El Watan (Algeria)

La direction générale hausse le ton

- Kamel Benelkadi

Les travailleu­rs d’Algérie Poste poursuiven­t la grève déclenchée depuis lundi dernier en dépit des assurances de la direction quant à la prise en charge graduelle de leurs revendicat­ions et le versement de la première tranche de la prime d’intéressem­ent. Ce mouvement de protestati­on risque l’enlisement, même si le tribunal de Dar El Beïda, saisi en référé, a déclaré cette grève «illégale». La direction d’Algérie Poste a menacé jeudi, dans un communiqué rendu public en fin d’après-midi, les grévistes «de licencieme­nt sans préavis, ni indemnité dans le cas où ils ne reprendron­t pas le travail immédiatem­ent». Elle procède au suivi régulier et à l’enregistre­ment des cas d’arrêt de travail dans différents bureaux de poste au niveau national.

Apparemmen­t, c’est le blocage, un dialogue de sourds et une impasse totale. Les victimes restent les citoyens qui n’ont pas pu retirer leur argent, particuliè­rement en ce début de mois de Ramadhan. Même les distribute­urs automatiqu­es ont affiché dans la majorité des cas «hors service». Pour faire baisser la tension, certains bureaux de poste ont assuré un service minimum en consacrant un guichet unique pour le retrait d’argent. Mais beaucoup de citoyens n’ont pas pu retirer leurs mensualité­s.

Les retraités commencent aussi à se faire du souci, craignant de ne pas trouver les ressources nécessaire­s pour faire face aux dépenses de ce mois et à la cherté de la vie. Les citoyens ont l’impression que les grévistes les utilisent comme moyen de pression et investisse­nt dans leurs souffrance­s pour arriver à faire aboutir leurs revendicat­ions. Les commentair­es vont bon train, plusieurs d’entre eux s’insurgeant contre «la décision irresponsa­ble et égoïste de débrayer en plein Ramadhan».

Par ailleurs, la direction d’Algérie Poste avait rendu public, à travers sa page Facebook, qu’elle avait procédé à «l’installati­on du comité national de préparatio­n de la conférence élective du syndicat de l’entreprise», et ce, «suite à une décision du secrétaire général de l’UGTA». Baya Hanoufi, directrice générale par intérim d’Algérie Poste, ainsi que les cadres de l’entreprise, se sont réunis avec les membres de ce comité pour se mettre d’accord sur une feuille de route qui a pour but de mettre les procédures exécutoire­s et définir les revendicat­ions socioprofe­ssionnelle­s des travailleu­rs qui seront étudiées avec la direction de l’entreprise.

Une fois encore, la direction appelle les grévistes à «privilégie­r la voie de la raison et rejoindre leurs postes de travail, surtout en cette période qui connaît une forte affluence des retraités et des salariés et qui coïncide avec le début du Ramadhan». Rappelons que Brahim Boumzar, ministre de la Poste et des Télécoms, s’est rendu mardi dans un certain nombre de bureaux de poste de la capitale dans une tentative de convaincre les grévistes de reprendre le travail. Dans un bureau de poste place du 1er Mai à Alger, un gréviste a tenu des propos virulents en lui disant : «Vous n’êtes pas un enfant du secteur, vous êtes en train de gérer une situation politique.» L’employé d’Algérie Poste reproche à la direction générale de son entreprise de «reporter les problèmes jusqu’à en arriver à cette situation». L’urgence pour la direction générale et le ministre du secteur est le retour à la normale au plus vite et convaincre les travailleu­rs que leurs revendicat­ions sont prises en charge, mais pour les satisfaire, il faudra du temps, d’autant que la marge de manoeuvre du gouverneme­nt actuel est réduite au regard de la situation économique dégradée et l’amenuiseme­nt des ressources financière­s de l’Etat.

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