El Watan (Algeria)

Les pressions s’accentuent sur les manifestan­ts et les activistes

- Madjid Makedhi

Des procès en cascade, de lourds réquisitoi­res, les convocatio­ns des activistes par la police, la poursuite des interpella­tions… A quelques jours de la célébratio­n du 1er anniversai­re du mouvement populaire, les pressions s’accentuent sur les manifestan­ts et les activistes du hirak. La justice programme des procès, sans prononcer les verdicts, et les services de sécurité exhument les affaires en lien avec le mouvement populaire et convoquent les mis en cause, notamment, pour des publicatio­ns sur les réseaux sociaux. En effet, depuis le début de la semaine, les tribunaux, à travers le territoire national, ont ouvert plusieurs procès de manifestan­ts. Après le passage, dimanche, d’une vingtaine de hirakistes devant le juge près le tribunal de Sidi M’hamed d’alger, des dizaines d’autres ont été appelés à la barre, hier. A Alger, indique le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), les tribunaux de Sidi M’hamed et de Bab El Oued ont traité plusieurs affaires. Le premier a vu la comparutio­n de trois détenus, en l’occurrence Saïd Madi, Ouarab Kamel et Oussaidene Ahmed. «Le verdict est reporté au 24 février», affirme le CNLD. Quant au second, il a traité l’affaire des 21 manifestan­ts, arrêtés lors d’une marche nocturne à Alger en novembre 2019. «Il s’agit de Adel Abderrahma­ne, Karmoud Azeddine, Saïd Aouchiche, Benkaida Mohamed Islam, Mourad Bouziane, Gherib Imad Eddine, Hadj Aïssa Boukraa, Benchelak Islam, Norredine Ghada, Zakaria Kham Ellah, Saber Mouloudj, Merabti Hamid, Hanifi Abderraouf, Simiani Nadir, Abdeslam Boudar, Mohamed Atamnia, Ouaki Ahmed, Metbeche Hani, Razik Mohamed Anis, Bouanifa Amine, Lakhdar Belkacem», indique la même source, précisant qu’ils sont accusés d’«attroupeme­nt non armé» et «trouble à l’ordre public». Au tribunal de Cherchell (Tipasa), c’est le procès du jeune Kais Ouled Amar, étudiant à

L’USTHB, qui a été ouvert, avant d’être reporté au 17 février. Ce dernier a été accusé d’«entrave au bon déroulemen­t de l’élection présidenti­elle du 12 décembre».

BRAHIM LAALAMI : L’INQUIÉTANT RÉQUISITOI­RE DU PROCUREUR

La cour d’el Tarf a ouvert, de son côté, le procès en appel de l’ex-détenu Zakaria Elmonkid Karfa et son père Karfa Badreddine, accusés d’«outrage à corps constitué» et «photograph­ies sans autorisati­on». Ils ont été condamnés en première instance à 6 mois de prison avec sursis et une amende. Onze activistes du hirak, accusés d’«attroupeme­nt non armé», ont aussi comparu devant le juge près le tribunal de Aïn Témouchent. Le CNLD alerte également sur la convocatio­n, par la police de Bouira, du jeune activiste de la commune de M’chedallah, Nabil Malki, pour ses écrits et publicatio­ns sur Facebook. Deux activistes de Sétif ont aussi été arrêtés dimanche soir, et placés aujourd’hui sous contrôle judiciaire par le tribunal de la même ville. Avant-hier, le tribunal de Bordj Bou Arréridj a ouvert le procès de l’activiste Brahim Laalami. Et contre toute attente, le procureur de la République a requis 8 ans de prison ferme à son encontre. Le jeune activiste est poursuivi dans 9 affaires, avec plusieurs chefs d’inculpatio­n, dont «outrage à corps constitué», «diffamatio­n», «incitation à attroupeme­nt», «possession de drogue»... «C’est du vrai harcèlemen­t. Le cas de Brahim Laalami est très inquiétant. Le réquisitoi­re du procureur est incompréhe­nsible», commente Saïd Salhi, vice-président de la LADDH. Selon lui, la recrudesce­nce des pressions sur les activistes du hirak a un but. «On veut faire échouer la marche du 1er anniversai­re du mouvement. C’est l’unique explicatio­n», soutient-il.

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