“Accord de Paris, cinq ans après : un nouvel appel pour une action collective
«Pour concrétiser la vision de Paris, la reprise de la crise engendrée par la Covid-19 et la lutte contre le changement climatique doivent aller de pair»
Le 12 décembre 2020, jour qui a marqué le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris, un certain nombre de dirigeants du monde se sont réunis lors du «Sommet pour l’ambition climatique» pour célébrer et rendre hommage à la détermination de tant de personnes à oeuvrer pour un développement durable et un monde plus sûr avec les émissions nettes de gaz à effet de serre réduites à zéro. Un monde dont nous pouvons être fiers de léguer à nos petits-enfants.
Au milieu de la pandémie et de ses conséquences économiques néfastes, est-il réaliste d’appeler à une action mondiale plus forte pour lutter contre le changement climatique ? La réponse est oui : nous considérons que c’est maintenant plus pertinent que jamais.
De plus en plus, nous assistons à des événements climatiques extrêmes avec des effets dévastateurs. A l’instar des pays de sa région, l’Algérie est particulièrement affectée par la désertification et la dégradation des sols et se trouve plus que jamais confrontée à la recrudescence de ces événements.
En outre, la récurrence des cycles de sécheresse, devenus plus longs désormais, accentue la désertification. A une échelle globale, la question qui se pose devant les sécheresses en Afrique, les incendies massifs en Australie et dans plusieurs pays européens, les inondations au Pakistan, les ouragans intenses en Amérique et les typhons en Asie est : pouvonsnous nous permettre de laisser les choses s’empirer ?
L’Union européenne s’est engagée à mener une transition verte. En décembre 2019, la Commission européenne a lancé le Pacte Vert pour l’Europe, il s’agit d’un nouveau modèle de croissance économique et sociale qui s’accompagne d’une feuille de route pour atteindre la neutralité climatique dans les pays de l’UE d’ici 2050.
Nous alignons aux objectifs du Pacte Vert nos politiques dans des domaines allant de l’énergie à l’industrie, en passant par l’agriculture ou la biodiversité.
Le Pacte Vert pour l’Europe vise aussi à transformer l’économie européenne en faisant de l’action climatique une opportunité de croissance et développement. De façon similaire, nous sommes convaincus que la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation de l’environnement et la transition énergétique peuvent représenter des opportunités importantes pour contribuer à la diversification et au développement de l’économie algérienne. La science est irréfutable : pour la prospérité future, nous devons aller au-delà de l’économie nocive du carbone et investir dans la dé-carbonisation de l’économie mondiale. Nos plans de relance à tous les niveaux devraient devenir l’occasion de «reconstruire en mieux».
Nous le devons aux prochaines générations: grandes victimes des conséquences sociales et économiques de la pandémie, elles devront supporter le fardeau du changement climatique et rembourser la dette de la reprise. Pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, pas plus tard que le vendredi 11 décembre 2020 les 27 pays de l’UE ont convenu à l’unanimité de réduire à l’horizon 2030 leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% par rapport aux niveaux de 1990. Cela offrira une prévisibilité à nos entreprises et accélérera davantage la baisse rapide des coûts des technologies à faible émission de carbone.
Nous sommes conscients que nos plans pour une reprise verte en Europe ne suffiront pas si nous ne parvenons pas à impliquer nos partenaires internationaux.
Aucun gouvernement ne peut lutter seul contre le changement climatique. C’est pourquoi les questions liées au Pacte Vert pour l’Europe et à la reprise verte seront au coeur des dialogues politiques avec nos principaux partenaires, l’Algérie parmi eux. Ces questions orienteront également les priorités de la coopération et de l’assistance financière européenne.
Il y a enfin un sentiment d’une dynamique mondiale qui émerge pour tenir la promesse de l’Accord de Paris et assurer notre avenir sur cette planète.
Le Japon a rejoint l’UE et a adopté l’objectif de la neutralité climatique 2050, et d’autres visent à réduire à zéro les émissions nettes vers le milieu du siècle (Afrique du Sud, Corée du Sud et Chine). Le Canada a annoncé une nouvelle loi sur la neutralité climatique et le président élu Biden a indiqué que les États-Unis iraient dans la même direction. En parallèle avec l’acheminement des 100 milliards de dollars de financement climatique destinés aux pays en développement, la communauté internationale devrait profiter de cette dynamique. A ce sujet, il est attendu que les négociations sur le climat,censées reprendre en novembre prochain dans le cadre de la COP26 à Glasgow, sous coprésidence italienne et britannique, fassent de l’objectif des émissions nettes nulles au milieu du siècle un objectif global pour toutes les parties.
Cinq ans après la signature de l’Accord de Paris, il est plus que jamais important que nous élaborions des stratégies claires pour arriver à l’objectif des émissions nettes nulles et que nous, à savoir la communauté internationale entière,puissions améliorer notre niveau d’ambition à l’horizon 2030.
Nous devrons également encourager de petites actions individuelles pour atteindre un grand impact collectif. C’est l’effet «boule de neige» dont nous avons besoin à partir de l’Accord de Paris.
Avec la neutralité climatique comme direction de voyage, le monde peut mobiliser ses meilleurs ingénieurs, hommes et femmes d’affaires, décideurs politiques, artistes, universitaires, associations et citoyens et citoyennes pour protéger ensemble quelque chose que nous partageons tous au-delà des frontières et des espèces : notre planète.
Contributeurs :
Elisabeth Wolbers, ambassadeur d’Allemagne, Peter Elsner-Mackay, ambassadeur d’Autriche, Alain Leroy, ambassadeur de Belgique, Ilja Zelalic, ambassadeur de Croatie, Vanessa Vega Saenz, ambassadeur du Danemark, Fernando Moran Calvo-Sotelo, ambassadeur d’Espagne, Marja Joenusva, ambassadeur de Finlande, François Gouyette, ambassadeur de France, Gyorgy Pantos, ambassadeur de Hongrie, Giovanni Pugliese, ambassadeur d’Italie, Janna van der Velde, ambassadeur des Pays-Bas, Witold Spirydowicz, ambassadeur de Pologne, Luiz de Albuquerque Veloso, ambassadeur du Portugal, Marcel Alexandru, ambassadeur de Roumanie,Anders Wollter, chargé d’affaires de Suède, Lenka Pokorna, ambassadeur de Tchéquie, John O’Rourke, ambassadeur, Délégation de l’Union européenne.