«Les poursuites contre les hirakistes doivent cesser !»
Propos recueillis par Nadir Iddir Le tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a prononcé, jeudi dernier, la relaxe de cinq militants du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ). Des poursuites en justice sont cependant toujours engagées contre d’autres activistes du mouvement populaire…
Il y a, à ce jour, 93 détenus répartis à travers 33 wilayas. Le 6 décembre (aujourd’hui), il y aura la libération de Yanis Adjlia et probablement d’un autre détenu (celui gardé à vue à Bordj Bou Arréridj).
Pour le moment, nous avons affaire à un peu plus de 500 poursuites judiciaires. Les chefs d’inculpation sont les mêmes : «attroupement, incitation à attroupement non armé, atteinte à l’unité nationale par publications Facebook, atteinte à la personne du président de la République.» En gros ce sont celles qui reviennent le plus…
Avec la relaxe de quelques activistes du mouvement populaire, peuton s’attendre à des signes d’apaisement de la part des autorités ?
Non, il n’y a aucun signe d’apaisement. Plusieurs exemples nous confortent dans notre propos : il y a eu des relaxes dans les deux derniers procès tenus au tribunal de Sidi M’hamed (Alger). Des ex-détenus, arrêtés le 13 mars 2019 et mis en liberté provisoire le 2 janvier dernier, ont été jugés après 10 mois. Ils ont bénéficié de la relaxe, mais le parquet a décidé de faire appel. Et donc on doit s’attendre aussi à un appel du procureur du même tribunal de la décision de relaxe de nos amis du RAJ (Hakim Addad, Ould Ouali Kamel, Djalal Mokrani, Massi Aissous, Hmimi Bouider). Il y a eu dans deux procès à Bouira des relaxes et le parquet a fait appel. Il y a eu deux relaxes dans deux procès à Oran (affaire du port du drapeau amazigh) après plus de 17 mois d’instruction. Il y a d’autres relaxes à Batna, ou même à Sidi M’hamed pour des cas d’activistes qui n’étaient pas en détention.
Nous avons aussi constaté que plusieurs activistes ont été emprisonnés après une relaxe ou après avoir purgé leur peine, à l’instar de Mohamed Tadjadit, Hakim Mouhoubi à Alger, Yasser Kadiri de Timimoun (Adrar), Laalami Brahim à Bordj Bou Arréridj, Yanis Adjlia à Béjaïa... Il y en a d’autres qui sont harcelés par de nombreuses convocations à comparaître devant les tribunaux. Et même dans l’affaire de Yacine Mebarki, condamné en appel à un an de prison ferme à Khenchela, le parquet a fait appel. Notons que dans plusieurs autres wilayas, il y a toujours des condamnations, surtout en comparution immédiate. Ce qui ne laisse pas beaucoup de possibilités à la défense d’avoir accès au dossier. Il y a par ailleurs le cas de Rachid Nekkaz qui vient de boucler un an de détention ce 4 décembre. Il attend toujours la programmation de son procès.
Il y a aussi les situations délicates de détenus sans procès à ce jour…
Il y a le cas de l’étudiant Walid Nekiche dont le procès est programmé pour le 1 février 2021 à la session criminelle de la cour d’Alger, alors qu’il est en détention depuis novembre 2019. Le dossier de Walid Kechida a enfin été renvoyé jeudi devant tribunal correctionnel, en attendant la programmation de son procès dans les prochains jours. C’est déjà un début, car on sait que les avocats du collectif de défense des détenus d’opinion seront mobilisés pour arracher la liberté de ces deux détenus injustement incarcérés comme les autres. D’ailleurs, on doit rendre hommage à ces avocats qui ne ménagent aucun effort pour défendre les détenus dans toutes les wilayas, surtout en cette période de pandémie de Covid-19, où il y a eu au début d’avril jusqu’à la fin de l’été interdiction de toute visite familiale.
Donc en mon nom personnel et en celui du CNLD, nous tenons à rendre hommage aux avocats qui se sont mobilisés et qui continuent à faire quotidiennement un travail extraordinaire pour l’instauration d’un Etat de droit et l’indépendance de la justice, malgré les circonstances difficiles et les obstacles.
On se battra à leurs côtés pour la libération de tous les détenus d’opinion et politiques. Nous allons aussi nous mobiliser pour leur réintégration dans leurs postes de travail, car beaucoup parmi eux ont perdu leur emploi suite à leur détention.
Les wilayas du Sud ont eu leur lot de détentions. Il s’agit principalement de la wilaya d’Adrar…
Effectivement, il y a les détenus du Sud (Yasser Kadiri, Elaid Azzaoui, Mohad Gasmi, Hassan Laroui, Ameur Gerrache, Badi Abidine .... ) qui attendent aussi la programmation de leurs procès.
Ce que nous demandons et ce que tout le peuple algérien ne cesse d’exiger, c’est la libération immédiate de tous les détenus d’opinion, l’arrêt de toutes les poursuites judiciaires et l’annulation des jugements à l’encontre des activistes. D’ailleurs une précision, jamais au temps de Bouteflika, nous n’avons connu autant de convocations ou de procès pour atteinte à la personne du président de la République…