Crever l’abcès
L’onde de choc provoquée par les révélations du jeune Chetouane relatives au traitement humiliant subi dans un commissariat continue de secouer les consciences. Il appartient à la justice de faire toute la lumière sur cette affaire qui s’ajoute à celle de Nekkiche et encore à celle de l’étudiante manifestante maltraitée, de la même façon, dans un commissariat de police dans la banlieue sud de la capitale. Au moment où des organisations internationales épinglent notre pays sur la question des droits de l’homme, ces derniers scandales, s’ils s’avèrent bien réels, risquent de ternir davantage l’image de l’Algérie à l’étranger que la diplomatie actuelle tente de redorer. L’impartialité de la justice est vivement souhaitée dans le traitement du cas de l’adolescent. Seule une procédure transparente et objective garantissant un verdict irréprochable peut faire tomber l’ampleur de l’émotion suscitée par le témoignage poignant du jeune manifestant. La conférence de presse animée par le procureur de la République, si elle témoigne de l’intérêt accordé à l’affaire Chetouane, laisse, néanmoins, planer de nombreux doutes sur le déroulement des faits de cette pitoyable histoire. La réaction unanime des associations de protection des droits de l’homme et des libertés au niveau national et l’opinion publique galvaudée par le pouvoir des réseaux sociaux imposent une prise en charge sans faille de cette bavure par la justice, loin de toute considération politique. L’épisode similaire du Nekkiche, hirakiste arrêté puis mis sous mandat de dépôt durant plusieurs mois pour avoir brandi l’emblème amazigh à Alger, reste gravé dans la mémoire des citoyens. Ce jeune a eu le courage de décrire au juge ses déconvenues humiliantes subies lors de ses différents interrogatoires. Le président de la République a bien pris des décisions allant dans le sens de l’apaisement en libérant bon nombre de détenus d’opinion et politiques, tout en garantissant le droit de manifester contenu dans la nouvelle Constitution. L’heure est donc à la détente, à moins que des esprits malveillants de tous bords ne décident du contraire pour entretenir encore le sale temps des barbouzes et des manipulateurs professionnels. Le maintien de la feuille de route et de l’agenda politique ne doit pas sous-estimer l’importance des acquis en droits civiques et libertés tant collectives qu’individuelles. L’occasion de leur application est constante avec chaque mardi et vendredi comme test d’appréciation. Il appartient aux pouvoirs publics d’afficher leurs intentions dans la voie du changement prôné par le peuple qui le revendique à gorge déployée depuis plus de deux ans. Il est temps de marquer l’histoire en se tournant vers le futur, loin des pratiques passéistes et rétrogrades. Il y va de l’intérêt de la nation.