El Watan (Algeria)

«JE N’AI JAMAIS COMPLOTÉ CONTRE MON PAYS»

- S. T.

Très amaigri, mais très vif, Saïd Bouteflika répond au magistrat qui lui demande ce qu’il avait comme fonction à la Présidence. «Avant de vous donner la réponse, je dois dire quelques mots en une ou deux minutes. Bismi Allah

Errahmane errahim (au nom de Dieu le Miséricord­ieux)», dit-il avant que le juge ne l’interrompe : «Poussez-vous

à droite.» L’accusé refuse mais le magistrat insiste en lui expliquant que c’est pour mieux le voir. Saïd Bouteflika s’execute et poursuit sa déclaratio­n : «Je suis là pour des accusation­s très graves. Dieu m’en est témoin. Je suis innocent de tous les faits qui me sont reprochés. Je n’ai jamais comploté contre mon pays, mon peuple ou mon armée.» Le magistrat l’interrompe une seconde fois : «Vous anticipez sur le débat…» L’accusé réplique : «Donnezmoi deux minutes seulement. Je n’ai jamais comploté contre mon pays, mon peuple ou mon armée. Je ne veux pas revenir sur les détails et les faits, que je laisse à l’histoire. Il n’y a qu’un seul responsabl­e, qui est le président de la République, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika, qui a consacré sa vie à son pays et à son peuple.» Le président lui coupe la parole. «Laissez cela pour après. Ce n’est pas le moment…» Me Hadjouti, l’avocat de Saïd Bouteflika, réagit : «Permettez-lui de s’exprimer. Il veut dire des choses…» Le juge fait signe à l’accusé de prendre la parole. Il revient à la carrière de son frère Abdelaziz Bouteflika qui, dit-il, «a donné sa jeunesse à la libération du pays, et sa vie pour ce dernier. Il n’a jamais trahi son peuple et n’a jamais été de ceux qui prônent la vengeance, la haine et la revanche». Le président lui rappelle qu’il vient d’épuiser les minutes demandées, mais

l’accusé continue : «Je n’ai pas encore terminé. Aujourd’hui, lui et les membres de sa famille se retrouvent qualifiés de ‘‘issaba’’ (bande). Il se retrouve assigné à résidence, emprisonné, injustemen­t et illégaleme­nt pour cette affaire et d’autres, préfabriqu­ées et imaginaire­s. Mon frère n’a jamais parlé. Il s’est résigné au silence. Je vous prie de m’épargner les questions, pour ne pas blesser avec mes réponses. Jugez avec votre conscience. Si vous décidez, soyez justes et équitables. Je me retrouve avec une lourde accusation de complot, d’avoir usurpé les fonctions de mon frère, utilisé son cachet et pris des décisions à sa place. Abdelaziz Bouteflika est toujours vivant. Si son avis avait été pris à cette époque, j’aurais accepté la décision de la justice. Le juge doit être équitable. Merci et je m’en remets à Dieu.» Le juge : «Pourquoi refusez-vous de répondre aux questions ?» L’accusé : «Pour ne pas blesser. Si vous voulez que je parle, je le

fais.» Le juge : «Vous ne reconnaiss­ez pas les faits ?» L’accusé : «Je les rejette tous. Je suis innocent. Je n’ai pas peur des questions, mais je ne veux pas blesser.»

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