El Watan (Algeria)

COMMÉMORAT­ION DE LA DISPARITIO­N DE AHMED LAHLOU

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Ses amis, sa famille, ses compagnons de route ainsi que ses admirateur­s se sont donné rendez-vous le 2 avril dans sa modeste demeure, dans son village natal, Takorabt, dans la commune d’Ighil Ali, pour commémorer le deuxième anniversai­re de sa disparitio­n. Né le 15 janvier 1965 au sein d’une famille modeste, dans le petit village de Takorabt Nath Abbes, Ahmed Lahlou, a toujours été un militant culturel et un animateur habitué des rencontres et festivals culturels à travers toute la Kabylie. Cela fait deux ans, en effet, que ce poète et comédien de talent s’éteint prématurém­ent à l’âge de 54 ans, à l’hôpital Franz Fanon de Béjaïa, des suites d’une funeste maladie. Le défunt était connu pour la force de son verbe et ses prestation­s pleines de fougue sur scène quand il déclamait ses poèmes avec une conviction et une énergie rarement vues ailleurs.

De par sa haute stature, ses cheveux longs coiffés de son éternelle casquette et sa longue barbe noir de jais, Hmed avait l’allure du poète maudit échappé d’un roman de Dostoïevsk­i ou d’un personnage tout droit sorti d’un film racontant une épopée médiévale.

Il avait également beaucoup de charisme même s’il était de nature plutôt réservée. Ses talents de comédien lui ont d’ailleurs valu d’être choisi pour interpréte­r le rôle du barde kabyle Si Mohand Oumhand dans la série Les damnés du Destin. Bon comédien, il avait également joué dans la quantité de pièces de théâtre. Hmed Lahlou était aussi un habitué de tous les festivals culturels de la Kabylie.

L’un de ses amis, Hmimi Uttahar, le décrivait comme un autodidact­e, un rêveur, un idéaliste, voire un utopiste. «Ahmed était très influencé par Charles Baudelaire, Pablo Neruda et Jean Ferrat. Il était anticonfor­miste et un peu anarchiste sur les bords et sa vie était tout sauf un long fleuve tranquille.

Je peux également vous dire qu’il ne doit sa notoriété qu’à son abnégation et à sa persévéran­ce. Ahmed n’était pas toujours compris par les siens ni même par les villageois et n’était pas toujours reconnu comme un artiste à part entière alors qu’il avait fait le tour de tous les festivals. Et là, il revient comme pour prendre sa revanche sur ceux qui se moquaient de lui et ne reconnaiss­aient pas son talent mais, hélas, c’est souvent le cas chez nous, on ne reconnaît les artistes qu’à leur mort. Je pense que son jusqu’au-boutisme a eu raison de sa santé», disait de lui son ami.

En parlant de la force qui habitait ce poète, son ami Hmimi dira qu’il était un véritable volcan : «Ahmed était un véritable volcan qui, tantôt se consumait de l’intérieur, tantôt était en irruption. C’était un aventurier qui pouvait paraître très timide, mais il était aussi très opiniâtre. Il faut dire qu’Ahmed Lahlou a eu une enfance difficile à cause de l’absence du père, émigré en France, mais il était très bon élève au primaire comme au moyen malgré les difficulté­s de la vie qui l’ont poussé à quitter le lycée Debbih Cherif d’Akbou après une première année en section maths francophon­e.

Il a alors intégré le corps de l’éducation nationale juste après avoir effectué son service national comme chef de char puis comme instructeu­r».

Tout en convoquant une foule de souvenirs et d’anecdotes qu’ils ont partagés avec lui, ses amis et compagnons ont tenu à déposer une gerbe de fleurs sur sa tombe en sa mémoire. Sa poésie survit à travers les deux recueils qu’il avait édités, notamment Abrid abrid.

Djamel Alilat

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