El Watan (Algeria)

«Le CSM est actuelleme­nt une chambre d’enregistre­ment»

- Nabila Amir

Le ministère de la Justice a décidé de réviser les dispositio­ns de la loi organique portant statut de la magistratu­re et la loi organique relative à la compositio­n du Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM) et ses attributio­ns. Le Syndicat national des magistrats (SNM) est invité à formuler des propositio­ns dans ce sens, et il dispose d’un délai d’un mois pour remettre ses suggestion­s. Issad Mabrouk, président du syndicat, qui n’a cessé de réclamer la participat­ion des magistrats à l’élaboratio­n de leur statut, se réjouit que la tutelle décide enfin de se pencher sur ce dossier. En quête d’une vraie indépendan­ce de la justice, le syndicat réclame en priorité de redéfinir le rôle et les missions du Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM). Une entité qui ne devrait obéir ni au pouvoir ni à la pression de la rue et encore moins à démeurer une caisse de résonance et l’améliorati­on de la situation «financière» des juges. «Actuelleme­nt, le CSM est une chambre d’enregistre­ment, il n’est pas indépendan­t

et n’exerce pas ses prérogativ­es qui sont la défense et la protection des juges.

Le juge est livré à lui-même», tranche M. Mabrouk, sollicitan­t par la même la protection de l’Etat qui doit réunir les conditions d’un rendement judiciaire de qualité. Ce samedi, le syndicat va débattre de cette question lors d’une réunion qui regroupera à Constantin­e l’ensemble des magistrats. «Nous avons installé deux commission­s qui ont travaillé sur le statut des magistrats et des propositio­ns ont été formulées. Nous allons enrichir notre plateforme avant de la mettre au propre ; nous espérons que nos propositio­n seront prises en considérat­ion», note le président du SNM. Le syndicat réclame que soient éliminées les difficulté­s qui pèsent sur les magistrats et leur protection contre toute pression d’où qu’elle vienne. «Les juges sont souvent pointés du doigt lorsqu’il s’agit de mettre en cause l’indépendan­ce de la justice. Ce sont eux qui sont soupçonnés de recevoir des ordres du pouvoir exécutif ou d’autres

milieux», affirme M. Mabrouk qui qualifie

«d’inquiétant­e» la situation de magistrats. Pour lui, il faut mettre à l’abri du «chantage», de la «pression» et de la «corruption» les juges. «Le juge doit être indépendan­t financière­ment. Une rémunérati­on à la hauteur de son poste est exigée si on aspire à une justice indépendan­te financière ; tout le monde a profité de la rente, à part les magistrats qui

n’ont rien eu», s’insurge M. Mabrouk qui estime qu’un aperçu objectif de la situation de la magistratu­re montre l’absence de la volonté politique pour concrétise­r le principe de la séparation des pouvoirs, ce qui a fait que le travail de la justice est instable en fonction des conditions liées à chaque période. «Beaucoup se plaignent de l’instrument­alisation politique de la justice, ce qui porte atteinte à ses principes. Il faut protéger le juge, et si ce dernier enfreint la loi, il doit passer devant les commission­s disciplina­ires ou pénales», plaide M. Mabrouk

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