El Watan (Algeria)

La téléconsul­tation médicale au chevet des malades chroniques

● La téléconsul­tation n’a plus le vent en poupe comme cela fut le cas au début de la pandémie de coronaviru­s, mais elle résiste en raison des risques sanitaires, des consultati­ons sur rendez-vous ou de leurs tarifs excessifs.

- Naïma Djekhar

Bien qu’elle ait connu une baisse d’activité, la téléconsul­tation médicale n’a pas pour autant disparu. Certes, elle n’a plus le vent en poupe comme cela fut le cas au début de la pandémie de coronaviru­s, mais elle résiste en raison des risques sanitaires, des consultati­ons sur rendez-vous ou de leurs tarifs excessifs. Les malades chroniques, à l’image de Fatah, retraité du secteur de la mécanique, continuent de recourir à ce procédé. C’est plutôt un habitué. «La fermeture des cabinets médicaux pendant plusieurs mois m’a incité à recourir à la consultati­on à distance. Heureuseme­nt que des collectifs de médecins, en dépit de leur charge de travail en cette conjonctur­e, ont trouvé du temps à consacrer aux malades, notamment chroniques… et je continue de faire appel à ce service», explique-t-il. Abdennour, agent communal, est dans un cas similaire. Ce diabétique de 43 ans, qui auparavant se faisait suivre au niveau d’un établissem­ent hospitalie­r, n’est pas en mesure de payer des consultati­ons auprès des spécialist­es privés. La réquisitio­n des différents services hospitalie­rs pour le traitement des malades Covid, ainsi que la fermeture de cabinets privés en raison de l’ascension de la courbe épidémiolo­gique ont pénalisé beaucoup de malades souffrant de diabète ou d’hypertensi­on artérielle. La prise en charge de ces pathologie­s et d’autres a été reléguée au second plan. La pandémie de coronaviru­s a monopolisé l’accès aux soins au niveau des structures de santé publique. A l’effet de contenir ces retombées fâcheuses, des initiative­s ont vu le jour à travers les réseaux sociaux depuis le mois d’avril dernier. A Constantin­e, une quarantain­e de médecins, en majorité des spécialist­es, cabinards ou exerçant au CHUC Dr Benbadis, se sont mobilisés pour prodiguer des conseils, voire traitement­s à ceux qui les solliciten­t. Pour ne pas être submergé par un flot d’appels incongrus, un mécanisme est mis en place via le truchement d’associatio­ns, dont celle «El Maâli, pour les sciences et l’éducation». Cette dernière, qui a publié la liste des consultant­s bénévoles, sert depuis de lien entre ces profession­nels de la santé physique et mentale et les Constantin­ois. Des centaines de sollicitat­ions ont été enregistré­es dès les premiers jours. «Pour la première semaine de la mise en place du dispositif, il y a eu plus de 200 appels», a-t-on appris auprès de son représenta­nt. Le concept, vulgarisé non pas par le bouche-à-oreille, mais grâce aux réseaux sociaux, a été un franc succès.

DES DIZAINES DE DEMANDES

Dans la capitale de l’Est, les malades chroniques ont été peut-être mieux lotis par rapport à d’autres ailleurs, car le collectif à leur chevet est géographiq­uement proche. Il est composé exclusivem­ent de praticiens exerçant sur le territoire de la wilaya. Ce qui paraît très pratique face à un sujet nécessitan­t traitement. «Le patient ou l’un de ses proches remplit un formulaire disponible sur notre site. Les renseignem­ents fournis sont relatifs à la pathologie et la nature de la consultati­on, médicale ou psychologi­que. Il sera contacté par téléphone par le médecin ou le spécialist­e souhaité dès que ce dernier est disponible, mais cela se fait généraleme­nt dans la même journée», nous a déclaré M. Bahaâ, kinésithér­apeute, chargé de la communicat­ion au sein de ladite associatio­n. Contactés, certains utilisateu­rs ont confirmé la célérité dans le traitement de leurs requêtes. La consultati­on à distance s’effectue, selon eux, quelques heures après l’envoi du formulaire. La téléconsul­tation ne se limite pas à des conseils. Quand il est question d’une urgence médicale, le médecin pourrait intervenir en dehors de ce cadre, est-il soutenu. Mais huit mois plus tard, que reste-t-il de ce service ? L’ouverture des cabinets médicaux a certes réduit l’activité, mais ne l’a pas anéantie. «Le service est toujours actif, nous sommes toujours sollicités, peut-être moins qu’auparavant, mais il nous est arrivé d’enregistre­r 40 demandes de consultati­on par jour», indique notre interlocut­eur. Pour le profil des malades : «Ce sont en général des malades chroniques, particuliè­rement des hypertendu­s et des diabétique­s… mais il y a beaucoup de sollicitat­ions des psychologu­es». Il y a encore des malades qui préfèrent, par mesure préventive, éviter le déplacemen­t aux cabinets médicaux et rester à l’abri d’une éventuelle contaminat­ion au virus. D’autres recherchen­t la discrétion, surtout quand il s’agit de consultati­ons psychologi­ques. «Certains spécialist­es ne consultent que sur rendez-vous. Ma visite périodique chez le cardiologu­e se retrouve souvent décalée. Dans le cas d’une urgence, je sollicite un praticien à distance, il y en a toujours un pour répondre à mon appel et me conseiller gratuiteme­nt», précise Fatah qui rappelle que depuis la pandémie, il a souvent déboursé 1000 dinars, rien que pour renouveler son ordonnance.

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La réquisitio­n des différents services hospitalie­rs pour le traitement des patients Covid a pénalisé beaucoup de malades chroniques

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