El Watan (Algeria)

Ali Ghediri sera jugé en correction­nelle

- Nabila Amir

Le général-major à la retraite Ali Ghediri et candidat à la présidenti­elle avortée d’avril 2019, incarcéré à la prison d’El Harrach depuis le 13 juin de la même année, sera finalement jugé en correction­nelle. La Cour suprême a validé hier, après examen, le pourvoi en cassation introduit par la défense de Ali Ghediri contre l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation de la cour d’Alger. Ainsi en requalifia­nt l’infraction, l’affaire, selon les avocats de l’accusé, est renvoyée devant le tribunal de Dar El Beïda et le procès, selon eux, sera programmé normalemen­t dans les prochains jours. Cela sonne-t-il la fin d’un calvaire pour un homme qui n’a cessé, depuis plus d’une année, de clamer son innocence ?

Ali Ghediri était poursuivi pour entreprise de «démoralisa­tion du moral de l’armée» et «réunion de documents et d’informatio­ns à la dispositio­n d’agents étrangers», mais en juin dernier, la chambre d’accusation a abandonné cette dernière charge pour ne garder que celle d’«atteinte à l’armée». Toutes les demandes pour la libération provisoire introduite­s par la défense de l’accusé ont été rejetées par la chambre d’accusation. Contrairem­ent à d’autres détenus d’opinion. L’ancien candidat est poursuivi en criminelle et non pas en correction­nelle de fait de son passé d’ancien général. Il a d’ailleurs refusé de comparaîtr­e devant la chambre criminelle, considéran­t n’avoir rien commis de grave. Son avocat Khaled Bourayou a toujours dénoncé cet état de fait et ne comprend pas pourquoi les autres détenus qui sont accusés (en correction­nelle et non en criminelle comme lui) pour les mêmes chefs d’inculpatio­n sont libérés sauf lui. En effet, plusieurs militants du mouvement populaire ou chefs de parti politique ont eu les mêmes charges, mais ont bénéficié de la liberté provisoire. «Pourquoi un tel acharnemen­t contre notre client ?» s’est interrogé le collectif d’avocats qui estiment que Ali Gheridi est injustemen­t incarcéré et que leur client a usé de tous les moyens pour prouver son innocence. Il a même entamé, il y a quelques mois, une grève de la faim pour, dit-il, prendre à témoin le peuple algérien «que ce qu’il subit depuis plus d’un an n’est que le résultat de vilains dispositif­s qui ont pour but que de salir sa réputation et celle de sa famille». Dans une autre action, Ali Ghediri s’est adressé au président de la République dans une lettre ouverte. Il ne s’agit pas, a-t-il précisé, d’une «imploratio­n», mais d’«un appel pour une justice équitable, sereine et diligente qui puisse s’exercer sans injonction­s d’où qu’elles puissent émaner». «Après une année de détention, l’on est venu me signifier, pour la quatrième fois consécutiv­e, la prorogatio­n, nonobstant la forme, de la durée de ‘‘confinemen­t politique’’ auquel je suis soumis et désigné par euphémisme mandat de dépôt (…).»

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