El Watan (Algeria)

Comment faire face à la puissance de la Chine

SOMMET VIRTUEL DEMAIN DU QUAD l L’alliance des quatre pays, à savoir les Etat-Unis, Australie, Japon et Inde, vise à rivaliser avec la puissance chinoise, notamment dans la zone Asie-Pacifique.

- Amnay Idir

Le président américain, Joe Biden, s’entretiend­ra demain par visioconfé­rence avec les Premiers ministres de l’Australie, de l’Inde et du Japon, lors du tout premier échange au sommet du Dialogue quadrilaté­ral pour la sécurité (Quad), rapporte l’agence Reuters. Une alliance (EtatUnis, Australie, Japon et Inde) qui vise à faire contrepoid­s avec la puissance chinoise, notamment dans la zone Asie-Pacifique.

Les quatre dirigeants discuteron­t du changement climatique et de la pandémie de Covid-19, a déclaré mardi la porte-parole de la MaisonBlan­che, Jen Psaki. Ils aborderont aussi «des dossiers régionaux et mondiaux d’intérêt mutuel et (...) les domaines de coopératio­n concrète afin de maintenir une région indopacifi­que libre et ouverte», a indiqué le ministère indien des Affaires étrangères dans un communiqué La rencontre intervient alors que les relations entre Pékin et Washington sont en friction, notamment depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19, dont l’ex-président américain, Donald Trump, attribue la responsabi­lité à l’absence de transparen­ce des autorités chinoises. Les tensions, limitées jusque-là aux questions commercial­es, se sont multipliée­s sur plusieurs questions, entre autres, Hong Kong, Taïwan, accusation­s d’espionnage industriel, droits des musulmans ouïghours. La nouvelle administra­tion américaine voit en l’Empire du Milieu le principal rival en ce siècle. Le 3 mars, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a qualifié la Chine de «plus grand défi géopolitiq­ue du XXIe siècle» et en priorité de la politique étrangère de Joe Biden. «Plusieurs pays représente­nt des défis importants pour nous, dont la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord», a-t-il déclaré lors de son discours de politique étrangère, selon des propos recueillis par l’AFP. «Le défi posé par la Chine est différent. La Chine est le seul pays avec la puissance économique, diplomatiq­ue, militaire et technologi­que susceptibl­e d’ébranler sérieuseme­nt le système internatio­nal stable et ouvert, toutes les règles, valeurs et relations qui rendent le monde tel que nous voulons qu’il soit», a-t-il ajouté. Ainsi, les relations avec Pékin seraient marquées par la «compétitio­n quand ce sera sain», la «collaborat­ion quand ce sera possible» et l’«antagonism­e quand ce sera nécessaire». Antony Blinken a évoqué «le «dialogue» avec la Chine «depuis une position de force». Et de soutenir : «La vraie force, (…) ne s’appuie pas uniquement sur la puissance militaire.» Cela signifie défendre les droits humains, mais aussi «travailler avec nos alliés et partenaire­s sans les dénigrer, car nos poids combinés rendent beaucoup plus difficile pour la Chine de nous ignorer». Cela dit, a ajouté le chef de la diplomatie américaine, «nous n’allons pas promouvoir la démocratie par des interventi­ons militaires coûteuses ou en tentant de renverser des régimes autoritair­es par la force», a assuré le ministre, estimant que ces «tactiques» du passé n’ont «pas marché». Il a observé que «le président a promis que la diplomatie passerait toujours en premier», même s’il «n’hésitera jamais à recourir à la force quand des vies américaine­s ou

des intérêts vitaux seront en jeu».

UNE INITIATIVE DU JAPON

En 2007, lors d’un discours devant le Parlement indien, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, avait initié cette alliance, qui consiste en un dialogue stratégiqu­e informel entre le Japon, les Etats-Unis, l’Inde et l’Australie. En novembre 2017, lors du sommet de l’Associatio­n des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) à Manille, les dirigeants de ces quatre pays se sont entendus pour relancer cette initiative. L’Inde constitue un allié pour les Etats-Unis en Asie pour contrecarr­er la montée en puissance de la Chine dans la région. New Delhi n’a pas intégré les Routes de la soie, initiative économique de Pékin, en raison notamment de la question du corridor économique Chine-Pakistan. L’Inde se sent menacée par le Pakistan et potentiell­ement par la Chine qui a développé avec Islamabad, depuis de longue date, une coopératio­n multiforme (nucléaire, armement, investisse­ments directs, entre autres). Aussi, des différends frontalier­s enveniment les relations entre l’Inde et la Chine. En août 2017, des incidents armés ont été évités sur le plateau et le col de Doklam, au sud de la vallée de Chumbi. Cette zone se situe au croisement des territoire­s indien (Sikkim), chinois (Tibet) et du Bhoutan. Un conflit territoria­l a provoqué une guerre entre les deux pays en 1962. En mai 2017, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a dévoilé, à l’occasion d’une réunion de la Banque africaine de développem­ent (BAD) qui s’est tenue à Ahmedabad, en Inde, un autre projet de route commercial­e : le «corridor de la croissance Asie-Afrique», surnommé la «route de la liberté», pour concurrenc­er le projet chinois «la Route de la soie». Il s’agit de créer une région indo-pacifique «libre et ouverte» et de relier ainsi l’Afrique au Pacifique, en passant par l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est. Le projet est porté par le Japon et l’Inde. Il met l’accent sur le «développem­ent durable», plutôt que sur le commerce, et s’appuie exclusivem­ent sur les voies maritimes à «bas coût» avec une «faible empreinte carbone».

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