El Watan (Algeria)

LES RÉVÉLATION­S DE SAÏD BOUTEFLIKA…

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Pour la première fois, Saïd Bouteflika, frère du Président déchu, s’exprime devant le tribunal militaire qui le juge pour «complot contre l’autorité de l’armée et de l’etat». Aussi bien en première instance que devant le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, où il comparaiss­ait en tant que témoin, il a refusé de répondre aux questions du juge. Dimanche dernier, l’homme, que certains avocats ont décrit tantôt arrogant, tantôt imbu de sa personne, a répondu à toutes les questions du juge. Il nie avoir été le détenteur du pouvoir, en se présentant comme «simple conseiller et homme de confiance» de son frère, le Président, en précisant que ce dernier «donnait son avis sur toutes les questions stratégiqu­es». Et pour répondre à son coaccusé, le général Toufik, qui le présentait comme le véritable «détenteur du pouvoir» et «une personne incontourn­able», Saïd Bouteflika n’a pas hésité à parler avec ironie, en disant que «le général a pris de l’âge depuis la dernière fois qu’il l’a vu». Pour nos interlocut­eurs, il a apporté des «détails surprenant­s» sur le défunt chef de l’état-major de L’ANP, Ahmed Gaïd Salah. Il a déclaré qu’«en 2014, son frère ne voulait pas d’un 4e mandat, mais c’est le vice-ministre de la Défense qui l’a convaincu de se présenter. Il lui a rendu visite à trois reprises. Une fois en présence de Abdelmalek Sellal, une fois de celle d’ahmed Ouyahia et une troisième fois en ma présence, pour le pousser à annoncer sa candidatur­e», révèlent nos sources. Sur les événements du mois de mars dernier, Saïd Bouteflika a affirmé qu’après le retour du Président de Genève, il est allé voir Gaïd Salah, à son bureau au ministère de la Défense, pour lui demander d’aller lui rendre visite. C’était le 23 mars vers 10h. A 15h, le chef d’état-major de L’ANP est arrivé à la résidence avec un discours d’adieu à la main, que devait lire le Président, lorsqu’il annoncera sa démission. Il a évoqué aussi sa discussion au téléphone avec Tayeb Belaïz, alors président du Conseil constituti­onnel, sur l’applicatio­n de l’article 102 de la Constituti­on, comme suggéré par le chef d’état-major de L’ANP, en affirmant avoir demandé si cette solution pouvait être empêchée ou non. Saïd Bouteflika s’est interrogé pourquoi il n’y a que Louisa Hanoune à avoir été poursuivie dans cette affaire, alors qu’il avait une liste de chefs de parti qu’il avait reçus pour débattre de la situation du pays et des solutions politiques à adopter. Il a cité comme exemple Abderrazak Makri, le patron du MSP, qu’il a rencontré avant la secrétaire générale du PT. Une affirmatio­n qui a d’ailleurs poussé le juge, nous a-ton précisé, à se retourner vers Louisa Hanoune et lui demander pourquoi elle n’avait pas rendu publique sa rencontre avec Saïd Bouteflika. «Elle a répondu qu’avec Abderrazak Makri, il y a eu un accord pour une sortie de crise. Cela n’était pas le cas avec moi. Il n’y a pas eu d’accord. J’ai été pour être informée et donner mon avis sur la crise. Je ne voyais pas l’utilité de faire un communiqué…» Sur la décision du limogeage de feu Gaïd Salah, Saïd Bouteflika a affirmé qu’elle «n’existait pas» et que le document diffusé à ce sujet «était un faux». Ce sont les quelques révélation­s que nous avons pu obtenir en attendant la fin du procès.

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