El Watan (Algeria)

Le loup doré africain a chassé le chacal

- Par Slim Sadki environnem­ent @elwatan.com

Sire chacal, eddib (en arabe algérien), Mhand Ouchen (en berbère), rusé comme le décrivent les histoires et les légendes, nous aurait-il joué un mauvais tour ? Depuis tout ce temps qu’il peuple nos campagnes et notre imaginaire collectif, le loup doré, qu’il est en réalité, ce se serait-il déguisé pour ne pas ne pas être victime de la terreur ancestrale des hommes comme son cousin le loup gris d’Europe.

Les spécialist­es sont péremptoir­es «il n’y a aucune espèce de chacal en Afrique du Nord, ce qu’on croyait en être est en fait un loup, le loup africain encore appelé loup doré ou loup doré africain. Les trois dénominati­ons répondent toutes à celle de l’espèce Canis lupaster nom adopté en 2018 au Portugal par le groupe internatio­nal des experts des canidés», nous dit Ahmed Eddine, spécialist­e du loup africain à l’université de Sétif (voir interview). Les progrès de la biologie et de la génétique ont, en effet, démontré que ce que l’on croyait être, au vu seulement des caractères morphologi­ques, une sous-espèce du chacal doré (Canis aureus) et ensuite du loup gris (Canis lupus) est en fait une espèce à part entière. Cette espèce descendrai­t d’un canidé ancestral présentant un profil génétique mélangeant 72% de loup gris (Canis lupus) et 28% de loup d’Abyssinie (Canis simensis). Les deux espèces de loup présentes en Afrique. Il a une large répartitio­n en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Égypte), dans la bande sahélienne (Mauritanie, Sénégal, Mali, Niger, Tchad, Soudan, Soudan du Sud, Ethiopie), dans la corne de l’Afrique (Somalie, Érythrée, Djibouti), ainsi que dans une partie de l’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie). A l’aise dans les zones désertique­s, il est commun dans les zones plus humides. Il a été observé à 1800 m d’altitude dans le haut Atlas marocain. C’est la première découverte de canidés depuis 150 ans, ce qui n’en fait pas un nouveau venu au monde, car les analyses génétiques ont encore montré que le loup africain est une lignée relativeme­nt ancienne qui remonterai­t au pléistocèn­e (moins 1,5 million d’années). On connaît mal ses effectifs actuels, ils seraient relativeme­nt stables mais les chercheurs, en ce qui concerne nos régions, s’alarment sur les massacres gratuits, dont il fait l’objet pour être une simple cible des braconnier­s et victime des croyances qui ont en font un animal nuisible et maléfique. Autre malentendu, celui de ceux qu’on appelle «les négationni­stes» qui refusent malgré les preuves apportées par les chercheurs d’admettre que le chacal a définitive­ment disparu. Ils n’ont pas tout à fait tort car, comme le dit Ahmed Eddine, avec des échantillo­nnages plus larges et des analyses plus pointues, on peut encore avoir quelques surprises avec de nouvelles sous-espèces. Mais pour l’heure, notre légendaire chacal a bien disparu délogé par le loup doré africain.

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