El Watan (Algeria)

Amnesty Internatio­nal appelle à l’abrogation des lois liberticid­es

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Exploitati­on de la crise sanitaire pour accentuer la répression», «détention arbitraire», «verrouilla­ge des champs médiatique et politique» et «violence aggravée contre les femmes»… L’ONG Amnesty Internatio­nal dresse un tableau des plus sombres de la situation des droits de l’homme en Algérie. Dans son rapport annuel, présenté hier à Alger par Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty Internatio­nal Algérie, l’organisati­on a sérié toutes les atteintes enregistré­es durant l’année 2020. D’emblée, le document, qui a fait le point sur la situation dans 149 pays du monde, évoque les conséquenc­es de la crise sanitaire, due à la propagatio­n de la Covid-19. Outre les répercussi­ons socioécono­miques sur les couches les plus défavorisé­es de la société, le rapport a mis l’accent sur l’exploitati­on par les autorités de cette crise pour promulguer des lois liberticid­es et accentuer la répression. Elle cite notamment le texte concernant la lutte contre les fake news exploité, particuliè­rement, pour traquer la libre expression, en particulie­r sur les réseaux sociaux. «Durant l’année 2020, le hirak a suspendu volontaire­ment ses marches en raison de la crise sanitaire. En l’absence de marche, les autorités ont reporté en grande partie la répression sur les réseaux sociaux», déplore Amnesty Internatio­nal, en dénonçant les graves violations des libertés fondamenta­les.

Pour Hassina Oussedik, «il est évident qu’on ne peut bâtir un Etat de droit sans le respect des libertés fondamenta­les du citoyen». Mais ces dernières ont été gravement malmenées durant l’année écoulée. «Cette année encore (en 2020 ndlr), les autorités ont arrêté et poursuivi en justice des manifestan­t·e·s pacifiques, des journalist­es, des militant·e·s et des citoyen·ne·s qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquem­ent leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, dans le cadre du mouvement de protestati­on de grande ampleur connu sous le nom de ‘’hirak’’», dénonce le rapport. Amnesty Internatio­nal consacre aussi une grande partie de son rapport sur les violations de la liberté de la presse et d’expression.

Le rapport cite, dans ce sens, la loi controvers­ée promulguée au prétexte de lutter contre «la diffusion de fausses nouvelles» et «le maintien» dans la législatio­n algérienne «de formulatio­ns vagues et l’ajout d’autres formules» pour justifier les condamnati­ons des citoyens et des journalist­es.

«De nouvelles mesures législativ­es ont encore restreint les droits à la liberté d’expression et d’associatio­n, en instaurant de lourdes sanctions pénales pour la diffusion de ‘’fausses nouvelles’’ et pour le fait de recevoir certains types de financemen­ts provenant de l’étranger», rappelle aussi Amnesty dans son rapport. En plus du verrouilla­ge des médias, le rapport d’AI revient aussi sur le blocage arbitraire des sites d’informatio­n qui dure jusqu’à aujourd’hui. L’ONG revient aussi sur les détentions arbitraire­s qui ont concerné des «manifestan­t, des journalist­es, des militant et de simples citoyens, pris pour cible pour avoir exercé pacifiquem­ent leur droit à la liberté d’expression». «Toutes les personnes détenues simplement pour avoir exprimé leurs opinions pacifiquem­ent doivent être libérées immédiatem­ent et sans condition. Les autorités algérienne­s doivent rompre avec leurs pratiques répressive­s en matière de libertés fondamenta­les et réformer la législatio­n nationale afin de garantir une justice indépendan­te et équitable pour toutes et tous», exige Hassina Oussedik.

Le rapport souligne aussi l’aggravatio­n du phénomène de la violence faite aux femmes et l’expulsion, durant la même période, de 17 000 migrants subsaharie­ns. Devant cette situation, l’ONG adresse une série de recommanda­tions aux autorités. Elle réclame d’emblée l’abrogation de tous les textes de lois liberticid­es, la suppressio­n des formulatio­ns vagues dans la législatio­n, la libération des médias, le renforceme­nt de la protection des femmes et la révision de la loi sur les associatio­ns. Amnesty Internatio­nal exige des enquêtes sur les violations des droits de l’homme, la publicatio­n des résultats et la sanction des auteurs. Le rapport cite, dans ce sens, le cas du journalist­e Mohamed Tamalt et du militant politique, Kamel Eddine Fekhar, décédés en détention. Elle réclame également des garanties d’une justice indépendan­te et des procès équitables. Interrogé sur le contenu du dernier communiqué du Haut conseil de la sécurité (HCS) qui contient une menace contre «les séparatist­es» et «la mouvance proche du terrorisme», Hassina Oussedik affirme que la position «d’Amnesty reste inchangée» et que l’ONG «s’en tiendra aux faits ».

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