Le monde se divise-t-il en deux ?
Alors que le procès en appel des stars de la décennie passée se poursuivait au tribunal militaire de Blida, le procureur du tribunal civil de Sidi M’hamed lançait un plaidoyer pour l’indépendance de la justice, et en agitant prudemment l’index vers le ciel, le refus des verdicts dictés d’en haut. Mais de qui ? En haut, il y a le soleil, la stratosphère, quelques drones ennemis et satellites espions, ainsi que des humains en apesanteur, militaires et civils. Qui dicte ? Le ministre de la Justice nommé justement par le défunt général pour mettre fin à l’injustice ? Ou des forces extraconstitutionnelles dénoncées justement pour justifier ces procès ? Confusément, chacun aura noté que Saïd Bouteflika et Louisa Hanoune sont des civils et auraient dû être jugés par des civils. Sauf que le complot supposé a été commis «dans une enceinte militaire», la villa où les fameuses réunions ont eu lieu, ce qui n’est plus dans la juridiction civile. Sauf que Dar El Afia, qui porte par ailleurs très mal son nom du fait que ses visiteurs soient systématiquement enregistrés, ce qui a permis par ailleurs l’incarcération des comploteurs, est une résidence d’Etat jouxtant par ailleurs l’ambassade de France. L’Etat est-il militaire par ailleurs ? C’est toute la question, qui rejoint celle de la chaîne de commandement des incarcérations et accessoirement celle de la liberté de réunion. Heureusement, le gouvernement, civil, se réunissait dans le même temps pour adopter un plan d’action en inscrivant l'indépendance de la justice au premier chapitre pour «limiter le recours injustifié à la détention provisoire», soulignant pour la première fois de son
«mainmise de forces occultes et extraconstitutionnelles sur les leviers de la décision politique». Plus de 60 000 personnes sont dans des prisons civiles, dont, en effet, 10 000 en détention préventive. Pour prévenir qui ? Les autres de ne pas oublier que le gardien qui ferme la cellule n’est pas forcément celui qui en détient la clé.