Le Maghreb uni par le couscous
Le couscous, plat traditionnel et héritage culturel commun à tous les pays du Maghreb dont l’origine remonte à la protohistoire, vient d’être classé sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’Unesco.
Symbole parfait de la relation communielle et du partage, le couscous est de toutes les cérémonies importantes de l’homme comme le mariage, la circoncision, la naissance ou la mort. Il se consomme, en général, dans un grand plat commun autour duquel se réunissent les convives. Même s’il a fait aujourd’hui le tour du monde et des cultures, il est un élément fondamental de l’identité culinaire des pays de l’Afrique du Nord. C’est à ce titre que le comité intergouvernemental de l’Unesco pour le patrimoine immatériel, actuellement réuni pour une semaine, jusqu’au 19 décembre, vient de le classer au patrimoine de l’Unesco.
Ce mercredi 16 décembre 2020, au palais de la Culture, c’est à l’Algérie, à travers sa ministre de la Culture et le directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) qu’a échu l’honneur de présenter ce dossier commun préparé conjointement avec le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie devant le comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine immatériel. Le dossier porte sur les savoirs et savoir-faire et pratiques liés à la préparation et à la consommation du couscous. Au menu du comité intergouvernemental de l’Unesco, pas uniquement du couscous, mais 47 dossiers de candidatures de «pratiques, représentations, expressions et savoir-faire transmis de génération en génération au sein d’une communauté».
Le couscous étant l’un des éléments de l’identité culinaire nord-africaine, il est question de classer tous les savoirs et savoir-faire qui sont liés à la préparation du couscous et à tous les rites qui accompagnent sa consommation. Tous les savoirfaire depuis la céréaliculture, la transformation des grains de blé en farine et en semoule, la fabrication des tamis, la confection des repas avec tous les ingrédients comme les légumes, les viandes et les épices. Une fois le repas prêt, vient ensuite la consommation. Il y a d’abord la symbolique du partage, car le couscous est un plat qui se consomme très souvent dans un cadre familial et communautaire et accompagne beaucoup de rites comme les mariages, les cérémonies funèbres, les circoncisions, etc. Après l’adoption du projet de décision sur le projet du couscous, la ministre de la Culture a remercié le comité de préparation du dossier ainsi que les pays frères qui y ont participé, souhaitant au passage qu’il y ait d’autres dossiers communs entre les pays du Maghreb étant donné le très riche patrimoine culturel commun.
«Nous savons que la céréaliculture est très ancienne en Afrique du Nord. Des témoignages archéologiques attestent que le roi Massinissa l’avait développée quasiment à l’échelle industrielle. Des traces archéologiques prouvent même qu’il avait fait des dons de blé à Rome et à la Grèce, entre autres. En réalité, les fouilles du site préhistorique de Gueldamen attestent que la céréaliculture est beaucoup plus ancienne et qu’elle date de l’époque du néolithique», nous a affirmé Farid Kherbouche, directeur du Cnrpah.
A noter que l’Algérie compte cinq éléments de son patrimoine immatériel sur la liste représentative de l’Unesco. Il s’agit de l’Ahellil du Gourara, du costume nuptial de Tlemcen, de l’Imzad, du Rakb de Ouled Sidi Cheikh et du Sbuâa, célébration du Mawlid ennabaoui à Timimoun.
Par contre, l’Algérie a choisi de retirer le dossier de classement du raï qu’elle avait déposé en 2016. Selon ce que nous avons appris auprès de certains responsables de la culture, ce dossier n’avait pas la consistance et la solidité à même de garantir ses chances de succès. Etoffé et enrichi, il fera probablement l’objet d’une autre présentation dans un futur qui reste à déterminer.