REPÈRE Esprits déraisonnables
Il est désolant de voir qu’il y a encore des Algériens et des Algériennes qui continuent de ne pas prendre au sérieux les recommandations édictées par les sommités médicales et les experts sanitaires pour se prémunir et prémunir la collectivité de la contamination du coronavirus. Alors que la situation a tendance à empirer selon des prévisions plus ou moins objectives, obligeant le gouvernement à prendre des mesures de protection de plus en plus draconiennes afin d’éviter le pire, nombreuses sont encore les personnes inconscientes qui font fi des consignes les plus basiques de vigilance et persistent à avoir des comportements pour le moins répréhensibles. Pour preuve, malgré les appels à répétition pour inciter les citoyens à être attentifs à ce qui les menace directement dans leur existence, les négligences flagrantes sont légion. Les rassemblements, les groupes non autorisés sont encore signalés, alors que les instructions les plus élémentaires pour enrayer la propagation du virus – comme se laver plusieurs fois par jour les mains, se tenir à distance d’un mètre au moment des courses, port du masque quand cela est nécessaire ou s’astreindre au confinement – ne sont pas appliquées à la lettre. Quel langage faut-il employer pour convaincre les récalcitrants ? Quelle méthode coercitive fautil utiliser pour venir à bout de cette espèce de je-m'en-foutistes qui se croient indestructibles ? Doit-on avoir recours à la force publique pour faire admettre le droit à la santé pour tous ? Ce serait malheureux d’arriver à des procédures extrêmes pour résoudre des questions qui relèvent du simple civisme. Force est de croire qu’il y a chez ces esprits déraisonnables comme une sorte de fatalité qui les transforme, malgré eux, en une entité nuisible pour la société, dont la conséquence directe est d’en rajouter aux inconvénients déjà énormes de la lutte contre la pandémie à travers son processus préventif et d’intervention le cas échéant. Si l’on extirpe une certaine mentalité d’indiscipline invétérée, qui n’a aucune raison de se manifester dans une crise sanitaire de cette ampleur où le bon sens doit l’emporter sur toute autre considération, c’est, en fait, à une véritable culture de sous-développement que cette même société doit faire face en plus des immenses défis qu’elle doit affronter, dont celui de sauver des vies humaines reste la priorité des priorités. Comment donc agir avec ces attitudes individualistes et par extension complètement antisociales, qui se mettent carrément en porte-à-faux des normes de solidarité nationale auxquelles chacun de nous doit adhérer, lorsque le danger de voir le coronavirus s’étendre et devenir de plus en plus alarmant ? On peut tout reprocher à l’Etat dans sa politique de gestion d’un fléau qui semble l’avoir pris de court lorsqu’il s’est installé et a commencé à investir le terrain de la propagation massive et rapide. Avec ses moyens modestes et son infrastructure hospitalière et sanitaire très limitée, l’Etat a éprouvé et éprouve toujours les pires difficultés pour faire face, malgré les discours optimistes des gouvernants qui cherchent surtout à minimiser la catastrophe pour ne pas sombrer dans la panique. Si les négligences sont réelles dans la prise en charge rapide et rigoureuse, voire scientifique, de l’évolution de la menace virale, il reste que l’objectif premier a été de faire le maximum, et en fonction des conditions d’intervention disponibles, pour permettre à la courbe mortelle d’être à son niveau le plus bas. La protection humaine n’a pas de prix et ne peut faire l’objet d’aucune compromission politicienne. C’est la leçon que doivent méditer les «marginaux» du corona ainsi que tous les apprentis sorciers islamistes qui privilégient le fatalisme doctrinaire au réalisme scientifique.