La déficience visuelle, un sujet d’actualité
La 14e édition du Salon international de l’optique et de la lunetterie (SIOL Alger 2021), organisé par RH. International Communication du 4 au 6 mars à l’Ecole supérieure d’hôtellerie et de la restauration de Aïn Benian (Alger), a été un carrefour d’échanges entre professionnels de l’optique pour découvrir, grâce aux exposants, de nouvelles technologies dans leur profession et ainsi améliorer la prestation fournie aux patients, notamment les plus jeunes. Depuis la première édition, des ateliers professionnels ont permis à des ophtalmologistes d’apporter leurs contributions dans la formation continue de l’opticien en abordant les questions fondamentales qui doivent être maîtrisées pour mieux prendre en charge les prescriptions médicales et mieux les exécuter, évitant ainsi aux patients les allersretours entre ophtalmologistes et opticiens.
Sollicité pour nous donner son éclairage, le Dr Abdelkader Messadi, ophtalmologiste, Clinique source de la vision, à Bir Mourad Raïs, a affirmé : «Le problème de la déficience visuelle est un sujet d’actualité en Algérie. En effet, les principales causes sont multiples. Chez l’adulte, la cataracte représente la principale cause de cécité évitable et occupe la première place des actes chirurgicaux, toutes spécialités confondues. Une statistique datant de quelques années recensait déjà 100 000 procédures chirurgicales par an pour cette maladie. Chez l’enfant, les troubles rétractifs, tels la myopie, l’hypermétropie ou l’astigmatisme, représentent plus de 42% des déficiences visuelles, avec une prédilection pour les moins de 15 ans.»
Avec l’avènement des nouvelles technologies, en particulier les écrans sous toutes leurs formes (smartphone, tablette, télévision, ordinateur, console de jeux vidéo), des prévisions sérieuses font état d'un développement exponentiel de la myopie à l’horizon
2050, «ce qui déclenchera une épidémie de la myopie par
surexposition aux écrans», précise notre interlocuteur. Face à un écran, les enfants ont une attitude concentrée. Ils peuvent rester des heures les yeux rivés dessus. En se concentrant ainsi sur un élément à quelques centimètres de distance, les yeux se fatiguent plus vite et, surtout, prennent l’habitude de ne plus voir au loin. Chez l’enfant, on occulte encore un problème majeur de santé publique qui touche 3 à 5% d’entre eux et qui s’appelle l’amblyopie, consistant en une différence notable du niveau de vision d’un oeil en comparaison avec l’autre. «Cette pathologie, si elle n’est pas détectée à temps et traitée avant l’âge fatidique de 6 ans, expose l’enfant à devenir le borgne de demain, avec toutes les conséquences fâcheuses pour son avenir professionnel et psychologique. En effet, il n’aura pas accès à tous les métiers dans les corps constitués, la navigation aérienne ou maritime et le transport
routier. Sans compter les troubles psychologiques, comme la crainte permanente de perdre l’autre oeil et la perte de l’estime
de soi», explique le Dr Abdelkader Messadi. Ce sujet doit être intégré dans la liste des problèmes de santé publique pour lesquels il faudra donner les moyens de dépistage précoce et de prise en charge. La prédominance des troubles visuels chez l’adulte et l’enfant exige une prise en charge précoce et régulière par des consultations régulières chez l’ophtalmologiste.
Dans cette perspective, l’ophtalmologiste et l’opticien ont des rôles complémentaires, avec respect des prérogatives des uns et des autres. L’ophtalmologiste se chargera des examens et des prescriptions, y compris des lentilles de contact, qui est un acte strictement médical. L’opticien, à l’instar du pharmacien, se chargera de l’exécution des prescriptions des lunettes ou des lentilles.