«C’est une victoire du hirak»
Le juge près le tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a prononcé, jeudi, la relaxe à l’encontre de cinq militants de l’association RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse), a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Il s’agit de Hakim Addad, Hmimi Bouder, Djallel Mokrani, Ould Ouali Nassim, Massinissa Aïssous. Cadres très actifs de l’association RAJ, ces ex-détenus ont été arrêtés le vendredi 4 octobre 2019 dans un café à Alger, à l’issue de 33e vendredi de hirak. Présentés devant le juge d’instruction, ils seront placés en détention provisoire à la prison d’El Harrach pour «incitation à attroupement» et «atteinte à l’intégrité et l’unité du territoire». Ils seront mis en liberté provisoire depuis le 2 janvier dernier. Les membres du RAJ ont attendu longtemps avant que leur procès ne soit programmé. «Ce procès a été programmé à l’audience du 26 novembre après plusieurs renvois (2 avril, 23 avril, 7 mai, 18 juin, 2 juillet, 16 juillet, 30 juillet, 3 septembre, 17 septembre, 22 octobre…) au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger», détaille le CNLD. Pour le membre fondateur du RAJ, Hakim Addad, contacté par El Watan, la relaxe «n’est autre que la seule décision juste qui peut être prononcée par un magistrat qui se veut intègre et conscient de son rôle de dire le droit, que le droit, juste le droit. C’est apparemment ce qu’a fait le juge hier (jeudi). Ce n’est en rien une faveur ou une quelconque mesure d’apaisement du côté politique, car cela doit s’exprimer par la libération illico presto de tous les détenus du hirak encore en prison et la réhabilitation de tous ceux et celles passés par la case prison depuis juin 2019».
«UNE VICTOIRE DU DROIT SUR L’ARBITRAIRE»
«Je considère tout acquittement dont le mien comme étant une victoire du hirak lui-même. C’est le hirak qui par sa mobilisation permanente nous a fait sortir de prison et c’est aussi le hirak qui a maintenu la pression pour que des juges aient le courage et le soutien face à leur tutelle pour dire le droit et rendent justice en acquittant des citoyens-es. Il faut absolument maintenir ces mobilisations, pacifiquement bien sûr», souligne l’ancien président du RAJ qui précise qu’il reste sous contrôle judiciaire suite à son arrestation suivie d’une garde à vue et d’une perquisition à son domicile en juin dernier. «Là encore, j’espère que je serai libéré rapidement de cette mesure inique qui pèse lourdement sur le quotidien», espère-t-il. Pour le Parti des travailleurs, la relaxe des cadres du RAJ est «une victoire du droit sur l’arbitraire». Les relaxes «doivent appeler la libération des dizaines de détenus politiques et d’opinion qui croupissent encore dans les prisons dans le cadre de la criminalisation de l’action et opinion politiques. Mais aussi ceci doit signifier l’arrêt de la judiciarisation de la vie politique et du harcèlement judiciaire contre les militants, les syndicalistes, les journalistes et toutes celles et tous ceux qui contrarient la politique du gouvernement», estime le secrétariat permanent du bureau politique du PT. A ce jour, ils seraient 93 détenus d’opinion à être placés en détention provisoire à travers 33 wilayas, selon un décompte du CNLD, arrêté au 3 décembre dernier. «Le 6 décembre, il y aura la libération de Yanis Adjlia et probablement un nouveau détenu (celui en garde à vue à Bordj Bou Arréridj). Pour le moment, il y a eu un peu plus de 500 poursuites judiciaires. Et ce sont les mêmes chefs d’inculpation standard : attroupement, incitation à attroupement non armé, atteinte à l’unité nationale par des publications Facebook, atteinte à la personne du président de la République…», précise Kaci Tansaout, coordinateur du CNLD. Jeudi, le parquet près le tribunal de Sidi M’hamed a requis 2 ans de prison ferme et 100 000 DA d’amende à l’encontre de Fouad Ouicher et Saïda Deffour, cadres du RAJ. Le verdict est attendu pour le 10 décembre prochain.