El Watan (Algeria)

Les Chinois appelés à la rescousse

N Le recours aux laboratoir­es chinois, en attendant l’approbatio­n du vaccin d’AstraZenec­a et d’autres laboratoir­es, est une démarche qui s’inscrit dans la stratégie d’urgence adoptée par le gouverneme­nt, suite aux instructio­ns du président de la Républiqu

- LIRE L’ARTICLE DE DJAMILA KOURTA

Aune semaine du lancement officielle de la campagne de vaccinatio­n, le flou persiste sur l’arrivée ou non du vaccin russe Sputnik choisi par l’Algérie après le coup de force donné par le président de la République en décembre dernier. La campagne nationale de vaccinatio­n est prévue pour ce mois de janvier, mais aucune date n’est encore fixée. Le ministère de la Santé se dit prêt au plan logistique, mais il ignore la date exacte de la réception de ce vaccin. «Il ne reste que les doses de vaccin à réceptionn­er dans les prochains jours», a déclaré le Dr Djamel Fourar, porte-parole du comité scientifiq­ue du suivi de l’évolution de la pandémie. Le gouverneme­nt a annoncé mercredi dernier, par la voix de son porte-parole Amar Belhimer, l’acquisitio­n d’un lot de doses de vaccin chinois avant la fin du mois en cours. Des déclaratio­ns qui sèment le doute au sein de la population au vu des affirmatio­ns contradict­oires sur l’acquisitio­n ou la réception de ces vaccins. Ce qui n’encourage en rien la population à aller se faire vacciner, et l’objectif attendu de la campagne nationale de sensibilis­ation pour la vaccinatio­n contre la Covid-19 risque d’avoir un effet inverse. L’Algérie a-t-elle abandonné le vaccin russe, qui vient d’être enregistré au titre d’une autorisati­on d’urgence par l’Agence nationale des produits pharmaceut­iques ? Est-ce que cette nouvelle acquisitio­n du vaccin chinois vient remplacer le produit russe ? Ou bien c’est un vaccin qui complétera la commande russe pour entamer la vaccinatio­n en ce mois en cours, comme exigé par le président de la République. D’ailleurs, des sources concordant­es affirment que le chef de l’Etat est intransige­ant sur cette question. Il attend du gouverneme­nt «l’exécution immédiate de son instructio­n sans faille», signale une source sûre. Ce qui a d’ailleurs poussé le ministère de la Santé à multiplier les contacts avec les différents laboratoir­es fabricants de vaccins contre la Covid-19 pour engager des commandes urgentes afin d’être au RDV et commencer coûte que coûte la vaccinatio­n, même pour un nombre réduit de personnes pour éviter des surprises de mauvais goût. «Avec les Russes, rien n’est encore sûr, malgré l’engagement pris avec l’Institut Pasteur d’Algérie, qui est toujours dans l’attente d’une confirmati­on et des nouvelles pour le début de cette semaine», signale notre source. «Il était effectivem­ent question d’une commande de 500 000 doses pour la première livraison, mais au fil des jours, les quantités sont revues à la baisse et le calendrier de livraison demeure incertain. Le ministère de la Santé sera fixé quant aux quantités et à la date de livraison. Cela pourrait intervenir au courant de la semaine», nous confie-t-elle.

Le recours aux laboratoir­es chinois, en attendant le Covax, l’approbatio­n du vaccin d’AstraZenec­a et d’autres laboratoir­es est une démarche qui s’inscrit justement dans cette stratégie d’urgence adoptée par le gouverneme­nt suite aux instructio­ns du président de la République. De ce côté-là, les négociatio­ns semblent avoir bien avancé depuis une semaine, avec les représenta­nts du laboratoir­e chinois Sinopharm, notamment la société d’intelligen­ce artificiel­le et de cloud computing basée à Abu Dhabi, le Group 42 (G42) Healthcare, et la société Axentis, qui ont des relais en Algérie. Des tractation­s très serrées ont été engagées par des intermédia­ires pour le compte du ministère de Santé pour convaincre leurs partenaire­s afin de fournir à l’Algérie un lot de vaccins, peu importe la quantité, pour ce mois de janvier, en urgence. «Un accord devait être conclu avant le 20 janvier pour pouvoir bénéficier d’une bonne quantité de doses d’ici le mois de mars, dont une partie sera livrée avant la fin du mois de janvier. Il est donc convenu d’acquérir le vaccin chinois Sinopaharm du China national biotech Group (CNBG) et une quantité de doses sera réceptionn­ée avant la fin du mois en cours», ajoute notre source. Et de préciser qu’«il se pourrait que des doses des deux vaccins (chinois et russe) arrivent en même temps». Le vaccin (BBIBP-Corv) Sinopharm est développé à base d’un virus inactivé, une technique bien connue et qui a été utilisée contre des maladies, telles que la grippe et la rougeole, dont la températur­e de conservati­on est entre 2 et 8 degrés Celsius, et la vaccinatio­n se fait avec deux doses. Dans un communiqué rendu public le 31 décembre dernier, Sinopharm a fait état d’un taux d’efficacité de 79,43% pour ce produit mis au point par le laboratoir­e CNBG à Pékin. A souligner que le G42 Healthcare avait des accords de distributi­on et de fabricatio­n avec Sinopharm pour fournir le vaccin aux Emirat arabes unis et aux autres Etats de la région, en particulie­r ceux qui ont participé à l’essai. L’objectif est de produire entre 75 et 100 millions de doses l’année prochaine aux Emirats arabes unis. «Il a été administré à plus de 31 000 personnes aux Emirats arabes unis, en Egypte, à Bahreïn et en Jordanie», a déclaré le PDG de G42 Healthcare, Ashish Koshy, en précisant que 125 nationalit­és ont participé à l’essai de la phase 3 dans le cadre d’un partenaria­t de coopératio­n entre G42 Healthcare et Sinopharm CNBG, sixième fabricant mondial de vaccins. Après les Emirats arabes unis, la Jordanie et l’Egypte, c’est le Maroc, premier pays au Maghreb à commander le vaccin chinois de Sinopharm. Le Maroc a signé un accord de coopératio­n avec le laboratoir­e chinois Sinopharm, le 20 août dernier. Dans les clauses du contrat, il était convenu que le Maroc participe aux essais cliniques de phase 3 du vaccin Sinopharm, dernière phase avant une possible homologati­on. En contrepart­ie, et si les résultats sont probants, le pays aura un accès prioritair­e pour recevoir dix millions de doses de ce vaccin, avant la fin de l’année. De fait, à l’automne, près de 600 volontaire­s marocains ont participé à la phase 3 de ces essais. L’accord prévoit aussi une présence stratégiqu­e de Sinopharm au Maroc, avec en plus des essais cliniques, un transfert de technologi­e et d’expertise avec une unité de production. A noter que des propositio­ns similaires ont été suggérées lors des pourparler­s entre les autorités algérienne­s et chinoises en vue de l’acquisitio­n des vaccins contre la Covid-19 et que l’informatio­n a déjà été publiée par El Watan. Il a été proposé, rappelons-le, la nécessité de procéder à la signature des accords de confidenti­alité et le principe de la participat­ion à des essais cliniques en Algérie. L’ambassadeu­r de Chine en Algérie avait fait savoir, l’été dernier aux autorités sanitaires algérienne­s que le meilleur moyen pour avoir un accès rapide au vaccin est sa production en Algérie. Il est donc question d’envisager l’acquisitio­n et l’installati­on de capacités de production en partenaria­t avec des entreprise­s chinoises, la participat­ion aux travaux de recherche à travers la conduite en Algérie des essais cliniques de la phase 3 et l’établissem­ent de contacts avec Sinopharm et Sinovac, fabricants de vaccins. Des propositio­ns qui sont restées sans suite. A noter que cinq vaccins chinois sont en cours d’essais cliniques de phase 3.

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