El Watan (Algeria)

Une peine de 20 ans de réclusion criminelle requise par le parquet

● Une peine de 20 ans de réclusion criminelle a été requise hier par le procureur du tribunal militaire d’appel de Blida contre Saïd Bouteflika, frère-conseiller du Président déchu, les deux anciens patrons des services de renseignem­ent, le général de cor

- Salima Tlemçani

Après une journée de débats entre le président du tribunal, le procureur, les avocats et les trois accusés, l’ex-patron du défunt DRS (Départemen­t de renseignem­ent et de sécurité), le général de corps d’armée à la retraite, Mohamed Mediène, la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, et le frère-conseiller du Président déchu, Saïd Bouteflika, le procès a repris hier matin, au tribunal militaire d’appel de Blida, avec le réquisitoi­re du représenta­nt du ministère public. A en croire les avocats, pour le procureur, «il y a eu complot à partir du moment où Saïd Bouteflika n’a pas accepté l’applicatio­n de l’article 102 (lié à la démission) et a décidé de faire appel au président du Conseil constituti­onnel pour l’en empêcher et opter pour une transition et désigner, lors de cette réunion secrète du 27 mars, l’ex-président Liamine Zeroual pour diriger celle-ci, en lui octroyant toutes les prérogativ­es de chef de l’etat. Si le complot a échoué, c’est parce que Liamine Zeroual n’a pas accepté de jouer ce rôle». Le représenta­nt du ministère public a rappelé les propos de Tayeb Belaïz, cité en tant que témoin lors duprocès, selon lesquels, «lorsque Saïd Bouteflika l’a joint par téléphone, il lui a parlé du discours du défunt chef d’état-major de L’ANP, Ahmed Gaïd Salah, où il fait référence à l’article 102 de la Constituti­on, comme solution idoine à la crise que traverse le pays, il (Belaïz) a répondu que le chef d’état-major de L’ANP est en droit de faire des propositio­ns qui ne sont pas contraigna­ntes». Le procureur a enfoncé également Mohamed Mediène, en raison de sa participat­ion «à cette réunion secrète à l’invitation de Saïd Bouteflika, dirigée contre l’autorité de l’armée et de l’etat». Il ne s’étale pas sur le cas de Louisa Hanoune, mais lui reproche le fait qu’elle «a appelé le frère du Président déchu, pour tenir une réunion secrète».

Pour toutes ces raisons, le procureur considère les quatre accusés (y compris Bachir Tartag qui a refusé de comparaîtr­e pour la deuxième journée consécutiv­e), comme étant «coupables» des faits qui leur sont reprochés et a requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle contre eux, en précisant que subsidiair­ement, (c’est-à-dire à défaut), il demande la confirmati­on de la peine (15 ans de réclusion) prononcée en première instance contre les quatre mis en cause. Les premiers avocats à occuper le prétoire sont ceux de Louisa Hanoune. Au nombre de sept, à leur tête Mes Boudjemaâ Ghechir et Mokrane Aït Larbi, ils ont décortiqué les chefs d’accusation, cassé les argumentat­ions sur lesquelles ils reposent, puis réclamé l’acquitteme­nt pur et simple. Mais avant, ils ont mis en exergue le rôle de la militante en tant que chef de parti, qui fait de la politique sa principale activité. «Inquiète pour la situation de blocage dans laquelle se trouvait le pays et par souci de sauver ce dernier, elle a contacté Saïd Bouteflika, en tant que 1er conseiller du Président, détenteur du pouvoir, avant qu’il ne soit vu comme un diable. Il lui a fixé un rendez-vous, elle a été à sa rencontre, dans une résidence appartenan­t à l’etat. Il l’a informée de la situation et quand il lui a parlé de la période de transition dirigée par Liamine Zeroual, elle a exprimé son avis porté beaucoup plus sur une Constituan­te confiée à la société civile et non pas par une ancienne figure du système. Louisa Hanoune était la première à avoir dit à Saïd Bouteflika, après le regroupeme­nt pour le 5e mandat à la Coupole, qu’il allait finir par faire sortir le Président par le trou de la serrure. En tant que chef de parti, Louisa a toujours milité pour un changement pacifique du système. Dans tous ses discours, elle ne s’est jamais empêchée de l’exprimer. Elle n’a rien commis d’illégal. Elle était dans son rôle de femme politique que lui confère la loi», déclare un de ses avocats. Juste après, c’est au tour de la défense de Mohamed Mediène de passer à la barre. Ses avocats aussi contestent les accusation­s et plaident l’acquitteme­nt. Ils expliquent au tribunal qu’«on ne peut faire un complot et aller demander conseil au président du Conseil constituti­onnel. Comment parler de réunion secrète, alors que cette rencontre a eu lieu dans une villa appartenan­t aux institutio­ns de l’etat ? Lorsque l’on sait que le mouvement du hirak milite depuis le 22 février pour le changement du régime, le complot pour lequel sont poursuivis les accusés perd totalement son objet». Jusqu’en fin de journée, les plaidoirie­s se poursuivai­ent toujours.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria