie avec les relations historiques liant les deux pays, a souligné M. Kara.