Les frontières sont fermées, mais pour qui ?
Reconduction sans surprise des mesures de confinement, interdiction de prendre un café dans un café ou de voyager à l’étranger. Pour tous ? Non, il y a une catégorie qui prend normalement l’avion avec une compagnie étrangère, puis par un petit coup de téléphone se fait normalement inscrire sur les listes de rapatriement et rentre au pays avec cette licence d’importation octroyée. Qui ? Le plus important est qui leur donne l’autorisation et à quel titre, c’est-à-dire encore une fois qui centralise la décision pour offrir des faveurs aux proches. S’ils ne sont pas les seuls à voyager, les footballeurs de l’équipe nationale le font aussi, de même que l’équipe de handball qui s’envolera aujourd’hui pour un stage en Pologne, ce sont ces passe-droits qui sont à l’origine du hirak, sur l’idée que tout le système bureaucratique des autorisations est une stratégie pour que les mieux placés profitent d’avantages au détriment des autres. En économie ou en information, c’est le même problème pour les journaux bénéficiaires de l’ANEP, les producteurs de films bénéficiaires de subventions ou pour le fichier national du logement censé écarter ceux qui ont plusieurs logements, ce qui n’a pas empêché El Hamel d’en prendre une vingtaine. Le peu d’empressement des pouvoirs publics à publier ces listes traduit évidemment l’idée citée plus haut, les interdictions au nom de la sécurité ou du contrôle ne sont là que pour ouvrir de petites portes. Les télévisions offshore ont le droit d’émettre en Algérie, d’y couvrir l’actualité, de recevoir des ministres et percevoir des recettes publicitaires, mais il est interdit à un(e) Algérien(ne), avec un siège en Algérie, de monter une télévision. Oui, dans le cas du logement, le wali Zoukh habite aujourd’hui en prison, mais est-ce que le problème est réglé ? Non, parce que ceux qui sont censés régler le problème sont les premiers à qui la solution poserait un problème, sans solution. Et un problème sans solution n’est pas un problème, mais une constante.