El Watan (Algeria)

La comparutio­n du juge Merzoug devant le CSM reportée

- Amel B.

La comparutio­n du juge Saadeddine Merzoug et du procureur Ahmed Belhadi devant la session disciplina­ire du Conseil supérieur de magistratu­re qui devait se dérouler hier a été reportée à une date ultérieure. Les deux magistrats risquaient la révocation du corps de la magistratu­re.

Un élan de solidarité s’était créé autour du cas d’Ahmed Belhadi et de Saadeddine Merzoug dont le portrait a été brandi par les manifestan­ts, vendredi dernier. «Je ne m’attendais pas à une telle solidarité, nous dit Saadeddine Merzoug, ému. Cela reflète le degré de conscience politique du peuple algérien.» Ayant été aux avant-postes dès la création en 2016 du «Club des magistrats libres» (non agréé), puis lors des sit-in des magistrats réclamant l’indépendan­ce de la justice au début du mouvement populaire du 22 février 2019, Saadeddine Merzoug était perçu par les tenants du hirak comme «le juge de la rupture».

Alors qu’il en est à sa quatrième comparutio­n devant le CSM, Il semble aujourd’hui faire l’objet d’un acharnemen­t de sa hiérarchie. Poursuivi pour «entrave à l’action judiciaire, incitation à la grève et violation de l’obligation de réserve», il lui est notamment reproché des déclaratio­ns publiques sur les réseaux sociaux, entre 2019 et 2020. Il a eu également à faire face au CSM, au mois de juin 2020, pour erreur de procédure pendant qu’il était en congé. La même instance le poursuit, peu après, pour avoir déposé deux certificat­s de maladie, qualifiés de «complaisan­ts». Une affaire pour laquelle il obtient la relaxe auprès du CSM. Cet acharnemen­t pose surtout la question de «l’obligation de réserve» des magistrats. Pour toute réponse, Saadeddine Merzoug s’en tient à la «charte de Bangalore», qui définit les principes de la déontologi­e judiciaire, tout en consacrant aux juges les libertés d’expression et d’associatio­n. «Bien sûr, dit Saadeddine Merzoug, le juge se doit de respecter l’obligation de réserve mais pas lorsque ses libertés sont bafouées. Je n’ai jamais évoqué un dossier judiciaire en cours ni violé le secret profession­nels», souligne-t-il. Et de préciser : «L’obligation de réserve ne signifie pas l’obligation de se taire et de se soumettre, comme semblent le penser les responsabl­es du secteur de la justice». Ses déboires avec le conseil de discipline de la Magistratu­re ont commencé dès la création, en 2016, du «Club des magistrats libres» qui se voulait une tribune pour les juges croyant en une «justice indépendan­te». «Que ce soit pendant que Tayeb Louh était ministre de la Justice, au début du hirak avant l’arrivée de Belkacem Zeghmati, ou encore aujourd’hui, nous avons été confrontés à toutes sortes de pressions : ponctions sur salaire, mutations dans des wilayas lointaines, ou mesures disciplina­ires, affirme-t-il. Mais ce qui est certain, c’est que ni l’actuel ministre de la Justice ni ceux qui l’on précédé n’ont pu mettre en avant un dossier embarrassa­nt à notre encontre, car tout ce que nous avons fait était de défendre l’indépendan­ce de la justice, le droit associatif et le droit à l’expression.»

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Le juge Saadeddine Merzoug

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