L’année de tous les bouleversements
Dans la mémoire collective des Algériens, il y a l'année des sauterelles, l'année du typhus… Désormais s'y ajoute l'année de la Covid-19. Une année stressante, avec ses morts, ses larmes, sa catastrophe économique. L'Algérie a pu résister à cette pandémie qui a déclaré la guerre à toute l'humanité. Il faut rendre hommage au corps médical, à nos scientifiques qui n'ont pas désarmé face à l'ennemi invisible et qui ont payé le prix fort ; des femmes et des hommes qui rappellent ces héros de Novembre 1954. Grâce à leurs sacrifices, nous sommes devenus des hommes libres et fiers, des citoyens à part entière prêts à s'investir pour la sauvegarde de l'Algérie. Certes, il y a eu des couacs, mais des pays riches et développés eux aussi ont paniqué face au fléau. L'Algérie s'en sort plutôt bien, et on ne cessera jamais de le répéter, grâce à ses hommes et à ses femmes en blanc. Reste l'année qui commence. La menace est toujours là avec un virus qui mute sans cesse et qui, selon les scientifiques, peut créer des situations effroyables. Jusque-là, notre système de santé a fait ses preuves. Pourvu que ça dure.
Par contre, 2019-2020 a été une année merveilleuse pour l'Algérie sur le plan politique. Le peuple, que l'on croyait résigné, soumis devant l'arrogance d'aventuriers qui se partageaient sans vergogne le «gâteau Algérie», s'est brusquement réveillé, tel un volcan, pour reprendre son destin en main. Il a suffi d'une étincelle à Khenchela, qui a touché ensuite Kherrata pour qu'un nouveau 1er Novembre éclate en Algérie. Le hirak est né. D'Est en Ouest, du Nord au Sud, des marées humaines sont sorties dans les rues pour réclamer la justice, la liberté, la citoyenneté, la fin de la corruption, horrible phénomène qui a gangrené notre pays, l'a mis à genoux et donné un coup terrible à son développement. De pays émergent, l'Algérie est devenue un pays en perdition. Un homme l'a voulu ainsi. Abdelaziz Bouteflika, mandaté par on ne sait qui, a décidé de renvoyer le pays à l'âge de pierre. Pour cela, il a mis au point un plan criminel visant à vider les caisses de l'Etat au profit d'une nouvelle classe «d'hommes d'affaires», sortis d'on ne sait où, qui ont pillé sans vergogne nos banques. Son frère Saïd l'a secondé dans cette opération qui s'apparente à un véritable complot qui n'a pas encore révélé tous ses secrets. Heureusement que le hirak est venu pour mettre fin à la gabegie. Le mot «béni» n'est pas assez fort pour le qualifier. Le peuple algérien a sauvé in extrémis l'Algérie d'une catastrophe programmée. Les dégâts sont tels, et les complicités des hauts placés étaient si nombreuses que la machine judiciaire est débordée. Le pays s'est débarrassé de Bouteflika, des cadres dirigeants et de toute cette faune de pseudo hommes d'affaires pourris.
Si le hirak renaît de ses cendres, on pourra alors rêver d'une merveilleuse année 2021.