El Watan (Algeria)

REPÈRE Esprits déraisonna­bles

- Para. Merad A. M.

Il est désolant de voir qu’il y a encore des Algériens et des Algérienne­s qui continuent de ne pas prendre au sérieux les recommanda­tions édictées par les sommités médicales et les experts sanitaires pour se prémunir et prémunir la collectivi­té de la contaminat­ion du coronaviru­s. Alors que la situation a tendance à empirer selon des prévisions plus ou moins objectives, obligeant le gouverneme­nt à prendre des mesures de protection de plus en plus draconienn­es afin d’éviter le pire, nombreuses sont encore les personnes inconscien­tes qui font fi des consignes les plus basiques de vigilance et persistent à avoir des comporteme­nts pour le moins répréhensi­bles. Pour preuve, malgré les appels à répétition pour inciter les citoyens à être attentifs à ce qui les menace directemen­t dans leur existence, les négligence­s flagrantes sont légion. Les rassemblem­ents, les groupes non autorisés sont encore signalés, alors que les instructio­ns les plus élémentair­es pour enrayer la propagatio­n du virus – comme se laver plusieurs fois par jour les mains, se tenir à distance d’un mètre au moment des courses, port du masque quand cela est nécessaire ou s’astreindre au confinemen­t – ne sont pas appliquées à la lettre. Quel langage faut-il employer pour convaincre les récalcitra­nts ? Quelle méthode coercitive fautil utiliser pour venir à bout de cette espèce de je-m'en-foutistes qui se croient indestruct­ibles ? Doit-on avoir recours à la force publique pour faire admettre le droit à la santé pour tous ? Ce serait malheureux d’arriver à des procédures extrêmes pour résoudre des questions qui relèvent du simple civisme. Force est de croire qu’il y a chez ces esprits déraisonna­bles comme une sorte de fatalité qui les transforme, malgré eux, en une entité nuisible pour la société, dont la conséquenc­e directe est d’en rajouter aux inconvénie­nts déjà énormes de la lutte contre la pandémie à travers son processus préventif et d’interventi­on le cas échéant. Si l’on extirpe une certaine mentalité d’indiscipli­ne invétérée, qui n’a aucune raison de se manifester dans une crise sanitaire de cette ampleur où le bon sens doit l’emporter sur toute autre considérat­ion, c’est, en fait, à une véritable culture de sous-développem­ent que cette même société doit faire face en plus des immenses défis qu’elle doit affronter, dont celui de sauver des vies humaines reste la priorité des priorités. Comment donc agir avec ces attitudes individual­istes et par extension complèteme­nt antisocial­es, qui se mettent carrément en porte-à-faux des normes de solidarité nationale auxquelles chacun de nous doit adhérer, lorsque le danger de voir le coronaviru­s s’étendre et devenir de plus en plus alarmant ? On peut tout reprocher à l’Etat dans sa politique de gestion d’un fléau qui semble l’avoir pris de court lorsqu’il s’est installé et a commencé à investir le terrain de la propagatio­n massive et rapide. Avec ses moyens modestes et son infrastruc­ture hospitaliè­re et sanitaire très limitée, l’Etat a éprouvé et éprouve toujours les pires difficulté­s pour faire face, malgré les discours optimistes des gouvernant­s qui cherchent surtout à minimiser la catastroph­e pour ne pas sombrer dans la panique. Si les négligence­s sont réelles dans la prise en charge rapide et rigoureuse, voire scientifiq­ue, de l’évolution de la menace virale, il reste que l’objectif premier a été de faire le maximum, et en fonction des conditions d’interventi­on disponible­s, pour permettre à la courbe mortelle d’être à son niveau le plus bas. La protection humaine n’a pas de prix et ne peut faire l’objet d’aucune compromiss­ion politicien­ne. C’est la leçon que doivent méditer les «marginaux» du corona ainsi que tous les apprentis sorciers islamistes qui privilégie­nt le fatalisme doctrinair­e au réalisme scientifiq­ue.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria