El Watan (Algeria)

Les mises en garde du Haut conseil de sécurité

Les accusation­s sont d’une telle gravité que l’opinion publique doit être clairement informée pour réaffirmer son intransige­ance sur les questions mémorielle­s.

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Le Haut conseil de sécurité (HCS), réuni mardi sous la présidence de Abdelmadji­d Tebboune, accuse des «milieux séparatist­es» et des «mouvances illégales proches du terrorisme» d’exploiter les marches hebdomadai­res pour attaquer des institutio­ns et des symboles de l’Etat. Des «actes subversifs» et des «dérapages» que l’Etat compte combattre avec intransige­ance, souligne encore le HCS dans un communiqué qui manque de précision. S’il désigne la cible et l’objectif de l’attaque, le Haut conseil de sécurité reste vague sur les auteurs des actes subversifs qui visent à «entraver le processus démocratiq­ue et développem­ental en Algérie». Des questions méritent d’être posées. De quels «milieux séparatist­es» s’agit-il ? Quelles sont ces «mouvances illégales proches du terrorisme» qui exploitent le hirak pour casser le processus de réformes politiques ? Pourquoi ces «mouvances» et ces «séparatist­es» n’ont-ils pas été clairement désignés ?

Les accusation­s sont d’une telle gravité que l’opinion publique doit être clairement informée. Les Algériens doivent savoir, par exemple, s’il agit d’une seule organisati­on séparatist­e ou de plusieurs. Car, lorsque l’on parle de «milieux séparatist­es», cela suggère qu’il y en a plusieurs.

Lesquels ? Pour certains observateu­rs, l’organisati­on séparatist­e à laquelle aurait fait allusion le Haut conseil de sécurité serait le MAK (le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) basé à l’étranger. Mais il se trouve que ce mouvement séparatist­e n’est pas dans le hirak. Ses rares tentatives d’immersion dans des rassemblem­ents à l’étranger ont été mal accueillie­s par les hirakistes. Le MAK veut l’indépendan­ce de la Kabylie, alors que le hirak populaire est national. Il milite pour un changement radical du système politique en Algérie. Pour ce qui est des «mouvances proches du terrorisme», il pourrait s’agir du mouvement Rachad, qui compte dans ses rangs les anciens militants du FIS dissous. Mais là encore, on parle de «mouvances» au pluriel. Pourquoi ? Y a-t-il d’autres mouvances ? Lesquelles ?

A qui donc sont destinées ces mises en garde ? Il y a du flou qui prête à confusion. Le ton martial du communiqué du HCS annonce-t-il des opérations coups de poing contre les militants de ces deux mouvements ? Ces organisati­ons, faut-il le préciser, n’ont aucune existence légale en Algérie. Certains autres observateu­rs estiment qu’il y a une crainte légitime que ces mises en garde soient un prélude à (l’)interdicti­on

des marches populaires qui ont repris en février dernier.

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A qui donc sont destinées ces mises en garde contre le hirak ?

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