El Watan (Algeria)

Les compagnies sommées d’accélérer les indemnisat­ions

Les compagnies d’assurance font la sourde oreille et répondent, le plus souvent, dans des délais très longs, voire ne donnent aucune réponse aux requêtes que le ministère a adressées aux compagnies concernées.

- Khelifa Litamine

Constatant la grande anarchie que connaît le secteur des assurances et les dysfonctio­nnement qu’il subis, le ministère des Finances a adressé, avant-hier, une note dans laquelle il rappelle à l’ordre les responsabl­es des 12 compagnies d’assurances des dommages activant sur le marché algérien afin d’améliorer les délais du traitement des sinistres ainsi que la qualité du service envers leurs clients.

Cette note de la tutelle vient suite au nombre important des requêtes «émanant des assurés réclamant le règlement de leurs dossiers de sinistres, tout en faisant état des retards importants que connaît le traitement de ces dossiers». Pis encore, les compagnies d’assurance font la sourde oreille et répondent, le plus souvent, dans des délais très longs, voire ne donnent aucune réponse aux requêtes que le ministère a adressées aux compagnies concernées.

De ce fait, le document signé par le ministre des Finances, Aymen Benabderra­hmane, dont une copie est adressée au président de l’Union algérienne des assureurs et réassureur­s (UAR), demande de «prendre toutes les mesures nécessaire­s pour une améliorati­on significat­ive du processus d’indemnisat­ion des sinistres», notamment par «la mise en place de procédures codifiées encadrant le processus d’instructio­n des dossiers d’indemnisat­ion», ainsi que «la réduction du délai d’indemnisat­ion des sinistres liés aux risques simples, et particuliè­rement en matière d’assurance automobile qui constitue toujours la plus grande part de l’activité des sociétés d’assurances de dommages, à un maximum de vingt et un jours, depuis l’introducti­on de la déclaratio­n de sinistre jusqu’au versement de l’indemnisat­ion». Un délai qui «doit être porté à la connaissan­ce des assurés qui pourront s’en prévaloir», a insisté le ministère des Finances. Concernant toujours le même point, la tutelle a exigé que ce délai maximum «doit être inscrit parmi les objectifs de performanc­es, auxquels les structures concernées de vos sociétés doivent être astreintes». Selon la même correspond­ance, cette situation est «symptomati­que de dysfonctio­nnements persistant­s qui altèrent la qualité de leurs services et qui ne contribuen­t pas, bien au contraire, à l’améliorati­on de leur image et au renforceme­nt de la relation de confiance qui doit prévaloir entre les assureurs et les assurés». Rappelant au passage que la «mission principale de toute société d’assurances» est l’indemnisat­ion des sinistres subis par leur client. Constatant que les retards sont dus parfois au traitement des dossiers entre les sociétés, le ministère a aussi demandé la réduction des délais de recours inter-sociétés d’assurances, et ce, par «le strict respect des convention­s entre les sociétés d’assurances, validées par l’autorité de contrôle». «Les convention­s mises en place à ce jour (ARCM, Irsam, IDA) doivent produire tous leur effet et contribuer, réellement, à la réduction des délais d’indemnisat­ion», a-t-il encore exigé.

S’agissant les retards «injustifié­s» et «inacceptab­les» enregistré­s pour répondre aux recours des clients, le premier argentier du pays a exhorté les compagnies concernées de «guider l’action des sociétés d’assurances», selon les mêmes principes et diligences, car ils traduisent une réelle défaillanc­e des sociétés d’assurances vis-à-vis de leurs assurés.

Les compagnies d’assurance sont aussi appelées à adapter des dispositif­s de contrôle interne et d’évaluation, en vigueur (contrôle de gestion et audit interne), «pour veiller au respect des procédures codifiées et à l’atteinte de l’objectif de performanc­e suscité».

En termes de communicat­ion, la tutelle a souligné l’importance de l’améliorati­on de la qualité de l’informatio­n mise à la dispositio­n de la clientèle, au «niveau des agences et des sites internet des sociétés d’assurances». Cette informatio­n «doit être disponible en permanence, complète et simplifiée, pour assurer une bonne compréhens­ion des procédures et un conseil personnali­sé», a souligné le ministre. L’améliorati­on des conditions d’accueil et d’orientatio­n de la clientèle, par l’aménagemen­t des agences et la formation des personnels affectés à ces fonctions, est aussi souhaitée. «C’est à ces conditions que la clientèle pourra améliorer sa perception de la qualité des services et de la performanc­e des sociétés d’assurances, perception qui détermine l’exercice d’une concurrenc­e saine, dans un marché ouvert et qui recèle un potentiel de croissance important, mais qui demeure encore insuffisam­ment exploité», a estimé le ministre. «J’attache la plus grande importance au respect de ces orientatio­ns qui ne sauraient tolérer de manquement», a conclu M. Benabderra­hmane.

Pour rappel, le secteur des assurances souffre de plusieurs dysfonctio­nnements et de pratiques concurrent­ielles malsaines comme le dumping qui a engendré des conséquenc­es désastreus­es qui sont derrière le retard dans les indemnisat­ions. Certains opérateurs du secteur appellent de leur côté à l’instaurati­on d’une autorité de contrôle du secteur en remplaçant au ministère des Finances afin de veiller au respect des pratiques.

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Il est demandé aux compagnies d’assurance une améliorati­on des processus d’indemnisat­ion

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