L’investissement otage des lourdeurs bureaucratiques
Sur 2541 projets approuvés depuis 2011, seuls 909 (40%) ont pu entrer en exploitation totale ou partielle.
La promotion des investissements dans la wilaya de Boumerdès peine à se traduire dans les faits. Les chiffres de l’Agence locale de développement de l’investissement (ANDI) révèlent que «64 projets, tous secteurs confondus, éligibles aux avantages de l’Etat ont été enregistrés pour l’année 2020 contre 80 en moyenne durant les années précédentes», selon le directeur de l’agence, M. Benabdeslam. En fait, l’investissement s’est toujours heurté à des obstacles qui persistent. En tête, le sempiternel problème du foncier. La demande dépasse de loin l’offre. Est-ce à dire que les investisseurs qui ont pu obtenir un terrain ont concrétisé leurs projets ? Depuis 2011, sur 2541 projets avalisés, seuls 909 ont pu entrer en exploitation totale ou partielle ; soit 40% pour un montant de 1,828 milliard de dinars. De plus, au lieu des 41 969 emplois prévisionnels, 7104 ont été effectivement créés dans les domaines de l’industrie (704), BTPH (345), transport (1187), agriculture (47), tourisme (33), services (197) et la santé (28). En somme, 60% des projets d’investissement n’arrivent pas à terme. Si on exclut les prédateurs du foncier, il reste un bon nombre d’investisseurs qui ont été dissuadés par les obstacles bureaucratiques et bancaires.
Entre l’arrêté d’attribution de terrain signé par le wali et l’acte de concession délivré par les domaines, il peut se passer des mois ou, pire, des années. Puis, il faudra attendre le permis de lotir avec la même élasticité. Ces problèmes sont accentués par les retards dans la viabilisation des zones d’activité. Enfin, intervient le quitus des services d’urbanisme. Le parcours du combattant se poursuit au niveau des banques dont le fonctionnement est tributaire d’accords de commissions locales pouvant être remis en cause par la commission nationale. Et vis-versa. Kafkaïen.
En moyenne, un investisseur attend 4 à 5 ans pour espérer sortir du tunnel procédurier. On imagine la perte d’argent que cela lui occasionne. «Parler d’investissement ne signifie pas lui accorder l’attention qu’il mérite», constate cet investisseur blasé par les discours électoralistes des politiques. «Hélas, il y a des directions qui mettent des mois, voire des années, pour traiter un dossier. Quant aux banques, surtout publiques, elles ne prennent même pas la peine de répondre. Quand elles le font des années plus tard, elles refusent à un investisseur pour un motif qui n’est plus valable pour un autre investisseur de profil économique similaire», reconnaît M. Benabdesselam. Pourtant, cet investisseur est passé par le guichet unique de l’ANDI, qui a pour missions l’accompagnement et le suivi, voire l’annulation pour les faux investisseurs. Toutefois, ses prérogatives ne sont pas exemptes d’embûches. Un exwali, par exemple, s’est permis d’accorder des arrêtés d’attribution d’assiettes foncières à des investisseurs qui n’ouvrent pas droit en faisant fi de la validation de l’agence de développement de l’investissement. Pourtant, c’est par l’entremise de celle-ci que les avantages fiscaux et parafiscaux de réalisation puis d’exploitation sont accordés. Malgré son importance, l’Andi n’a aucune idée sur la nouvelle mouture de la loi sur l’investissement.