Le jeu trouble de Guterres
L’Union africaine ( UA) a ouvert hier son sommet avec pour thème «Faire taire les armes», qui coïncide malheureusement avec un net regain de tension dans le Nord-Ouest de l’Afrique. Le Maroc a en effet violé l’accord de cessez-le-feu conclu en 1990 avec le Front Polisario sous l’égide de l’ONU. Le document stipule clairement que les forces marocaines restent cantonnées à l’intérieur du mur de sable qu’elles ont édifié avec le concours technique des généraux israéliens. Or, Rabat a annulé cet accord en ouvrant une brèche dans le mur dans la zone dite de Guerguerat pour développer un trafic commercial routier avec les pays francophones de l’ouest du continent. Une provocation et une nouvelle agression que ne pouvait supporter l’armée sahraouie qui avait jusque-là joué la carte de l’apaisement.
De fait, la réaction légitime du Front Polisario a trouvé de la compréhension dans le monde entier. Celui-ci a compris que Rabat veut imposer le fait accompli à la communauté internationale.
Il a été encouragé par le comportement étrange et complice à la fois du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Celui-ci est devenu un facteur de blocage et, indirectement, un fauteur de guerre. En effet, il fait la sourde oreille pour la nomination de son représentant personnel pour le Sahara occidental dont la mission principale est d’oeuvrer pour engager le processus visant à l’organisation du référendum d’autodétermination des Sahraouis. Tant que cette nomination n’a pas lieu, il est impossible de parler de référendum. De ce fait, il y a lieu de s’interroger sur l’obstruction de M. Guterres qui est en train de travailler dans le sens recherché par les Marocains. La logique veut qu’il soit disqualifié parce que son comportement bloque l’application du droit international et toutes les résolutions de l’ONU et du Conseil de sécurité sur le sujet. Il a certainement reçu des promesses d’impunité. Sinon, il ne se serait jamais permis un tel dépassement indigne d’un secrétaire général de l’ONU.
C’est là où l’Union africaine doit peser de tout son poids pour faire respecter la légalité internationale. En 2017, elle avait accepté l’intégration du Maroc en son sein à condition qu’il cesse de remettre en cause les frontières héritées à l’indépendance. Malheureusement, il a renié ses engagements et poursuivi sa politique agressive en prétendant, il y a de cela deux ans, que la Mauritanie fait partie du Maroc, une revendication qu’on croyait abandonnée définitivement, ce qui pousse les Algériens à se mettre à nouveau sur leurs gardes. L’Union africaine peut exercer des pressions sur le Conseil de sécurité, même si des puissances non africaines mettront des bâtons dans les roues. Sinon, les risques d’embrasement du Nord-Ouest africain seront grands. Surtout que les foyers de tension ne manquent pas dans la région et ne cherchent qu’à s’étendre.