El Watan (Algeria)

«Au plan scientifiq­ue, c’est la période idéale pour une vaccinatio­n massive de la population»

L Le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologi­e, plaide pour l’accélérati­on de la vaccinatio­n contre la Covid-19 afin de maintenir la tendance baissière de l’épidémie l Ce qui correspond sur le plan scientifiq­ue à la période idéa

- Djamila Kourta D.K.

La campagne de vaccinatio­n, qui a débuté depuis trois mois, connaît une lenteur en raison de l’insuffisan­ce des doses de vaccins. Quel est l’impact sur la situation épidémiolo­gique ?

Il faut dire que la lenteur de la campagne vaccinale est constatée chez nous et dans beaucoup de pays en voie de développem­ent. Vous êtes sans savoir que l’acquisitio­n des vaccins obéit au principe «premiers arrivés, premiers servis». Les premiers arrivés sont ceux qui ont soit financé le développem­ent des vaccins par les firmes pharmaceut­iques, soit participé aux essais cliniques ou bien ils ont exprimé leur besoin depuis l’été dernier. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’on se retrouve dans une situation où quelques pays ont commandé des quantités dépassant deux ou trois fois leurs besoins réels, alors que d’autres attendent toujours. En ce qui concerne l’impact de cette lenteur sur la situation épidémiolo­gique, on s’estime «heureux» que cette dernière reste relativeme­nt stable depuis quelques mois, ce qui correspond sur le plan scientifiq­ue à la période idéale pour une vaccinatio­n massive de la population, si on veut maintenir cette tendance baissière de cette pandémie.

Est-ce que le retard pris dans la vaccinatio­n permet au virus de continuer à circuler activement ?

Même si la situation ou la surveillan­ce de la transmissi­on de nouveaux variants connus à ce jour est relativeme­nt maîtrisée par la direction de la prévention, rien n’empêche le virus à muter de nouveau. Cependant, il faut savoir que la communauté des experts se pose toujours des questions par rapport à l’apparition de nouveaux variants, qui sont carctérisé­s par l’acquisitio­n de plusieurs mutations à la fois dans un délai très court (entre 17 et 23 mutations pour les variants inquiétant­s), et les hypothèses les plus probables et les plus admises à ce jour sont au nombre de trois : situation épidémiolo­gique où la transmissi­on du virus est très rapide d’une personne à une autre, ou bien le virus a séjourné pendant quelques mois chez le même sujet et plus particuliè­rement les personnes présentant un état d’immunodépr­ession héréditair­e ou acquis, et la troisième hypothèse est celle qui suspecte que ces nouveaux variants se sont formés chez les animaux puis retransmis à l’homme. Par ailleurs, même si on n’a pas encore beaucoup de recul, une partie des scientifiq­ues déconseill­ent la campagne de vaccinatio­n en pleine vague de pandémie, parce que les virus, doués d’une grande intelligen­ce, lorsqu’ils sont soumis à des pressions, comme c’est le cas de vaccin, essayent toujours d’échapper au système immunitair­e par des mutations qui peuvent être à l’origine de l’émergence de nouveaux variants.

L’absence de vaccinatio­n facilite-telle le développem­ent des variants ?

En l’absence de vaccin, le virus continue malheureus­ement à circuler, mais à une vitesse modérée, qui ne lui permettra pas de développer de nouveaux variants à court terme. Nous restons optimistes quant à l’évolution de la pandémie avec l’espoir de voir de grandes quantités de vaccins, quelle que soit leur marque, arriver chez nous..

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Kamel Djenouhat

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