Des projets et des attentes
La région ouest bénéficie d’un certain nombre de projets pour le développement du rail Le plus ambitieux de ces projets reste la ligne électrifiée à double voie toujours en cours de réalisation et reliant Oran à Tlemcen en passant par Sidi Bel Abbès.
L’ambitieux programme national visant à rattraper le retard dans le développement du rail, hormis le projet de modernisation de la ligne existante qui traverse le pays d’est en ouest, concerne aussi des projets, souvent des lignes nouvelles, dont la finalité est de créer des maillages afin de relier entres elles un maximum de régions avec toutes les retombées que cela pourrait avoir sur le l’augmentation et la qualité de l’offre de transport ainsi que sur le développement économique. De manière générale, pour les projets en cours où ceux dont les études ont été lancées, l’option choisie concerne les trains raides à ne pas confondre avec les Trains à grande vitesse (TGV) qui eux exigent des études et des types de tracés qui ne sont pas à l’ordre du jour pour le moment. Les vitesses visées sont en général de 160 km/h mais aussi, et cela concerne les lignes nouvelles et électrifiées, de 220 km/h. C’est dans ce cadre là que la région ouest bénéficie d’un certain nombre de projets et le plus ambitieux reste la ligne électrifiée à double voie toujours en cours de réalisation et reliant Oran à Tlemcen en passant par Sidi Bel Abbes.
Si de manière générale, le taux d’intervention des entreprises algériennes est estimé à 60%, pour ce types de projets, le recours aux compétences internationales s’est révélé nécessaire et ce sont les italiens qui ont été retenus avec un bureau belgo-espano-algérien pour le suivi. Sur près de 130 km, la ligne sera, une fois en service, dotée des équipements les plus modernes (ERTMS et GSM-R) pour assurer la sécurité des trains. Cette ligne a nécessité la réalisation de plus d’une centaine d’ouvrages d’art dont une bonne cinquantaine de la catégorie grands ouvrages et c’est particulièrement le cas du viaduc enjambant l’oued Isser (un des affluents de la Tafna) de 1,8 km de long reposant sur des piles atteignant pour certaines jusqu’à 114 m, ce qui en fait le pont ferroviaire le plus haut d’Afrique. Le
projet comporte aussi la réalisation d’un tunnel de plus de 600m à l’entrée de la ville de Tlemcen qui a bénéficié de la rénovation de sa gare. La ligne est extensible jusqu’à la frontière ouest sur une soixantaine de km. A propos de nouvelles lignes, la région est également concernée par un tronçon devant relier Oran (à partir de Hassi Mefsoukh) à Mostaganem sur 56 km. Le renouvellement de la voie reliant Oran (à partir d’Es-Sénia) à Ain Témouchent sur une cinquantaine de km a été à l’ordre du jour comme l’était l’étude concernant son électrification. La ligne Oran-Arzew après un quart de siècle de retard a finalement été concrétisée et est fonctionnelle depuis 2011 mais il a fallu l’étendre sur 7 km en 2017 pour permettre aux travailleurs de la zone industrielle qui le désirent à emprunter ce mode de transport. Les études concernant les dessertes à partir de la ligne principale reliant l’ouest à l’est du pays, à l’instar des tronçons Ghazaouet-Beni Saf (cette ville étant déjà raccordée depuis 2015 à la ligne passant à proximité), Ain TémouchentSidi Bel Abbès sur 60 km, RelizaneMostaganem sur 55 km ou Chlef-Ténès sur 50 km contribue à la concrétisation de ce maillage dont il était question au tout début du programme pensé il y a 20 ans et qui devra s’étaler dans le temps à l’horizon 2035. Pour beaucoup de projets, dont les études ont été réalisées mais dont les travaux n’étaient pas entamés à cause de la crise économique liée à la chute du prix des hydrocarbures, la concrétisation dépend de la disponibilité des moyens financiers.
Les projets ne concernent pas uniquement le nord du pays. La ligne Saida-Moulay Slissen sur 120 km réalisée en 2017 est extensible à Tiaret. La ligne Mecheria-El Bayadh, dont les travaux ont été entamés en 2013, participe de cette volonté d’étendre l’accès au rail à un maximum de régions et donc de populations. Aussi, prévue au programme pour une étude à lancer, l’extension de la ligne Oran-Naama-Béchar, qui est prévue pour atteindre les mines de Ghar Djebilet dans la wilaya de Tindouf, répond bien au souci de contribuer au développement économique. En plus du développement du fret par rail (qui ne représente qu’une part infime en ce moment) grâce aux différents maillages. Il est en effet question, entre autres, d’acheminer le minerai de fer jusqu’au complexe sidérurgique Tosyali implanté à Bethioua pour le transformer. Dans un premier temps, ce complexe s’est occupé du recyclage des déchets ferreux auparavant exportés sans valeur ajoutée. Ensuite, on est passé à l’importation du minerai par voie maritime. A terme, c’est donc le minerai de Ghar Djebilet transporté en grandes quantités par rail qui pourra être transformé ici. Tous ces projets sont chapeautés par l’Agence nationale des études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif), une entité de type EPIC créée à cet effet en 2005 sous la tutelle du ministère des transports et qui ne dépend pas de la SNTF, la société qui exploite ces lignes. Les responsables de l’Agence avaient déjà indiqué qu’une vingtaine d’entreprises algériennes entre publiques et privées participent au programme avec une incidence réelle sur l’emploi et notamment le recrutement d’ingénieurs résidant dans les localités concernées par les tracés. Un emploi relativement durable car il faudra aussi tenir compte, ultérieurement, de l’entretien des lignes et des équipements parfois de haute technologie. A propos d’entretien, les responsables SNTF de la Direction régionale déléguée à l’infrastructure (DRDI) à EsSénia tirent la sonnette d’alarme au sujet des atteintes constatées sur les lignes desservant Arzew et celle desservant Aïn Témouchent (qui englobait la navette Oran-université d’Es-Sénia). Il s’agit d’actes de sabotage mais aussi parfois des constructions illicites qui ne cessent de grignoter du terrain en se rapprochant de plus en plus des voies, ce qui constitue un danger. Ici on estime que «certains le font exprès pour être relogés en priorité.»