El Watan (Algeria)

Le général Bouazza devant le tribunal militaire le 30 mars

l L’ancien patron de la Sécurité intérieure, le général Wassini Bouazza, sera déféré le 30 mars devant le tribunal militaire de Blida l Il s’agit de la deuxième affaire, liée à quatre griefs correction­nels, pour laquelle il est poursuivi, en attendant que

- Salima Tlemçani

L’ex-directeur général de la Sécurité intérieure, le général Wassini Bouazza, comparaîtr­a, le 30 mars, devant le tribunal militaire de Blida, pour quatre nouvelles accusation­s, «nonrespect des consignes militaires», «trafic d’influence», «enrichisse­ment illicite» et «entrave au travail de la justice». Pour ce dernier grief, il est question «d’interféren­ce» de l’ancien patron de la DGSI dans l’enquête judiciaire, liée à l’ex-patron de la police Abdelghani Hamel, à travers son «interventi­on» auprès du parquet général près la cour d’Alger et de la Cour suprême, pour permettre à la fille de l’ex-Directeur général de la Sûreté nationale de bénéficier de la liberté provisoire et de quitter la prison, après avoir été placée sous mandat de dépôt par le juge d’instructio­n près le tribunal de Sidi M’hamed, dans le cadre de l’enquête sur l’affaires des «indus avantages» (des biens fonciers et immobilier­s) octroyés à l’épouse et aux trois enfants de Hamel. Le général Bouazza sera jugé avec deux autres officiers de ses services, l’ancien chef de la sécurité intérieure pour Alger, le colonel Aït Amara, dit Yacine, et l’exdirecteu­r des enquêtes judiciaire­s, déjà poursuivi par le tribunal militaire de Blida dans le cadre du dossier du général Bachir Tartag, ex-coordinate­ur des services de renseignem­ent militaires, et lié aux fonds (argent et bijoux) saisis au domicile de Mme Maya, de son vrai nom, Zoulikha Nachinèche, prétendue fille cachée du Président déchu.

Ce procès est le deuxième du général Bouazza après celui de mars 2020, à l’issue duquel il a été condamné à une peine de 8 ans de prison ferme pour «faux et usage de faux», «atteinte à corps constitué», «détention d’arme à feu et de munitions de type 4», confirmée quatre mois plus tard par la cour d’appel criminelle militaire de Blida. Mais, c’est le troisième dossier actuelleme­nt en instructio­n auprès du tribunal militaire de Blida qui risque de peser lourdement sur le sort de l’homme fort du défunt chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, d’autant que le magistrat militaire instructeu­r a qualifié des faits d’actes criminels, précisent nos sources. Il s’agit de ses «interféren­ces» dans le processus de l’élection présidenti­elle du 12 décembre 2019, en jouant la carte de l’ex-ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, au détriment des autres candidats. Des consignes avaient été données à de nombreux walis, qui ont mis le paquet, financière­ment, humainemen­t, matérielle­ment et médiatique­ment pour booster la candidatur­e de l’ex-secrétaire général du RND. Des actes que la justice militaire a qualifiés d’«entraves à l’opération électorale», «non-respect des consignes militaires» et «trafic d’influence».

CAMPAGNE MÉDIATIQUE À TRAVERS LES RÉSEAUX SOCIAUX

A ces derniers s’ajoutent d’autres griefs liés à la campagne médiatique que le général Bouazza est accusé d’avoir menée à travers les réseaux sociaux en recourant à une armée de mouches électroniq­ues, tantôt pour discrédite­r le mouvement de contestati­on populaire, tantôt pour s’attaquer à des figures emblématiq­ues du hirak ou à des personnali­tés politiques et tantôt pour diviser les rangs de ce dernier. En bref, des faits qualifiés de «non-respect des consignes militaires» et «diffusion d’informatio­ns classées secret militaire» et qui tombent sous le coup du tribunal criminel.

C’est dire que la chute du général Bouazza, après une ascension fulgurante, est fracassant­e.

Il y a quelques années, rien ne le prédisposa­it à un poste aussi stratégiqu­e et aussi puissant. Il avait passé la plus grande partie de sa carrière au service de l’infrastruc­ture au sein du commandeme­nt des forces de défense aérienne du territoire, avant d’être promu directeur de l’infrastruc­ture militaire. Un poste stratégiqu­e aussi bien pour l’argent, à travers les budgets colossaux alloués aux nombreux programmes d’investisse­ment pour les équipement­s et les infrastruc­tures militaires consacrés par le ministère de la Défense, mais aussi au réseau des hommes d’affaires, des sociétés et des entreprene­urs, notamment dans le domaine du bâtiment et des travaux publics. Du coup, Bouazza devient l’incontourn­able officier et l’un des plus informés sur les hommes d’affaires, notamment ceux qui gravitaien­t autour du frère cadet et conseiller du Président déchu.

Dès la démission de ce dernier sous la pression de la contestati­on de la rue, Wassini est promu à la tête de la Sécurité intérieure, et devient l’homme le plus puissant de feu Gaïd Salah, qui en fait d’ailleurs son «bras armé» pour mettre en prison tous ceux qui étaient dans le premier cercle du régime de Bouteflika, à commencer par le frère de ce dernier, les deux Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, de nombreux ministres, hommes d’affaires, députés, mais aussi l’ancien patron du DRS, le général Toufik, et des officiers supérieurs en activité, dont des chefs de forces.

Dès la mort de Gaïd Salah, après l’élection présidenti­elle du 12 décembre 2019, le général entame sa descente en enfer, d’abord par son arrestatio­n musclée par les officiers de la direction de la sécurité de l’armée au siège du ministère de la Défense, alors qu’il était convié à une réunion de travail. C’était en avril 2020. Déféré devant le tribunal militaire, il a été placé sous mandat de dépôt.

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Wassini Bouazza

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