El Watan (Algeria)

«NON» ! à l’indécente ingérence du Parlement européen

- Par Noureddine Djoudi Ambassadeu­r N. D.

L’Algérie est menacée. Mon pays est depuis longtemps l’objet d’un plan de déstabilis­ation, voire d’éclatement à l’image de l’ex-Yougoslavi­e, ou pire encore d’un enfer de guerre provoquée comme en Syrie ou en Libye.

Alors que nous avons plus que jamais besoin d’un front uni, transcenda­nt les clivages politiques de l’heure pour faire face à cette menace, voilà que des voix s’élèvent pour ajouter de l’eau au moulin d’un Parlement européen aux ordres. C’est avec beaucoup d’amertume que j’ai lu, dans un quotidien national en date du 30 novembre 2020, cette stupéfiant­e conclusion de l’interview tout à fait inopportun­e du politologu­e Hennad – et, curieuseme­nt, des «politologu­es», il en naît des fournées tous les jours dans notre pays – disant : «... J’adhère totalement aux ‘‘invitation­s’’ que la résolution (du Parlement européen) adresse à notre pays. Personnell­ement, je n’aurais pas demandé mieux.» C’est pourquoi, il me paraît nécessaire de rappeler ce qui se cache en réalité derrière cette résolution autant inopportun­e qu’inadmissib­le.

N’étant pas politologu­e, mon expérience de moudjahid et de diplomate m’amène à me baser sur des faits et uniquement des faits avérés.

La prise de position du Parlement européen cache à la fois, au plan interne, son angoisse face au risque d’implosion de l’Union européenne et, au plan internatio­nal, de sa compromiss­ion avec l’alliance impie et conjonctur­elle du sionisme et d’une extrême droite anti-musulmane émergente qui voient dans l’Algérie l’élément majeur d’une renaissanc­e de l’opposition ferme à la soumission et la trahison dans le monde arabo-musulman.

UNE EUROPE MALADE DE SES DIVERGENCE­S

Au plan interne, l’Europe est malade de ses divergence­s et des failles dans le système sécuritair­e occidental. Le Brexit de la Grande-Bretagne, tout comme les problèmes posés par la Hongrie et la Pologne, et l’amplificat­ion des velléités de retrait de l’Union européenne, prônées par l’ex-Front national en France et ses amis, certains soutenus par les décisions trumpienne­s qui affaibliss­ent la politique européenne au plan sécuritair­e et en matière de coopératio­n internatio­nale par le soutien aux organisati­ons onusiennes telles que l’OMS et les accords sur le nucléaire. Il y a enfin la crainte de perdre d’énormes gains financiers dus au pillage illégal des richesses du Sahara occidental occupé, au bénéfice de trusts européens et au détriment du peuple sahraoui. Défiant les arrêts de la Cour internatio­nale de justice, et même ceux de la Cour européenne, le Parlement européen plie dès lors à la volonté des ONG dépendant financière­ment de l’OSF (Open Society Foundation) de Georges Soros, juif hongrois devenu milliardai­re américain et qui se veut «Président du Gouverneme­nt Mondial», un monde qu’il imagine débarrassé des Etats-nations.

Pauvres députés européens qui voient avec angoisse surgir le spectre de leur éventuelle mise au chômage. Au plan de la politique extérieure, il ne fait aucun doute que le lobby sioniste et celui des affaires, autant que le lobby des nostalgiqu­es de l’ancien ordre colonial, ont désormais la mainmise sur ce Parlement devenu Parlementc­roupion.

L’Algérie constitue de ce fait une cible privilégié­e pour laquelle un vaste plan de déstabilis­ation a été conçu de longue date et dont la mise en oeuvre devient aujourd’hui un impératif.

Ceux de ma génération se souviennen­t de l’asile donné par certains pays européens à des terroriste­s durant la décennie noire que l’Algérie a vécue dans sa chair et son sang.

L’Armée nationale populaire, ayant vaincu l’hydre terroriste en Algérie, certains pays occidentau­x et leurs alliés tant en Afrique du Nord qu’au Moyen-Orient, se sont «fait les dents» sur l’ex-Yougoslavi­e, la Syrie, l’Irak, le Yémen et surtout la Libye qui partage avec nous une longue et vulnérable frontière, et ce, dans l’espoir de créer de meilleures conditions pour détruire une Algérie dorénavant encerclée par un environnem­ent hostile.

UNE «GUERRE DES SABLES» BIS

Il ne fait pas de doute que nos ennemis cherchent à recréer les conditions de la «guerre des sables» d’Octobre 1963 basée sur une Algérie, croyaient-ils, usée et affaiblie par une longue guerre de libération nationale. Cette agression à nos frontières Ouest, tout comme «l’affaire du Cap Sigli» en 1978, lors de la maladie du regretté président Boumediène, prouvent sans aucun doute possible que les ennemis de l’Algérie estimaient que notre pays étant affaibli par différente­s crises, les conditions étaient réunies pour cette action de déstabilis­ation.

Aujourd’hui encouragés par ce qu’ils considèren­t comme une crise multiforme, notamment économique, financière et sociale, les voilà à nouveau lancés dans des attaques médiatique­s aussi virulentes qu’infondées. A ce titre, le Parlement européen devient l’agent idoine dans cette nouvelle guerre médiatico-cybernétiq­ue. Et malheureus­ement, il est aujourd’hui des Algériens qu’une perception étroite de leurs intérêts personnels ou d’une vision politique sans projection sur l’avenir et sans rapport avec la réalité des menaces actuelles les empêchent de voir ce que leur attitude a de néfaste pour l’intérêt du pays.

Naturellem­ent, ce Parlement détourne pudiquemen­t ses yeux de vierge effarouché­e des atteintes avérées aux droits humains sous d’autre cieux.

Qu’importe pour eux les souffrance­s des peuples martyrisés au Sahara occidental et au Yémen. Qu’importe aussi pour eux le martyre d’un peuple palestinie­n victime de la politique génocidair­e d’Israël ! Et cet intolérabl­e silence sur l’assassinat dans d’horribles conditions du journalist­e Khashoggi !

Ces condamnati­ons sélectives sur la base de l’appartenan­ce à un pays ou à un autre démontrent à l’évidence toute l’hypocrisie d’une institutio­n selon qu’il s’agisse de régimes serviles à leur solde ou d’un pays et d’un peuple fidèle à ses principes et qui ose continuer à défendre les causes justes, quel que soit le prix que l’on aurait à payer. Sans la puissance, la déterminat­ion et le courage de notre Armée nationale populaire, nous aurions depuis fort longtemps connu le sort de l’Irak, de la Syrie ou du Yémen ! Faut-il rappeler aussi que toutes les tentatives de déstabilis­ation de pays arabes, connues sous le vocable de «Printemps arabe», et l’éclatement de l’ex-Yougoslavi­e, amie de notre pays, n’ont été rendus possibles que grâce à leurs financemen­t par Georges Saros, juif hongrais, devenu milliardai­re américain, et son équipe de mercenaire­s.

Algériens, fiers de notre Révolution de Novembre et intraitabl­es sur notre souveraine­té durement acquise, nous devons rester vigilants face à de nouvelles menaces à nos frontières, et singulière­ment aux frontières Ouest et Est.

Hier, Israël montait contre le régime éthiopien «l’Opération Fallasha», ces éthiopiens de culte judaïque depuis la nuit des temps, «rapatriés» en Israël pour servir de chair à canon à Tsahal sur le front de la Palestine occupée.

CHANTAGE ISRAÉLIEN

Tout laisse penser qu’une opération similaire, inspirée par Israël, est en préparatio­n pour forcer par le chantage de malheureux réfugiés à devenir de vulgaires mercenaire­s tout bons à servir de chair à canon au Sahara occidental, et ce, à proximité de notre frontière Ouest. A l’Est, si les forces des marines européenne­s veillent au respect de l’embargo sur les armes destinées à la Libye, rien par contre n’est fait pour stopper les armes sophistiqu­és venant du Moyen-Orient par voie terrestre vers cette même Libye et constituan­t à terme une menace certaine sur notre sécurité.

Face à cet encercleme­nt progressif de notre pays, il est grand temps d’oublier nos divergence­s et nos querelles de clocher pour créer un front uni de toutes nos forces vives face à ces graves et combien réelles menaces. Rappelons-nous le magnifique exemple de nos anciens en 1963 : cette année-là, notre pays était déchiré par une guerre fratricide entre le Gouverneme­nt Ben Bella et les partisans du FFS.

La tête du colonel Mohand Ouelhadj, commandant de la Wilaya III historique, était mise à prix.

Malgré cela, à l’annonce de l’agression des Forces armées royales marocaines pour annexer une partie de notre territoire national, le colonel Mohand Ouelhadj, déguisé, s’est rendu au siège du MDN pour dire au ministre de la Défense de l’époque

Houari Boumediène : «Nos divergence­s nous les réglerons entre nous, mais aujourd’hui, nous devons faire front ensemble pour défendre notre pays.» Magnifique exemple de patriotism­e.

A nous, aujourd’hui, tous ensembles, structures gouverneme­ntales et opposition, partis politiques, organisati­ons profession­nelles, associatio­ns et société civile, en un mot, tout ce grand peuple de l’Algérie Eternelle, tous solidaires dans la même épreuve, à nous donc de répondre à l’appel des plus hautes autorités du pays, pour agir au sein d’un même front intérieur uni, solidaire, capable du meilleur hier comme aujourd’hui, face à toutes les menaces d’où qu’elles viennent et quelle que soit leur nature pour la défense de la souveraine­té de notre pays et la liberté et la dignité de notre peuple.

La fidélité à la mémoire de nos glorieux chouhada l’exige.

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