Une solution intégrée en perspective
Les stations de dessalement de l’eau de mer de Souk Tlata (Tlemcen) et de Magtaâ (Oran), fonctionnant actuellement à l’énergie conventionnelle, pourraient voir prochainement leur business modèle remplacé par un nouveau modèle plus durable. Cette solution durable vise à produire de l’énergie à base de la transformation des déchets, et qui constitue une réponse à la problématique des déchets en Algérie. Explications.
Deux grandes usines de traitement de déchets capables de transformer les déchets en énergie pourraient voir le jour à l’ouest du pays, une région sérieusement touchée par le stress hydrique. L’une à Magtaâ pouvant traiter les déchets des wilayas d’Oran et de Mostaganem, soit 2500 tonnes de déchets par jour. L’autre unité serait entre les wilayas de Tlemcen, Aïn Témouchent et peut-être Sidi Bel Abbès de 1400 tonnes de déchets par jour, selon la société Swismerit AG (société de droit suisse, dont les actionnaires sont d’origine algérienne), qui est à l’origine de ce projet. Cette société est actuellement dans la short-liste des entreprises retenues pour l’achat du groupe Hyflux (l’entreprise qui gère actuellement en Algérie les deux stations de dessalement précitées). Pour rendre compte de l’état actuellement de ces deux stations de dessalement (Souk Tlata et Magtaâ) et surtout ce qu’ils pensent de cette nouvelle opportunité, nous avons contacté les services du ministère des Ressources en eau, mais notre requête est restée sans suite. Idem pour l’AEC (Algerian Energy Compangny ), qui s’occupe du volet énergétique de ces deux stations. En quoi consiste ce nouveau modèle de fonctionnement proposé dans le plan de sauvetage de ces deux stations de dessalement ?
1 ÉLIMINER LE COÛT DE L’ÉNERGIE
L’élimination du coût énergétique dans la production de l’eau en le remplaçant par l’énergie produite par la combustion des déchets (WtE) est l’un des objectifs fixés par le changement de ce modèle de fonctionnement des stations de dessalement. «Swissmerit AG prévoit à moyen terme générer des profits en partenariat avec AEC, par leur activité nouvelle de traitement de déchets ménagers, industriels, hospitaliers et boues de pétrole, (WtE)», assure Yaderi Smaïl, PDG de Swismerit AG. Pour le volet maintenance, cette société prévoit la création d’une unité de montage et fabrication de membranes et matériel consommable en Algérie afin de réduire les coûts de maintenance. L’énergie qui sera produite à base des déchets ne sera pas vendue. Il n’y aura «aucun coût sur la facture énergétique en terme financier», avance Yabedri Smail.
2 SOLUTION DÉFINITIVE POUR LA PROBLÉMATIQUE DES DÉCHETS
En plus de traiter plus de 420 000 tonnes de déchets ménager par an à Tlemcen, Aïn Témouchent et Sidi Bel Abbès pour Souk Tleta et plus de 875 000 t de déchets par an pour les wilayas d’Oran et de Mostaganem. «Imaginez l’impact incroyable sur l’environnement et la propreté des villes sans parler du traitement d’autres déchets tels que les boues d’eaux usées et industriels», ambitionne Yabdri Smaïl.
3 DE L’EAU POTABLE À MOINDRE COÛT
«L’impact sur le prix de l’eau serait zéro, le coût de production d’eau serait réduit de minimum 30%», s’engage M. Yabdri, PDG de Suissmerit AG. Pour ce qui est des déchets ? «Ce serait la solution idéale qui n’aurait qu’un coût de 50 DA par mois, soit 600 DA par citoyen par année», souligne-t-il.
4 L’ÉNERGIE PHOTOVOLTAÏQUE N’EST PAS LA SOLUTION ADÉQUATE
La production d’énergie par les déchets serait continue 24h/24 durant 365 jours. L’énergie photovoltaïque «ne serait pas adéquate pour ce cas précis, car déjà déficitaires, les unités qui n’ont que le prix de l’eau auront à payer l’investissement des installations et plus grave encore, l’énergie photovoltaïque ne couvrirait que 18 heures maximum d’énergie or le besoin est de 24h/24», explique Yabdri Smaïl. «Aucune batterie ne résiste plus de 3 heures. Le pays connaît des difficultés économiques et cet investissement serait en BOT (Build Operate & Transfer) donc financé de l’étranger», précise-t-il.
5 AMÉLIORATION DE LA VIE DES CITOYENS
L’impact serait direct sur la vie des citoyens (déchets, eau) et sur le pays. A cela s’ajoute l’impact sur l’économie d’énergie. «Nous ne comprenons pas pourquoi AEC s’obstine, sachant qu’aucune solution n’est possible et que Souk Tleta est fermée depuis 17 mois après seulement 8 ans et que Magtaâ est arrivé à 20% de sa capacité l’été passé, sachant que les citoyens sont restés sans eau à Oran et à Tlemcen», s’interroge M. Yabdri.