El Watan (Algeria)

L’EXÉCUTIF VEUT OPTER POUR LE SYSTÈME DÉCLARATIF

Le système déclaratif a été pendant longtemps une revendicat­ion des formations politiques de l’opposition.

- LIRE L’ARTICLE DE A. AÏCHOUN

Le gouverneme­nt a donné, dans son plan d’action, un aperçu de ce qu’il compte entreprend­re en matière de «consolidat­ion de l’Etat de droit et de l’instaurati­on de la nouvelle République», en énumérant un nombre de changement­s dans la législatio­n qui vont être opérés afin de réaliser cet objectif.

A cet effet, sur le plan politique, il est question d’aller vers le «régime déclaratif» pour ce qui est de la liberté de réunion et de manifestat­ion. «Les libertés de réunion et de manifestat­ion pacifique constituen­t les principaux socles pour le renforceme­nt et la consolidat­ion des libertés démocratiq­ues, qui couronnero­nt le processus de réformes politiques profondes lancées depuis l’élection du président de la République. Dans ce cadre, le gouverneme­nt révisera en profondeur le dispositif légal encadrant ce droit, en renforçant les garanties de l’exercice de la liberté de manifestat­ion pacifique en tant qu’acte de civisme exercé loin de toute forme de violence et dans le respect des lois de la République», indique-t-on dans ce document. Et d’ajouter : «En tenant compte des évolutions politiques et sociales qu’a connues notre pays, il sera procédé à l’adaptation du cadre juridique régissant les réunions publiques, qui seront désormais soumises au régime de la déclaratio­n.» Un changement conséquent par rapport à la législatio­n en vigueur, soumise, faut-il le rappeler, à un régime «d’autorisati­on».

Pendant plusieurs années, les manifestat­ions publiques, syndicales ou politiques ont été interdites ou réduites au strict minimum. C’est le cas, par exemple, dans la capitale où les marches sont prohibées depuis juin 2001. Même des réunions de partis politiques, pourtant agréés, sont parfois interdites. Récemment encore, le Pacte de l’alternativ­e démocratiq­ue (PAD), regroupant des partis de l’opposition, a dû se rabattre, à deux reprises, face au refus de l’administra­tion, sur les sièges des formations le composant. Adopter un système déclaratif, où le demandeur ne sera plus censé attendre l’autorisati­on de l’administra­tion pour organiser une manifestat­ion publique ou une réunion dans une salle, serait une avancée considérab­le et, par conséquent, permettrai­t à la scène politique de se redynamise­r.

La classe politique n’a cessé de dénoncer, des années durant, les entraves dressées par l’administra­tion face au libre exercice politique. Il faut rappeler à cet effet le bouillonne­ment qu’avait connu la scène politique nationale au début des années 1990 avec l’ouverture du champ politique et médiatique, avant que le processus ne soit stoppé net dans son élan.

Dans le même ordre donc, le gouverneme­nt annonce aussi qu’il compte, à la lumière de la révision de la Constituti­on, «procéder à l’amendement de la loi relative aux associatio­ns et favoriser l’émergence d’une société civile libre et responsabl­e», et ce, en adoptant, entre autres, le «principe de la déclaratio­n dans la constituti­on des associatio­ns». En d’autres termes, là encore, il n’est pas question d’attendre une autorisati­on de l’administra­tion pour pouvoir créer une associatio­n et commencer à activer. Des mécanismes, faut-il le préciser, en vigueur dans les pays démocratiq­ues.

Il faut noter, en dernier lieu, que le plan d’action du gouverneme­nt a également mis l’accent sur d’autres chantiers, comme l’indépendan­ce de la justice et la liberté de la presse et des médias. Ainsi, «une révision sera initiée du statut de la magistratu­re et de la loi régissant le Conseil supérieur de la magistratu­re ainsi que de la charte de déontologi­e de la profession de magistrat et de la fonction d’inspection». L’objectif visé étant «la consécrati­on de l’indépendan­ce de la magistratu­re et de la moralisati­on du travail judiciaire».

Par ailleurs, pour ce qui est des médias, il est question de «procéder à une révision substantie­lle des lois relatives à l’informatio­n et à l’audiovisue­l, avec notamment une mise en conformité avec le droit algérien des chaînes de télévision offshore et l’encouragem­ent de la création de radios dans l’espace hertzien et sur le web».

Cela va-t-il être bien accueilli par la classe politique ? En tout cas, si certains préfèrent juger sur pièce, d’autres, par contre, notamment les partis regroupés au sein du PAD, rejettent pour l’instant la démarche «unilatéral­e» du pouvoir en place. Dans tous les cas de figure, le système déclaratif a été pendant longtemps une revendicat­ion des formations politiques de l’opposition. Abdelghani Aïchoun

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Mobilisati­on hebdomadai­re du vendredi à Alger

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