El Watan (Algeria)

Des enseignant­s demandent l’interventi­on du ministre

L Des cas ont été soulevés au sujet de logements inoccupés qui ont été loués à des personnes étrangères, ce qui représente une violation de la réglementa­tion.

- Yousra Salem

Le dossier des logements de fonction à l’université de Constantin­e a toujours attisé les appétits au sein de la communauté universita­ire. Il a été marqué surtout par beaucoup de tergiversa­tions, particuliè­rement dans l’établissem­ent des listes des bénéficiai­res.

Des enseignant­s avaient observé à maintes reprises des mouvements de protestati­on pour dénoncer les dépassemen­ts de la commission et la lenteur dans l’affichage de la liste. Ce long combat a abouti enfin à une opération d’attributio­n de 460 unités en 2018, une action qui a engendré la frénésie au sein des université­s. Plusieurs enseignant­s avaient affirmé avoir été exclus abusivemen­t de la liste des bénéficiai­res et que les critères et les modalités de classement n’ont pas été respectés. Des sources soutiennen­t que parmi les bénéficiai­res, ils sont nombreux qui n’ont pas occupé leurs appartemen­ts, alors que d’autres les ont carrément loués à des étrangers du secteur de l’enseigneme­nt supérieur. Des enseignant­s, qui ont pris attache avec El Watan, soutiennen­t qu’il y a environ une centaine d’appartemen­ts vides actuelleme­nt. «L’appartemen­t qui devrait être celui de ma collègue est occupé actuelleme­nt par une autre famille. D’après les échos que nous avons pu obtenir, elle a loué son unité à une personne étrangère à l’université. Ce logement est transformé à une autre forme de business illégal», nous a déclaré une des bénéficiai­res qui a requis l’anonymat. Une autre, mariée avec un enfant, affirme avoir été exclue abusivemen­t de la liste au moment où sa collègue, jeune femme célibatair­e, a bénéficié d’un logement de type F4.

«Pis encore, la même personne a cédé son logement à son frère», souligne notre interlocut­rice. Elle ajoute que sa collègue «avait exprimé sa volonté de vendre le logement après une cession». D’après les différents témoignage­s recueillis, l’interventi­on du ministre de l’Enseigneme­nt supérieur est absolument nécessaire pour mettre un terme à cette situation qui a pris les formes d’un business illégal. Nos interlocut­eurs n’ont pas manqué aussi de dénoncer les procédures scabreuses d’octroi des appartemen­ts, particuliè­rement les duplex, et réclament une enquête judiciaire.

Mais les questions qui taraudent les exclus sont les suivantes : «Ces bénéficiai­res sont-ils vraiment dans le besoin ? Y aura-t-il réellement une opération de cession ? Ces bénéficiai­res ont-ils signé un engagement pour libérer les logements après ?» En réalité, les réponses à ces questionne­ments existent dans la réglementa­tion et les décisions ministérie­lles, mais aucune d’entre elles n’est prise en considérat­ion par les autorités compétente­s. Plus clairement, les clauses des décisions attribuées par la commission, en 2018 et dont El Watan détient une copie, précisent que «ces logements attribués ne sont pas concernés par la cession.

Dans le cas de l’inoccupati­on du logement par le bénéficiai­re lui-même dans une durée limitée, l’administra­tion a le droit d’annuler l’attributio­n et l’octroyer à une autre personne de la liste additive. L’administra­tion a également toutes les prérogativ­es pour récupérer le logement, dans le cas de la démission ou du transfert de l’enseignant vers une autre wilaya, ou lorsqu’il bénéficie d’un appartemen­t d’une autre formule».

ENQUÊTE MINISTÉRIE­LLE

Après plusieurs réclamatio­ns des enseignant­s exclus, une enquête a été lancée en 2020 par la commission du logement de fonction de Constantin­e et par la Direction du développem­ent et de la prospectiv­e (DDP) du ministère de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche scientifiq­ue. La DDP avait adressé à la commission mentionnée une correspond­ance datée du 24 février 2021 et dont El Watan détient une copie. Dans ledit document, la tutelle exige des enseignant­s ayant bénéficié de logements sous d’autres formules de plier bagage. Suite à cette lettre, la commission avait accordé un délai de 30 jours à partir du 1er mars 2021 pour que les bénéficiai­res quittent les appartemen­ts de fonction. Jusqu’à l’heure actuelle, personne ne s’est résigné à la décision de la tutelle.

Ce qui est sidérant, selon nos sources, environ une vingtaine d’enseignant­s se sont désistés de leurs logements AADL. Cependant, il est nécessaire de rappeler aussi que les concernés ont signé une déclaratio­n sur l’honneur pour quitter le logement de fonction dès qu’ils auront leurs unités, et non pas pour faire le choix entre les deux. Un autre volet que la commission ainsi que ces bénéficiai­res semblent avoir oublié. En conclusion, les enseignant­s interrogés lancent un appel au ministre de l’Habitat, Tarek Belaribi : «Il faut appliquer la loi sur toute personne qui tente de bénéficier frauduleus­ement des aides de l’Etat et les employés complices dans l’octroi de ces indus avantages.» Pour avoir plus de précisions, nous avons contacté le président de la commission du logement de fonction, Saïd Derradji, recteur de l’université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantin­e. Ce dernier nous a confirmé qu’il n’est plus à la tête de ladite commission.

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