La vaccination au ralenti
Lancée le 30 janvier dernier, la campagne nationale de vaccination contre la Covid-19 peine à prendre sa vitesse de croisière. Jugée très lente par rapport aux autres pays, notamment nos voisins au Maghreb, cette lenteur est liée directement aux retards dans l’approvisionnement des lots de doses de vaccins. Le ministère de la Santé a pourtant déclaré que près d’un million et demi de doses devait être réceptionné à la fin du mois de février. «Nous attendons toujours des doses de vaccin pour poursuivre la vaccination. Les doses de rappel ont été faites. Les inscriptions sont toujours en cours, que ce soit sur le registre pour les personnes qui se présentent à notre niveau ou sur la plateforme du ministère de
la Santé», telle est la réponse des équipes de vaccination dans les différents centres où nous nous sommes rendus. Ayant épuisé tous les stocks, soit 100 000 doses du vaccin Sputnik V, de celui d’AstraZeneca, les centres de vaccination proposent actuellement le vaccin chinois de Sinopharm, un don de 200 000 doses de la Chine a été distribué à travers le territoire national, a indiqué le Dr Fourar, porte-parole du comité scientifique de suivi d e l’évolution de la pandémie. «Toutes les doses importées (AstraZeneca et Sputnik V) avaient jusqu’à présent été consommées, à l’exception du vaccin chinois, qui n’est pas encore épuisé», a-t-il indiqué. Un vaccin au virus inactivé qui a montré son efficacité dans son pays d’origine, signale le Pr Abdelkrim Soukhal, expert en épidémiologie, qui venait tout juste de se faire vacciner. «Je fais partie de la population cible, comme indiqué dans la stratégie nationale de vaccination. Je fais partie du corps médical, âgé de plus de 65 ans et malade chronique. Je viens d’avoir ma première dose du vaccin chinois de Sinopharm et tout va bien pour moi. C’est un vaccin classique, conçu à base d’un coronavirus inactivé. C’est le même principe que le vaccin de la grippe saisonnière que j’ai l’habitude de faire», a-t-il rassuré. Et de signaler : «Toutes les données relatives à l’acte vaccinal et à mon identité sont portées sur un registre, un RDV est déjà pris pour la deuxième dose dans les prochaines semaines et une carte de vaccination m a été remise.» Le Pr Soukhal a tenu à saluer l’équipe du centre de vaccination pour «son professionalisme» et pour «le respect des directives nationales et les recommandations de l’OMS pour l’accomplissement de l’acte vaccinal». Le spécialiste a rappelé que la vaccination et le cinquième pilier de la prévention contre la Covid-19, bien après la désinfection, la distanciation physique, le port du maque et l’hygiène des mains. Au niveau de l’EPSP de Zéralda, fort de ses trois centres de vaccination, Staouéli, Zéralda et Souidania, a vacciné hier plus d’une trentaine de personnes avec le vaccin chinois, dont 8 du corps médical. Selon le Dr Kandil Adnan, chef de service d’épidémiologie et de médecine préventive (Semep) à l’hôpital de Staouéli, la vaccination est toujours en cours. «Nous avons assuré la vaccination avec les deux doses contre la Covid-19 de 70 personnes, dont le personnel de santé et la catégorie des personnes âgées et malades chroniques, avec les vaccins Sputnik V et AstraZenzca. Actuellement, nous poursuivons l’opération avec le vaccin chinois de Sinopharm. Nous avons reçu 900 doses pour vacciner 450 personnes. Nous attendons les prochains quotas et nous comptons ouvrir un quatrième centre. Toutes les données relatives à l’acte vaccinal – le numéro de lot, les coordonnées de la personne vaccinée et autres informations – sont inscrites sur un registre en attendant la connexion à la plateforme du ministère de la Santé», a-t-il dit, tout en précisant que les citoyens accueillent favorablement cette vaccination, la preuve est que «nous avons enregistré à notre niveau de nombreuses inscriptions pour la prise de RDV».
Pour Samia Hamadi, directrice de la prévention chargée des maladies transmissibles, l’accélération de la vaccination n’est qu’une question de temps. «Aujourd’hui, les centres de vaccination suivent toutes les instructions du ministère de la Santé, dans le respect des recommandations de l’OMS. Toutes les dispositions sont prises pour assurer une vaccination en toute sécurité. Toutes les données relatives à la vaccination, qui est un acte médical, sont introduites dans la plateforme dédiée à cette opération. Ce qui permettra une traçabilité et un suivi des patients. Un RDV pour la deuxième dose est fixé sur place et une carte de vaccination est remise à la personne concernée», a-t-elle souligné. Et de préciser que «les prochaines livraisons des doses de vaccin ne vont pas tarder à arriver».
Le nombre d’inscrits sur la plateforme pour la prise de RDV pour la vaccination contre la Covid-19 a atteint mardi 18 850 citoyens, tous âges confondus, a indiqué Samia Hamadi, souhaitant que de nouveaux inscrits arrivent en force. «Tous ces inscrits seront convoqués soit par téléphone ou par SMS pour être vaccinés dans les centres de vaccination de leur lieu de résidence, selon l’ordre de priorité», a-elle ajouté. Interrogée sur «l’exclusion» du corps médical privé, selon son syndicat, le Dr Hamadi affirme qu’«il n’y a aucune différence entre les deux secteurs, public et privé». Et d’appeler les médecins libéraux à s’inscrire sur la plateforme numérique en vue de bénéficier de cette opération. «Ils sont tout autant prioritaires que leurs collègues du secteur public, et l’instruction du ministère de la Santé est claire à ce propos. J’invite ces médecins à se rapprocher des centres de vaccination au niveau des centres hospitaliers ou des EPSP pour être inscrits et convoqués en priorité», a-t-elle ajouté. A la question de savoir quel est le taux de vaccination au sein de la corporation médicale, la directrice de la prévention a souligné que «l’opération est toujours en cours et le recueillement des données se poursuit».