La vache de sable

La question automobile, encore repoussée à plus tard, les vaccins, à venir, les fonds détournés, à récupérer prochainement, la masse monétaire qui circule dans le marché parallèle, à capter grâce à des mécanismes bientôt en place. En mode futur, droit dans ses bottes, civiles bien sûr, le Président est arrivé en voiture d’importation faire quelques annonces assez vagues. La seule chose concrète et précise concerne l’estomac national, le ministère du Commerce a annoncé que 2500 tonnes de viande vont être importées d’Espagne et de 4 wilayas de l’extrême sud, Adrar, Tamanrasset, Illizi et Tindouf pour le Ramadhan. Sachant que les besoins pour ce mois particulier sont de 52 000 tonnes en viande rouge et 60 000 tonnes en viande blanche, l’Algérien engloutit donc environ 1 million de moutons ou un demi-million de vaches pendant ce mois de privations, ainsi que 30 millions de poulets. Le chiffre paraît énorme pour une période où l’on doit, en théorie, consommer moins, une armée espagnole de 1 million de moutons, pas pour voter en juin mais pour manger en avril. Si on avait de l’imagination, on pourrait utiliser ces vaches et moutons pour le transport, puisque les voitures sont toujours interdites d’importation pour des raisons inconnues, alors que c’est de l’argent frais qui rentre dans les caisses par l’intermédiaire des douanes. Mais les animaux sont faits pour être mangés et l’Algérie, démocratique et populaire n’est pas végétarienne. Le ministère du Commerce l’affirme, nous serons quotidiennement approvisionnés pendant le mois de Ramadhan depuis les régions sahariennes, avec un premier lot de 11 tonnes de viande bovine en provenance d’Adrar pour le Nord. Le désert, pauvre en végétation, exporte donc des vaches vers le Nord, où il y a de l’herbe. C’est nouveau, même si ce n’est pas forcément la faute à la Nouvelle Algérie. Mais il y a quand même quelque chose qui ne va pas, les vaches préfèrent brouter du sable plutôt que d’avoir affaire au ministre du Commerce à Alger.